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Un appel à me donner à l’Eglise

Publié par jeunescathos le 6 juin 2011 - Journée mondiale de prière pour les vocations, Vocations

Célébration au Carmel de la Paix

Célébration au Carmel de la Paix

Julie, novice au Carmel de la Paix à Mazille, partage avec nous sa vie dans la communauté.

Qu’est-ce qui m’a pris d´entrer au Carmel ? Qu’est-ce que j’y vis ? Difficile d’en parler, surtout que la vie monastique tente plutôt de vivre que de dire. Alors ce sera une esquisse, qui, j’espère éclairera un peu de l’essentiel d’une démarche, appelée, pour devenir témoignage véritable, à s’enraciner dans une fidélité à la dimension d’une vie :

Il y a eu un jour une rencontre, dans un endroit très profond et léger à l’intérieur de moi-même, que je ne connaissais pas. Cela a été un moment de paix et de joie exceptionnellement intense et l’évidence instantanée que Celui qui m’avait rencontrée là était Jésus.

A partir de ce moment-là, ma vie ne pouvait plus rester la même. Il fallait que je le retrouve, en lisant Sa parole, il fallait aussi que je rejoigne la communauté des croyants. Il y avait comme un appel à me donner à l´Eglise.

En découvrant les soeurs ici, j’ai été très attirée : il y avait une telle cohésion entre elles dans la liturgie, mais aussi dans le travail ! Je me rappelle le premier travail partagé, il s’agissait de faire la chaîne en se passant des seaux remplis de cailloux. Tout fonctionnait dans le silence et les sourires, les « maillons »  que nous formions – les soeurs et les hôtes – étaient mêlés, sans distinction, tous frères oeuvrant à la même tâche. Cela réveillait mon grand désir de fraternité universelle. Et puis ensuite, l’oraison. Encore du silence, nous reliant tous, dans une grande liberté, un vaste espace de respiration, de remise à nu de ce désir de rechercher le Christ, de me rendre disponible à Lui, Sa parole, Sa présence.

Et me voilà donc à franchir la clôture, à faire le grand saut dans l’inconnu, après quelques retraites à l’hôtellerie tout de même.

Même les combats intérieurs peuvent devenir lieux de mission

Carmel de la Paix en hiver

Carmel de la Paix en hiver

Aujourd’hui, au bout de quatre ans, je perçois mieux combien cette vie religieuse est faite d’intimité souterraine, à travers le silence, avec Celui qui me sauve ; combien aussi je me connaissais mal avant d’entrer : il y a beaucoup de limites à accepter en moi afin de pouvoir accepter celles de mes soeurs, et le chemin de fraternité et d´unité se fait dans la pauvreté de s’apercevoir qu’on n’est, qu’on n’aime, que par la miséricorde de Dieu.

Je goûte toujours plus aussi à ce mystère de « la mission dans quelques mètres carré »: en effet, les cinq pains et les deux poissons que je Lui donne, Il peut les multiplier, Il nous en donne des signes par moments. Oui, moi qui pensais que prier, c’était rester le plus possible dans l’église ou dans mon ermitage en veilleur agenouillé, j’apprends aussi que se donner gratuitement dans le service des autres, avec une disponibilité et dans une obéissance joyeuse, c’est déjà prier. Que même les combats intérieurs peuvent devenir lieux de mission, conversion en solidarité avec tant d´autres affrontés au même mal à une autre échelle.  Ainsi, plus encore qu’un « être pour », c’est un « être avec » que j’éprouve, solidarité intense.

La vie fraternelle est au coeur de notre vie : lieu de vérification de la prière, façonnement de ce que je suis appelée à devenir par « frottement » avec les autres, mais aussi cohésion d’un corps qui reflète si bien la diversité de la palette humaine et qui manifeste qu’il est tout de même possible de vivre ensemble ! Y-a-t-il plus beau projet politique, (économique aussi, de la production agricole à la consommation, pour l´hôtellerie et la communauté, dans un rapport de partage fondé sur le don gratuit) ? Y-a-t-il plus beau signe à offrir à notre monde ?

Finalement, je découvre, à travers les grands auteurs du Carmel et l’expérience communautaire, que ce chemin est celui de la foi, celui aussi d’un apprentissage de l´amour dans des réajustements constants à l’autre, celui enfin d’une espérance en un au-delà du temps et de l’espace, un toujours « en avant » de nous.

 

Julie, novice au Carmel de la PaixJulie Dousteyssier, entrée à 26 ans au Carmel de la Paix à Mazille, après avoir enseigné l’histoire et la géographie dans un collège de banlieue en région parisienne. Une phrase qui m’aide à mieux saisir ce qu’est cette aventure à la suite du Christ : « C’est quand la réponse se formule que nous entendons le mieux l´appel qui l’implorait. »  A. Gesché, Le Christ, Cerf, p.111

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Commentaires

A toi la parole.

  1. Céline says: juin 12, 2011

    Merci pour ce beau témoignage plein d’espérance… témoignage qui appelle à ne pas avoir peur de se donner entièrement au Christ !

  2. François - Jeunes cathos blog says: juillet 15, 2011

    J’ai un ami qui pense avoir été appelé à devenir prêtre mais il ne se sent pas le courage de passer le pas, que me conseillez vous. Il dit qu’il ne se sent même le courage de faire une année propédeutique.

  3. la-petite-rien-du-tout says: août 16, 2011

    Salut et paix
    Pas de courage pour faire un pas vers ce qui pourrait peut-être le happer? Ton ami est tout à fait normal! Personne ne peut faire ce pas s’il n’est pas conscient, sûr, qu’il n’est sûrement pas capable de devenir prêtre ou moine! Quand on demande aux prêtres s’ils se sentent capables de l’être, ils disent non! Mais Dieu n’appellent que des humains qui sont toujours limités! Jésus aussi, sur terre, était limité, est-Il allé à Rome pour porter la Bonne Nouvelle?
    Que ton ami sache qu’il fait justement partie de ceux que Dieu appelle et qui ont conscience de la grandeur du travail qu’Il lui demande: ce sont ceux-là ses meilleurs serviteurs!
    Allez, un “coup de Saint Esprit” et il franchit la porte du service des vocations. On l’y accueillera mais on ne lui mettra pas le grappin dessus, il restera libre de sa décision au fil des années de séminaire. Dieu ne pèsera pas non plus sur sa décision finale, Il aime trop qu’on respecte Sa liberté!
    La prière de l’ermite vous accompagne tous deux

  4. Jo says: février 20, 2013

    Merci beaucoup pour ce témoignage, cela m’aide dans ma réflexion, à savoir déterminer comment vivre ma foi à l’avenir.
    Une amie m’a dit un jour qu’elle avait fait un rêve dont la substance était: Jésus a dit “Ecouter, comprendre, aimer”(…). Je n’ai jamais oublié.
    Dans l’amour donc.

    Jo(celyne)

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