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“Etre simplement là et donner ce que je suis”

Publié par jeunescathos le 30 juillet 2013 - Journal d'une jeune volontaire

Chaque mois, nous vous invitons à suivre Claire, volontaire au Tchad avec la DCC, à travers sa découverte du pays, du développement, ses joies et difficultés quotidiennes, ses questions…

Claire Je continue le chemin auprès de ces enfants de la rue, dont j’apprends à découvrir la vraie beauté jour après jour.

Les journées sont souvent bien remplies. En temps scolaire, les jeunes partent tous à l’école le matin au village. La plupart d’entre eux n’ont pas suivi une scolarité normale jusque-là. Dans les classes, on dénombre en général entre 60 et 12 élèves dans les écoles publiques. Je vous laisse imaginer le suivi individuel de chaque élève !

Chaque après-midi, nous organisons des cours de soutien pour les jeunes. Moïse, un ancien du centre maintenant réintégré, vient nous aider dans cette tâche et en échange, on le paye un peu. Il est en seconde et a besoin d’argent pour sa location de case, sa nourriture, ses cahiers et un peu de savon. C’est avec joie qu’il fait les 7 km qui séparent sa case du centre à pied pour venir aider les petits. Il me dit souvent qu’il n’en serait jamais là sans le centre, c’est une manière de pouvoir redonner un peu de ce qu’il a reçu ici.

Je suis allée visiter sa maman. Le papa est mort il y a peu, décédé suite à des complications liées à des hémorroïdes, aucun argent pour le soigner. Ça fait drôle d’entendre ça. Toutes les économies y sont passées mais ça n’a pas suffi. Dans la conversation, je demande à la maman de Moïse combien de fois par semaine elle arrive à préparer quelque chose à manger pour ses enfants, me doutant que c’est bien loin d’être tous les jours. Elle ne me répond pas, restant très digne. Elle aurait pu amplifier sa misère sachant qu’elle avait devant elle quelqu’un susceptible de l’aider. Je me rends compte petit à petit que les vrais pauvres ne demandent pas. St Vincent de Paul disait « C’est votre sourire qui aidera le pauvre à accepter ce que vous lui donnez » Je comprends mieux. J’apprends. Finalement, après avoir bien échangé avec elle sur des choses toute simple de la vie, des choses sur lesquelles nous ne sommes pas « séparées », je suis revenue avec une personne d’une association, et nous avons pu lui donner ce qu’il fallait pour recommencer son commerce (cela correspond à peu près à 20€), afin de subvenir aux besoins familiaux.

ClasseLe recul est indispensable pour vivre au mieux tout cela, même si c’est loin d’être toujours simple. Un dimanche, deux jeunes que je connais bien viennent me voir après la messe. Ils ont besoin d’aide en maths. On s’assoit, on discute, on partage, on rit. Puis je leur explique ce qu’ils n’ont pas saisi. La fin de matinée approche. Midi sonne. On m’appelle pour aller déjeuner. C’est l’heure… L’heure pour l’inégalité de reprendre sa course, elle qui s’était arrêtée pour une poignée de minutes devant les rires et les échanges gratuits. Je les laisse à leur vie, sachant qu’ils ne mangeront pas aujourd’hui. Peut-être pas demain non plus. Je vais déjeuner, ils repartent, heureux et me remerciant, m’offrant leur sourire étincelant de lumière.

Ces différences, ces inégalités, nous y sommes tous confrontés. Elles peuvent briser notre élan. Ici, ma réponse à ce « sans réponse », c’est de prendre les choses comme elles sont en me mettant au service de ces enfants de la rue et de toutes ces personnes, avec mon propre préfabriqué et le bel héritage que j’ai reçu. Et à partir de ça et dans la Foi, être simplement là et donner ce que je suis.

Claire Meslot, WIR Jeunes professionnels

 

 

Claire

 

 

Liens utiles

L’interview de Claire sur RCF Besançon, juste avant son départ
Les nouvelles du foyer Balimba où Claire est en mission
Le site de la Délégation Catholique pour la Coopération
Le journal d’une jeune volontaire

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