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Les aumôneries catholiques, un point de rencontre interculturel ?

Publié par jeunescathos le 4 juin 2015 - A la Une, Interreligieux, Vie de l'Eglise

L’aumônerie catholique « Sous le figuier » sur le campus de Marne-la-Vallée a toujours vécu la rencontre fraternelle des cultures et des religions. Eliette, 22 ans, en 2ème année de l’Ecole des Ponts ParisTech et Thierry, 27 ans, Sénégalais, en 3ème année d’Histoire contemporaine, sont intervenus au colloque du Collège des Bernardins “Evangélisation en quartier populaire” le 30 mai 2015.

Faire tomber l’indifférence

Eliette et Devarajan (indien) qui a été baptisé le 12 Avril 2015, à l'aumônerie du Figuier

Eliette et Devarajan (indien) qui a été baptisé le 12 Avril 2015, à l’aumônerie du Figuier

Lorsque je suis arrivée à l’aumônerie du Figuier, je suis un peu arrivée comme une bonne petite Française catholique sortant de sa prépa et venant chercher des temps de prière, des temps forts, une formation spirituelle. Enfin, bref, je viens chercher ce que je connaissais déjà dans d’autres aumôneries, qui étaient absolument géniales mais où, on était beaucoup entre gaulois. Et tout à coup au Figuier, je découvre un lieu avec des étudiants sénégalais, camerounais, congolais, haïtiens, péruviens…

“Petit à petit, je me suis laissée touchée par la rencontre avec les uns et les autres”

Et paradoxalement, alors que soudain il m’était donné de baigner dans ce milieu culturellement incroyable, j’ai mis un peu de temps à saisir ce que cela m’apportait. Sûrement parce que justement, au fond de moi, je n’étais pas convaincue de ce que ça pouvait m’apporter. Parce que comme je le disais, je venais chercher quelque chose plutôt de l’ordre d’une foi intellectuelle. Mais petit à petit, je me suis laissée touchée par la rencontre avec les uns et les autres. Et notamment de différentes cultures. Et ce que j’ai peut-être enfin saisi, c’est que l’interculturel, ce n’est pas juste découvrir les us et coutumes ou le plat traditionnel d’un pays. Cela ne peut pas rester superficiel. Il faut créer des occasions de se découvrir et comprendre mutuellement, profondément. Le Figuier est un lieu génial pour ça. Parce qu’il crée des occasions d’échanger.

Nous avons pu par exemple échanger des mercredis soir sur la famille musulmane et la famille chrétienne, sur l’Amour à travers notamment le témoignage de Gaëlle qui est Camerounaise. Et c’était passionnant de l’entendre. Ou encore un étudiant haïtien Jean-Erald nous parlait des rapports ambigüs entre catholicisme et vaudouisme dans son pays.

“En deux ans, j’ai fait tomber beaucoup de préjugés en moi”

Eliette avec son sweat du Figuier lors de l'opération "10 millions d'étoiles" du Secours catholique

Eliette avec son sweat du Figuier lors de l’opération “10 millions d’étoiles” du Secours catholique

A travers ces rencontres, je me suis rendue compte qu’en deux ans j’avais fait tomber beaucoup de préjugés en moi. Des préjugés que je ne soupçonnais pas forcément par ailleurs. Cette année par exemple nous avons deux étudiants musulmans, Talla qui vient du Sénégal et Mohamed d’Algérie. Et en fait, j’ai été surprise de leur incroyable gentillesse à tous les deux.

Talla quand il vous parle, on a envie de laisser tomber toute tension, tout énervement en soi tellement il vous parle avec douceur et sincérité. Pourtant, je le répétais souvent, le discours selon lequel l’Islam ne doit pas être amalgamé avec la violence et la dureté. Mais le fait d’avoir été surprise par la douceur et joie de ces gars me fait dire que ça ne devait pas être si clair en moi cette idée là. Il y a des choses qu’on croit acquises et qu’on ne comprend finalement qu’à travers la rencontre. Il faut que les idées s’incarnent dans votre prochain. C’est un peu comme dans les Actes des apôtres, Pierre qui ne saisira qu’après avoir rencontré et demeuré chez Corneille (un romain alors mal vu par les juifs) ce que Dieu lui soufflait et il s’exclame alors : «  En vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ». Il lui a fallu passer par la rencontre comme il m’a fallu à moi passer par la rencontre pour comprendre cela.

“Je découvre combien la rencontre est exigeante et demande de se décentrer”

Plus encore, je dirai que je découvre chaque jour combien la rencontre peut être exigeante et surtout combien elle demande à aller au-delà de soi, à se décentrer. J’échangeais par textos il y a quelques temps avec un ami congolais de l’aumônerie, Emmanuel et je lui demandais machinalement comment ça allait. Et voilà qu’il me répond : « Pas trop bien, ce qui se passe dans mon pays m’inquiète ». Paf. Soudain je me suis sentie profondément démunie face à ce qu’il vivait. Ce qui parait si loin est soudain si proche parce que c’est votre voisin, votre ami qui le vit. Je n’avais rien à lui offrir, rien à lui dire pour le consoler, si ce n’est mes pensées et prières et reconnaître que non, je n’étais pas indifférente à ce qu’il vivait. C’est ce genre de moments qui font tomber l’indifférence en nous… qui ont fait tomber l’indifférence en moi en tout cas.

