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Accueil Ozanam : expérience de solidarité

Publié par jeunescathos le 20 mai 2014 - A la Une, Engagements, Société, Vie de l'Eglise

Virginie est bénévole à l’accueil Ozanam de la société Saint-Vincent de Paul. Elle nous partage qui sont les personnes qu’elle rencontre et ce que ce service lui apporte dans sa vie.

Frédéric Ozanam

Frédéric Ozanam

Ozanam, qui porte le nom du bienheureux Frédéric Ozanam, créateur de la Société de St Vincent de Paul, est un lieu d’accueil pour les personnes en difficultés, particulièrement pour les personnes sans domicile fixe ou en grande précarité. Situé sous l’église de la Madeleine, l’accueil Ozanam ouvre ses portes tous les jours et tous les week-ends et permet aux accueillis de bénéficier du vestiaire, prendre une douche, faire une lessive, partager un café / thé. Plusieurs équipes se relaient pour assurer les différentes permanences et celles du week-end sont confiées aux jeunes. J’y suis présente le premier dimanche matin de chaque mois.

Qui sont ces accueillis ?

Ces personnes sont des hommes et des femmes aux multiples visages : certains sont jeunes – à peine sortis de l’adolescence, d’autres jeunes adultes ou pour d’autres encore déjà âgés, et tous avec un trait commun, celui de la souffrance.

En effet, chacune de ces personnes porte en elle son histoire, son lieu d’origine. Parfois il s’agit de Paris ou bien d’un pays lointain : le Mali, la Pologne, l’Algérie, l’Iraq, l’Arménie, l’Egypte, la Syrie, la Russie… Toutes ses personnes portent en elles d’éprouvantes traversées qu’elles soient géographiques ou qu’elles soient morales. Des traversées souvent arides et difficiles dans le flot de la vie : la fuite d’un pays sans avenir, un échec professionnel, une séparation, un isolement.

Souvent marqués physiquement, la plupart de ces personnes vivent dans la rue, ou bien dans des squats ou des centres d’hébergement collectif. Certaines d’entre elles travaillent mais la précarité ne leur permet généralement pas de « s’en sortir », comme l’expression le dit si bien.

S’en sortir, justement. Il est toujours bouleversant de voir le désir et le besoin de dignité qui animent ces personnes malgré leur quotidien féroce : oser sonner à l’accueil, entrer, franchir le seuil pour partager un temps de convivialité, pouvoir porter des vêtements propres et secs après une douche chaude, prendre un café ou un thé. C’est ce désir de vie, d’être debout dans les épreuves qui interpelle… tels des Christs qui ressuscitent avec leurs blessures.

“Je me suis laissée entraîner par sa confiance, son goût en la vie”

Je me souviens de cet homme venu me voir, me sortant parmi une foule de petits papiers la photo d’une peinture, et aussi le prospectus d’une médiathèque…. Il m’expliqua qu’il peignait et qu’il souhaitait demander à cette médiathèque d’exposer ses œuvres. N’ayant jamais appris à écrire, il m’avait demandé de lui prêter ma plume. Au départ, je n’ai guère cru à l’intérêt de sa demande et qu’elle puisse être concluante. Néanmoins, à force de discuter avec lui, je me suis laissée entraîner par sa confiance, son goût en la vie d’oser, d’être debout et j’ai pris une feuille blanche pour rédiger un courrier.

Pour d’autres personnes, venir dans un accueil est tellement éprouvant et difficile qu’il nous faut veiller à respecter leur gêne, parfois leur honte, et en chacun de ces visages, chercher à savoir qui ils sont, bien plus que d’où ils viennent ou ce qui les a amenés ici.

Bien sûr ces temps d’accueil sont bien éphémères dans leur journée à vaincre le froid, demander la petite pièce qui leur permettra de s’acheter un pain, un fruit, un savon… Vivre le rejet, la solitude…

Mais c’est aussi des moments de joie, certes fragiles mais qui témoignent de la lueur de l’aurore après la nuit.

Quelle joie en effet de voir que ces temps d’accueil sont aussi des temps de convivialité, d’échange, ou le moyen de répondre à un besoin vital : se laver, s’habiller, se réchauffer le corps, le cœur.

