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Noël à Bethléem

Publié par jeunescathos le 26 décembre 2013 - Avent et Noël, Chronique de Terre Sainte, Événements

24 décembre, 17h. Je rejoins un groupe sous les arches de la porte de Sion, au sud de la vieille ville de Jérusalem. Emmenés par Corentin, volontaire belge au service de personnes handicapées et Anne Laure, volontaire française à l’hôpital Saint-Louis, nous marchons à travers les faubourgs de Jérusalem jusqu’à Bethléem.

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Alain PINOGES/CIRIC

« Transeamus usque Bethléem !  » (« Allons jusqu’à Bethléem !  »)
Parole des bergers dans Luc 2, 15 chantées lors de la nuit de Noël à Bethléem.

Distantes d’à peine 8 km aujourd’hui entièrement urbanisés, les deux villes de Juda sont cependant séparées par le mur de séparation des territoires. Après deux heures de marche, nous passons sans encombres le check point, et notre groupe se divise : certains se rendent au Champ des bergers où les messes se succèdent pendant une bonne partie de la nuit, d’autres se joignent aux moniales melkites de l’Emmanuel. Avec quelques amis, je vais réveillonner dans un restaurant arabe au pied du musée du mur, cet ensemble de fresques peintes sur le dur et triste béton.

Place de la Mangeoire

AFP/Abbas Momani

AFP/Abbas Momani

Nous gagnons ensuite la place de la Mangeoire, en face de la basilique de la Nativité, où les foules se pressent depuis le début de la journée et où se succèdent parades scoutes, lâchers de ballons, processions et chants de Noël.

L’heure approche et c’est maintenant : nous entrons dans la basilique Sainte-Catherine, qui jouxte la basilique de la Nativité, où nous retrouvons le chœur de la Custodie avec qui nous répétons depuis octobre pour cette nuit de fête. La procession s’élance.

Devant une assemblée de diplomates, de touristes, d’arabes chrétiens et musulmans, le Patriarche monte à l’autel pour l’office des lectures. Après Isaïe et l’admirable homélie de Noël de Saint-Léon le grand, un franciscain proclame le martyrologe du jour :

« Toto orbe in pace composito, Iesus Christus, aetrenus Deus aeternique Patris filius, mundum volens adventu suo piissimo consecrare, de Spiritu Sancto conceptus, novemque post conceptionem decursis mensibus, HIC, in Betheem Iudae nascitur ex Maria Virgine factus homo. »

« Tout l’univers reposant en paix, Jésus Christ, voulant sanctifier le monde par Son miséricordieux avènement, ayant été conçu du Saint Esprit, et neuf mois s’étant écoulés depuis Sa conception, naît ICI à Bethléem de Judée, fait homme de la Vierge Marie. »  Martyrologe romain du 25 décembre.

Le choeur de la Custodie pour la messe de Noël en la basilique de la Nativité

Le choeur de la Custodie pour la messe de Noël en la basilique de la Nativité

La prière de Noël

Mgr Fouad Twal et le président Mahmoud Abbas

Mgr Fouad Twal et le président Mahmoud Abbas

Le Patriarche peut alors annoncer le Gloria et encenser l’enfant Jésus qu’il vient de déposer au pied de l’autel, tandis que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas fait son apparition et vient s’assoir au premier rang, entre le Consul de France et Catherine Ashton, haute représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères, pour assister au début de la messe de Noël. Toute la joie qui croissait graduellement depuis quelques jours éclate dans les louanges ferventes qui résonnent sous les voutes de Sainte-Catherine. La joie de ce lieu est étonnante, car c’est de lèvres vraiment inquiètes qu’elle s’élève.

Dans son homélie, le patriarche latin de Jérusalem, Mgr Fouad Twal, rappelle que « la nuit de Noël a été dramatique pour la Sainte Famille qui n’a pas trouvé de place pour l’auberge. » C’est ensuite un profond appel à la prière pour les dirigeants du Moyen-Orient et pour la Paix qu’il adresse à l’assemblée : devant les franciscains de la Custodie qui y ont de nombreux frères et les fidèles qui y connaissent presque tous un ami ou un frère, le Patriarche appelle à prier de tout cœur pour la Paix en Syrie.

Devant les nombreux Philippins, présents en masse dans le pays où ils sont souvent employés de maison chez les Israéliens, il invite à faire mémoire des victimes du typhon et à prier pour le pays.

C’est en fait une prédiction toute simple, exhortation à la fidélité à la prière et au pays au cœur de « la longue nuit que vit le monde. » C’est aussi et déjà une prière toute simple déposée aux pieds du Sauveur : « Ô Enfant de Bethléem, nous sommes fatigués ! » « Ô divin Enfant jette un regard de bonté sur la Terre Sainte ! » « Ô divin Enfant, nous Te demandons la Paix par l’intercession de de la Sainte Vierge Marie, fille de notre Terre ! » C’est sur « le message du Salut parti de Bethléem » que peut se fonder sûrement cette prière, car « la paix est possible, la flamme de l’espérance restera vive, la paix et la réconciliation viendront. » Applaudi à la fin de son homélie, le Patriarche descend embrasser les représentants de l’Autorité palestinienne qui se retirent ensuite, ne pouvant pas selon leur foi assister à la prière eucharistique.

Dans la grotte de la Nativité

WeihnachtenLa messe se poursuit cependant dans la joie. Après la bénédiction, tandis que le chœur chante à plein poumons une version latinisée des Anges dans nos campagnes, le Patriarche, portant l’enfant Jésus et précédé de la longue procession des concélébrants, passe la petite porte qui sépare la basilique catholique de la basilique grecque orthodoxe où se trouve la grotte de la Nativité.

Il y « couche le fils premier né dans une mangeoire » (Luc 2, 7) et se recueille quelques instants. C’est ensuite une foule considérable qui se presse dans la crypte de la grotte où les messes de l’aurore se succèdent pendant toute la nuit. Après avoir assisté à l’une d’entre elle et salué d’un Joyeux Noël tous les passants, nous prenons un taxi jusqu’au check point puis un bus jusqu’à Jérusalem.

Et le Verbe s’est fait chair

La joie s’efface progressivement sur le trajet, de la bouillonnante Bethléem, seule ville illuminée en ces jours, à Jérusalem qui ignore encore la venue de Son Messie et s’endort comme chaque jour dans sa drôle de paix. Pour nous, c’est dans la reconnaissance et l’attente de la prochaine venue de Notre Seigneur, dans la joie de Noël que nous allons nous reposer, quia vidimus hoc verbum quod factum est (“Parce que nous avons vu ce qui s’est passé”).

Charles 2

Charles

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