Bref, ces deux ans au Figuier et l’interculturalité qui s’y vit m’ont vraiment aidée à faire passer la foi de quelque chose d’intellectuel à quelque chose qui passe beaucoup plus par le sensible, par l’autre, par l’accueil de ce qu’il est, par la rencontre. Dieu est un Dieu incarné !

Eliette, 22 ans, en 2ème année de l’Ecole des Ponts et Chaussés ParisTech

“Appartenir à l’Eglise universelle”

Thierry lors de l'opération "10 millions d'étoiles" du Secours catholique

Thierry lors de l’opération “10 millions d’étoiles” du Secours catholique

Je m’appelle Thierry, je suis Sénégalais et je suis arrivé en France en novembre 2013, je suis étudiant à l’université de Marne la Vallée où je fais parti d’une aumônerie nommée « Sous le Figuier ». Je passais tous les jours devant mais je n’osais pas y entrer, alors c’est un ami prêtre qui a vu un article (concernant le Figuier) sur Famille Chrétienne, qui m’a encouragé à y aller. Depuis j’ai eu la chance de rencontrer dans ce lieu métissé des personnes de divers horizons. Reprenant les termes du Président et poète sénégalais Léopold Sédar Senghor je dirai que le figuier est pour moi ce fameux « rendez du donner et du recevoir ».

“Mon arrivée à l’aumônerie a littéralement changé ma vie”

J’étais très attaché à ma paroisse et aux différentes activités de l’Eglise au Sénégal. Et arrivé en France j’ai complètement perdu cette vie paroissiale. En dehors de l’école, je restais juste chez moi. Saint Augustin disait que: “un chrétien seul est un chrétien en danger”, et cela je l’ai vécu car j’allais même plus à la messe.

Mon arrivée à l’aumônerie a littéralement changé ma vie. Spirituellement, je revis avec tous ces gens que je rencontre et avec qui je discute et je fraternise. Etre parmi des individus avec qui je partage la même foi, m’apporte une certaine assurance et une grande joie. Je fais l’expérience extraordinaire d’appartenir à l’Eglise universelle.

“Accueillir l’autre”

Le groupe de Sous le Figuier à Ecclesia Campus 2015

Le groupe de Sous le Figuier à Ecclesia Campus 2015

J’habite aujourd’hui dans une maison, où on est deux Sénégalais et deux français, tous membres du Figuier. Une fois par semaine, on prie ensemble et nous essayons d’échanger sur nos manières de prier, on a aussi des repas en commun et tous ces efforts favorisent des moments de partage qui nous rapprochent de plus en plus. Partant de moi-même, je vois que chacun de nous à un regard sur l’autre qui est différent de celui du début. Comme Pierre avait accueillit l’étranger Corneille dans le Chapitre 10 des Actes des Apôtres, chacun de nous a fait place pour accueillir l’autre à travers la partage, pour rendre possible l’entente, la joie et la bonne humeur qui nous habite.

A la maison comme en aumônerie, je discute avec les gens et un jour je parlais avec mon colocataire sur une Abbaye au Sénégal « Keur Moussa », j’ai ressenti l’intérêt qu’il portait à tout ce que je racontais, je lui ai fait écouté des chants moines en wolof… C’est pareil pour la chorale avec qui je chante une fois par mois, ce que j’aime le plus c’est de reprendre des chants que je connaissais déjà mais dans une autre langue.

“Agréablement surpris par le dynamisme des catholiques français”

Finalement faire partie d’une aumônerie d’étudiant où je rencontre des jeunes avec les mêmes croyances que les miennes, m’a permis de remettre en cause certains préjugés que j’avais à propos des jeunes Français : pour moi ils étaient tous athés et n’avaient rien à voir avec la religion. J’ai été agréablement surpris par leur dynamisme, surtout à Grenoble où j’ai été pour Ecclésia Campus, un événement qui a rassemblé des milliers de jeunes fervents qui clamaient et vivaient la joie du partage fraternel. Là j’ai compris que l’Esprit Saint agit encore et encore dans les cœurs des hommes, il est partout et nous précède sur nos routes.

Comme disait Pierre à propos des païens, tous nous avons reçu les mêmes dons, en croyant au Seigneur Jésus Christ. Je m’engage aujourd’hui davantage au service de mon aumônerie car je suis convaincu d’être avec tous les autres d’ailleurs un témoin de la diversité de l’Eglise unie en Jésus Christ.

Thierry, 27 ans, Sénégalais en 3ème année d’Histoire contemporaine

Voir aussi :
Autres témoignages du Figuier
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