Alors qui sont ces accueillis ? Pour sûr, des frères, mais aussi des Christs ressuscités avec leurs côtés percés, leur visages fatigués, leurs mains labourés par la croix.

Pour moi, que m’apporte ce service ?

Crédits : Ciric - Corinne Simon

Crédits : Ciric – Corinne Simon

A travers ce temps donné, ce service m’invite à voir le Christ en ces personnes accueillies, à voir le ferment de vie et de résurrection. Je reconnais qu’il n’est pas toujours évident de reconnaître ce visage familier du Christ dans tel ou tel, physiquement abîmé, pas lavé depuis plusieurs jours, parlant avec violence ou impatience. Et pourtant… Dieu fait homme nous a dit : « J’étais nu, j’étais étranger, j’avais faim, j’étais malade… ».

En plus de reconnaître les traces de Dieu dans cette altérité, c’est aussi pour moi l’occasion de me sentir humaine, capable d’entrer en relation, capable de m’ouvrir à l’autre, et chercher en lui une beauté, une saveur.

“Ozanam est aussi une école pour apprendre à demander”

Ozanam est aussi une école pour apprendre à demander, à expérimenter que le salut passe aussi par les autres. Apprendre à demander de l’aide ne m’est pas très naturel… et cette expérience d’Ozanam m’invite à apprendre à faire confiance – tout comme ces personnes nous font confiance, en la bonté, la beauté des autres et apprendre à se laisser aimer.

C’est encore l’apprentissage de la différence entre « rendre service » et « accueillir ». Cette disponibilité, ce temps donné, il est appelé à porter beaucoup plus de fruits quand il se concentre à accueillir en rendant service plutôt que l’inverse.

Cette dynamique, elle me porte aussi dans ma vie plus ordinaire, notamment au travail. En effet, j’apprends à donner plus de soin aux relations aux autres, à mes collègues, mes clients plutôt qu’à me concentrer uniquement sur la tâche, l’objectif à atteindre.

Enfin, ce service transmet beaucoup de joie et d’espérance.

Espérance de voir que malgré un individualisme grandissant dans nos sociétés, et l’accroissement des situations de précarité, cette solidarité s’organise et reste fidèle.

Oui, espérance de voir des personnes âgées, des plus jeunes donner de leur temps, de ce qu’ils sont à d’autres, gratuitement.

Joie aussi de vivre ce temps en équipe où chacun occupe sa place, son rôle, veille à ce que chacun passe un bon moment.

Joie de voir ces personnes repartirent avec un sourire, une chaleur partagée.

Joie d’apprendre à demander, joie d’apprendre à donner, joie de recevoir.

 

VirginieVirginie

 

 

 

 Lire aussi :
Témoignage de Sophie, engagée au sein des conférences Saint-Vincent de Paul

 

L’association a été créée à l’initiative du comité des jeunes en 2000 entre les fondateurs : Société Saint-Vincent de Paul-Louise de Marillac, Conseil de Paris et l’association Entraide Sainte Madeleine.

Le but est l’accueil de jour de personnes en difficulté, en offrant des possibilités de douches, de lavage et de séchage de vêtements, de vestiaire donné, de distribution de vêtements neufs et plus généralement en apportant tout ce qui peut améliorer l’hygiène et le bien-être de ces personnes, pour permettre leur réinsertion dans la vie active.

Les accueillis sont des personnes en difficulté, ayant besoin des services offerts par l’Accueil Ozanam Madeleine (A.O.M.). Chaque personne est accueillie de manière égale, sans distinction d’âge, de sexe, d’origine ou de religion. Elle est écoutée par une équipe d’accueillants. Une collation (café, chocolat, viennoiseries) lui est offerte.

Les accueillis sont reçus à la demande d’un référent social, connu et identifié (Conférences de Saint-Vincent-de-Paul, Associations caritatives, organismes sociaux des Mairies de la Région parisienne). Chaque accueilli est, dans la mesure du possible, identifié à une personne, référent social, afin de disposer d’un contact direct en cas de besoin.

L’A.O.M. ne reçoit normalement que sur rendez-vous pris par les équipes d’accueil qui gèrent un fichier des accueillis. Une carte individuelle est remise à tous les accueillis, elle est tenue à jour à chaque rencontre.

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