Samba : interpellant, mais peu convaincant

Samba n’est vraisemblablement pas le film de l’année mais il a le mérite d’aborder un sujet peu exploité au cinéma, la vie des migrants sans-papiers en France.

Samba vit depuis dix ans en France sans avoir de papiers. Il travaille au noir en espérant avoir bientôt un titre de séjour. Il croise un jour la route d’Alice, bénévole dans une association d’entraide aux sans-papiers, elle-même tout juste remise d’un burn-out. Au travers de leur rencontre, on entrevoit la vie – et parfois même survie – de Samba.

Le film Samba surfe un peu – trop parfois – sur les clichés. On croit difficilement à cette histoire d’amour entre un migrant en situation irrégulière et une jeune femme d’un milieu très aisé, si loin de la réalité de Samba. Mais on se laisse pourtant quelque peu séduire par le personnage.

Samba est migrant originaire du Sénégal, c’est avant tout un homme, un jeune homme qui a envie de vivre et qui a du mal à accepter sa vie, ce sursis de vie, en attendant d’avoir une situation régulière en France.

Ce film aborde tour à tour plusieurs aspects de sa vie qui nous font prendre conscience de la dureté de l’existence des migrants sans-papiers : le travail au noir, pour commencer, qui leur permet de survivre en attendant, mais qui fait aussi perdurer un réseau criminel et les met en situation plus que précaire. Ils sont à l’entière merci de leur employeur. Ils sont aussi à la merci de la police qui en traquant le travail au noir met parfois leur vie en danger dans des contrôles d’identité un peu musclés sur les chantiers.

La peur aussi qui est partie intégrante de leur vie, assortie d’une grande solitude. La peur d’être arrêté et renvoyé au pays. La peur de perdre leur emploi, durement trouvé. La peur de décevoir la famille restée au pays. Une famille qu’on imagine très présente, bien que lointaine géographiquement. Samba est là pour envoyer de l’argent à sa famille. Pas le temps de le dépenser qu’il doit déjà penser à l’envoyer.

Derrière peut-être trop de bons sentiments et un scénario plus que bancal, Samba nous interpelle tout de même, en filigrane, sur notre vision de l’immigration, sur l’accueil que nous offrons à l’Autre, à l’étranger, sur l’accueil que leur offre notre pays avec des conditions de vie plus que précaires et parfois si loin de cette “vie meilleure” qu’il est venu chercher et à laquelle finalement nous aspirons tous.

Hélène Pinazo

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