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« Chrétiens et musulmans en Centrafrique sont victimes d’un conflit qui les dépasse »

Publié par jeunescathos le 31 décembre 2013 - Engagements, Interreligieux, Société

Alors qu’une ambiance explosive continue de régner en Centrafrique en ce début d’année, Anne-Sophie, volontaire DCC (Délégation Catholique pour la Coopération) en Centrafrique de 2004 à 2007 en tant que directrice de l’école catholique, nous donne son regard sur le pays, avec ses inquiétudes mais aussi ses espoirs.

Enfants musulmans de l'écoleJe me souviens avoir été très touchée par les condoléances de mes amis musulmans, lors du décès du pape Jean-Paul II en 2005. J’avais été invitée à un mariage musulman dans le quartier.

Pendant mon séjour là-bas, je n’ai jamais vu de problèmes entre chrétiens et musulmans. Les chrétiens (catholiques ou protestants) s’occupaient des œuvres sociales (éducation, santé, promotion féminine…) et les musulmans tenaient les commerces.

Chrétiens et musulmans vivaient ensemble

A l’école, j’accueillais des enfants musulmans (de 10 à 20% par classe). Ils acceptaient l’identité catholique de l’école : prière du Notre Père et signe de croix tous les matins avant de commencer la journée et ils m’offraient des cadeaux le jour de l’Aïd.

Classe CE1Je leur faisais volontiers appel pour commander des marchandises nécessaires à l’école (tissu pour les uniformes des élèves, fournitures scolaires, etc.) difficiles à trouver dans la ville.

On parle aujourd’hui d’un conflit interreligieux entre 20% de musulmans et 80% de chrétiens. En réalité, 15% sont musulmans, 45% catholiques et protestants baptisés, et 40% restant sont de religions traditionnelles, animistes ou d’églises parallèles.

Les chrétiens et musulmans que j’ai connus sont actuellement victimes d’un conflit qui les dépassent, qu’ils subissent et dont ils ne sont pas du tout acteurs.

Une situation plus qu’alarmante

Cases de village ou quartierD’un côté, au pouvoir après le coup d’état, les Sélékas, musulmans à majorité tchadienne et soudanaise, plutôt extrémistes ; de l’autre, des milices organisées et armées qui ne veulent pas que leur pays devienne islamiste.

En représailles aux exactions des Sélékas, ils s’en prennent à tous les musulmans sans distinction (notamment aux peuls, par exemple, ethnie nomade gardienne de troupeaux, qui sont extérieurs au conflit).

Cela devient insoluble.

Les nouvelles que je reçois sont très mauvaises et inquiétantes. La situation sanitaire est alarmante. Les civils sont en danger permanent.

Je suis fière de mon pays, la France, qui a décidé d’intervenir pour aider la Centrafrique. Ce pays est peu ou mal connu des français. Il n’y a pas beaucoup d’échanges associatifs ou de parrainages existants. Pourtant, c’est un pays tellement attachant.

Chutes Boali PanoramaLa Centrafrique est un pays magnifique, avec des paysages superbes (cascades, fleuves, collines, forêt équatoriale…). Malheureusement, il est enclavé, sans accès à la mer. Il est donc dépendant des autres pays. D’une densité très faible (4.5 millions d’habitants sur un territoire 1.5 fois plus grand que la France), il a souvent été instrumentalisé par des puissances extérieures.

L’archevêque et l’imam, signe de paix

L'archévêque et l'imam ensemble comme signe de paix

L’archévêque et l’imam ensemble comme signe de paix

Il y a cependant de beaux signes d’espérance lorsque Mgr Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, et l’imam Oumar Kobine Layama, président de la Communauté islamique centrafricaine, se rendent ensemble dans les camps de déplacés et dans les quartiers, pour exhorter la population à ne pas céder à l’esprit de vengeance et de violence.

Lorsqu’on voit la même chose à Bossangoa, ville du nord du pays, très touchée par la rébellion.

Prions et espérons pour que ce dialogue constant ne cesse jamais.

Le peuple centrafricain est heureux de l’arrivée des Français. Ils n’y arriveront malheureusement pas tous seuls.

Prions et espérons que d’autres forces viennent les rejoindre de manière la plus pacifique possible.

vignette Anne-SophieAnne-Sophie a vécu en Centrafrique trois ans de septembre 2004 à juillet 2007 en tant que volontaire de la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération), puis y est retournée un mois en juillet 2009 et une semaine en octobre 2012, cinq mois avant le coup d’état de mars 2013. 

Pendant son temps de coopération, elle était directrice d’une école primaire, l’école catholique associée St Joseph, dans la ville de Bouar, au Nord-Ouest du pays.

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