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Benoît Labre, à l’honneur du prix international de la BD chrétienne 2014

Publié par jeunescathos le 15 janvier 2014 - Culture & Médias, Vocations

Le prix international de la bande dessinée chrétienne 2014 est décerné à l’album « Quelques écorces d’orange amère, une vie de Benoît Labre ». Rencontre avec son auteur, le p. Christophe Hadevis, prêtre du diocèse d’Autun en mission à Vannes et de la Communauté de l’Emmanuel.

 

p.Christophe HadevisPourquoi avoir choisi ce thème, la vie de Benoît Labre ? Que signifie-t-il pour vous ?

A travers la vie de Benoît Labre, j’ai voulu montrer que Dieu n’est pas toujours là où on l’attend, et pour le trouver, il faut se mettre en chemin. Benoît Labre doit renoncer à rejoindre une communauté religieuse, refusé à plusieurs reprises des monastères. Il mène une vie austère, de vagabond, dans la misère.

On prend souvent notre vocation comme un but, mais c’est un chemin. On ne comprend pas toujours là où Dieu nous mène. Mais quelle que soit notre vocation, ce qui compte, c’est de cheminer avec le Seigneur et de se laisser mener par Dieu : « Mes chemins ne sont pas vos chemins » (Isaïe 55, 8). Il y a toujours une part de mystère. Comme un enfant tient la main de son père sans savoir où il le conduit, Benoît Labre, le méprisé de la société, a confiance en son Père.

Avez-vous du faire des choix éditoriaux sur la vie de Benoît Labre ?

BD-benoit-labre-angoulêmeJe ne prétends surtout pas avoir raconté ‘La’ vie de Benoît Labre, comme son nom l’indique, il s’agit d’ ‘une’ vie. En 46 planches de bande dessinée, on est obligé de faire un choix. Je suis resté dans les faits les plus historiquement véridiques, sans trop parler des miracles relatés par les témoignages. D’ailleurs, à part deux lettres à ses parents, dont celle qui figure en quatrième de couverture, il n’a rien écrit lui-même.

La bande dessinée ne dit pas tout mais c’est comme la bande-annonce d’un film : elle interpelle et invite ainsi à aller plus loin. Au premier abord, on peut se demander « Mais au fait, pourquoi ce gars est saint ? ». Labre, pour moi, c’était aussi celui ou celle qu’on ne voit pas ou qu’on ne veut pas voir et qui me pousse secrètement à réfléchir à ma vie et à ce que j’en fais. Quand on voit un SDF dans la rue, cela nous interroge sur notre vie. Voir quelqu’un qui, aux yeux des hommes, n’a pas réussi, permet de nous interroger ‘qu’est-ce qu’une vie réussie ?’

Comment cela peut nous rejoindre dans nos vies ?

En tant que baptisés, nous sommes tous « saint, prophète et roi ». Chacun d’entre nous, nous avons quelque chose à dire par notre vie, que personne n’a encore dit et ne dira de nouveau, ou bien, en tout cas, pas de la même manière.  Dieu se sert de nous pour dire quelque chose à une époque donnée à nos contemporains.

Parfois, le résultat n’est pas à la mesure de nos espérances. Peu importe si on ne touche pas des centaines de gens. « Celui qui a sauvé une seule personne a sauvé l’humanité », dit le talmud juif. Si je suis devenu prêtre pour sauver une seule personne, alors, c’est que Dieu avait besoin de moi pour sauver cette personne.

Il ne faut pas hésiter à communiquer ce que le Seigneur fait à travers nous, à mettre à profit nos talents. Il ne faut pas avoir peur d’inventer, d’être créatif, d’exprimer tout ce qu’on est ! L’important est de dire Dieu par sa vie, avec le canal que nous sommes.

Le titre « Quelques écorces d’orange amère » est à l’image du personnage.

benoit labreTout à fait. Ce titre reflète à la fois la terrible amertume de la vie de Benoît Labre : d’ailleurs, s’il mangeait ces fruits extrêmement amers, c’était en pénitence. Mais orange, c’est aussi la couleur du soleil : Benoît Labre était un grand adorateur, dont le rayonnement s’est répandu à travers de nombreux miracles révélés après sa mort. De l’extérieur, on pouvait avoir l’impression d’une ‘écorce’, sèche, rugueuse, mais on ne voyait pas l’intérieur de son âme, cette sève au-delà de l’écorce, qui était assez extraordinaire.

Les couleurs sont elles-mêmes un mélange d’ombre et de lumière… Le dessinateur, Erwan Le Saëc et la coloriste, Tatiana Domas ont choisi dès le départ de dessiner sur des planches déjà teintées.

Comment recevez-vous le prix qui vous est aujourd’hui décerné ?

Je n‘aurais jamais imaginé qu’avec le récit d’une telle vie, ma bande dessinée aurait pu être primée ! « Il faut mieux être aimé qu’honoré », disait Aristote. Mais bien sûr, je suis content. Je reçois ce prix avec gratitude car c’est une reconnaissance du travail accompli. Avec un saint comme Benoît Labre, ce ne peut être qu’un clin d’œil de Dieu, qui continue à nous montrer que « les derniers seront les premiers » !

Propos recueillis par Marie Benêteau

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