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A pied au Royaume des Cimes

Publié par jeunescathos le 6 juillet 2015 - A la Une, Engagements, Société

 Parti le 5 janvier 2015, revenu le 28 avril, Paul-Edouard a traversé la chaîne himalayenne seul, sans moyen de communication, avec pour seules ressources un sac à dos de sept kilos et une grande dose de confiance et de motivation. Il nous raconte son périple, de l’Inde au Cachemire, entre paysages grandioses et rencontres authentiques. Une magnifique leçon d’audace et d’émerveillement.

Paul-Edouard, 26 ans

Paul-Edouard, 26 ans

Gangtok, capital du Sikkim. Point de départ de cette marche pèlerine au Royaume des Cimes. Je pars traverser l’Himalaya à pied, seul, sans téléphone portable, ni GPS avec un sac à dos de 7 kilos pour parcourir les milliers de kilomètres qui me séparent encore du Cachemire… Ivre face à cette montagne d’incertitudes et de possibilités, je me suis engagé vers l’inconnu, assoiffé d’idéal. J’ai écouté mon instinct et me voilà à arpenter l’Himalaya avec une folle confiance en la vie.

Une confiance en la vie et une confiance en ces peuples fraternels de l’Inde et du Népal. Au fin fond des montagnes, après des journées de marche éreintantes, ces soirées fraternelles dans ces chaumières fumantes ont une saveur exquise. Un peu de riz, des lentilles et quelques verres de Raksi… Une humanité généreuse et bienveillante qui a fait de cette expédition en solitaire une aventure humaine fascinante. Une humanité sans qui rien n’aurait été possible.

Des rizières aux cols enneigées, des torrents aux camps de base, des caravanes de Yaks aux temples Bouddhistes et Hindous, la vie dans les hauteurs de l’Himalaya est simple, dure, authentique. Seul dans les montagnes, bercé par le rythme des pas, le regard porte naturellement vers le ciel. A la tombée du jour, je plantais souvent la tente au pied de la Grande Ours. Ce qui me fascine quand la nuit tombe, c’est qu’elle dévoile l’immensité de la réalité qui nous entoure, réalité bien souvent occultée la journée, dans le fracas des impératifs de survie. Si dans la clarté, on ne soupçonne point la parure étoilée du ciel, comment dans le bruit, déceler les trésors dont recèle notre âme ? Dans cet univers que nous ne connaissons qu’à peine et qui se dévoile de nuit, les projets les plus fous prennent tout leur sens et le spectre de notre courte vie se démultiplie, offrant d’innombrables facettes. Il a fallu quelques milliards d’années pour façonner cette terre et des forces tectoniques pour élever ces montagnes… nous sommes si petits, ne commençons pas par nous mettre des barrières. Derrière les mûrs de la peur, se loge une infinité de possibles. Des petits détours sans commune mesure qui donnent les formes et les courbes de la vie.

A force d’acharnement et de passion, après avoir parcouru 3600 kilomètres à pied, grimpé 105 000 mètres de dénivelé positif, l’aventure touche à sa fin. Je franchis un dernier col… et règne alors sur le Cachemire qui s’offre à moi sous le couchant en or. Puis du haut de sa colline enneigée, à une trentaine de mètres, un loup. On s’observe en silence quelques secondes… longues secondes immobile… puis nos chemins se séparent. Le loup s’enfuit et court rejoindre les forêts enneigées, me laissant seul, rejoindre les miens. Je rentre comme je suis parti, avec presque rien, si ce n’est un temple intérieur, façonné aux gré des pas.

Partez vivre, ayez confiance en votre instinct, il vous mène en de beaux lieux, souvent insoupçonnés.

Après un tel voyage, comment se passe le retour en France ?

Le retour fut brutal, à la fois exceptionnel et déroutant. Après 4 mois de marche solitaire dans les montagnes, retrouver ceux qu’on aime, sa fiancée, un frigo plein et une douche, ça n’a pas de prix ! Pour ce qui est déroutant, je vous laisse imaginer le métro et les klaxons ! Je partage bien sûr cette expérience avec les autres, même s’il est impossible de la décrire / faire vivre en quelques mots. A mon retour, j’ai eu l’occasion de montrer un diaporama sur ce périple lors d’une conférence organisée par l’association Garuda afin de récolter des fonds et soutenir les familles Népalaises suite au tremblement de terre. Sinon j’envisage peut-être de réaliser un blog pour publier une partie de mon carnet de voyage de l’Himalaya. C’est ce que j’avais fait lors de ma traversée de l’Amérique Latine en vélo en 2012 (4 mois – 6500 km) en créant libresurmonvelo.wordpress.com. Peut-être que je le ferais pour ce périple, d’ici quelques mois… Dans l’entreprise pour laquelle je travaillais, je n’avais pas renouvelé mon contrat fin 2014 pour partir vivre cette expédition. A mon retour de voyage, ils m’ont immédiatement repris, ça n’a posé aucun problème.

 

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