Skip to content

Une jeune religieuse, dans son monde ou dans le monde ?

Publié par jeunescathos le 16 mars 2017 - A la Une, Journal d'une jeune religieuse, Non classé, Vie Consacrée, Vocations

Tous les deux mois, Anne-Catherine, 33 ans, jeune professe du Cénacle, évoque dans ce Journal ce qu’elle vit dans la vie religieuse. Aujourd’hui, elle nous partage quelques réflexions sur son rapport au monde !

 

Est-ce que ça ne vous est jamais arrivé d’imaginer la vie religieuse coupée du monde ?… ou d’entendre une telle image, porteuse d’un a priori tantôt positif, tantôt négatif ?…

Eh bien, je vous assure que c’est tout autre ! Même dans un monastère, les religieux/religieuses pourraient témoigner qu’ils portent le monde à leur manière… Mais je vais vous parler de mon rapport au monde, moi qui vis en plein cœur de Paris, à quelques pas de la basilique de Montmartre visitée par des gens de tous les continents, et qui prends le métro tous les jours.

 

Concrètement, comment je me laisse rejoindre par le monde ?

§2 lecture journalCe lien avec le monde, je l’entretiens avant tout grâce à la vie quotidienne faite de rencontres, de conversations, d’observations, d’écoute, que ce soit avec les étudiants que je côtoie en cours ou avec les jeunes que j’accompagne. Aussi par la lecture du journal au petit-déjeuner, les infos télévisées de temps en temps, une présence sur Facebook qui me rend proche de ce qui intéresse mes « amis » (événements, partages, infos…). Donc bien sûr, j’en ai le souci, mais cela m’est aussi donné par les autres, notamment mes sœurs de communauté, qui ne lisent pas et n’entendent pas forcément les mêmes échos du monde que moi, ou se laissent toucher différemment. Tout cela est vital et me permet d’avoir, de plus en plus, « un cœur grand comme le monde » (selon l’expression de Ste Thérèse Couderc).

 

Pourquoi est-ce si vital pour moi ?

Sans doute parce que mon être au monde et mon être à Dieu s’interpellent. Dieu s’est fait l’un de nous en Jésus-Christ : tel est le fondement de ma foi et ce qui change ma vie. Au fil des rencontres avec des personnes d’horizons divers (par exemple dans une réunion internationale de sœurs, ou aux JMJ l’été dernier), l’actualité dans tel point du globe prend chair.

Ainsi, ce lien avec le monde nourrit ma prière : il nous arrive souvent, dans notre prière communautaire, matin et soir, d’évoquer telle situation du monde, telles personnes, tel événement (proche ou lointain), afin que le Seigneur puisse se faire présent et agissant.

Et mon immersion dans le monde n’a pas fini de transformer mon regard, notamment sur les personnes en situation de précarité, rencontrées si souvent dans le métro. L’an dernier, un message du Pape François[i] m’a interpellée pour demander la grâce, sans cesse, de « ne pas être indifférente » à un prénom entendu, un regard croisé, un visage aperçu, derrière lequel il y a chaque fois une personne, souvent défigurée par la pauvreté et mystérieusement aimée de Dieu et sauvée.

Il m’arrive aussi de faire l’expérience de prier au cœur du monde (dans le métro, sur les marches de la basilique de Montmartre où la vue s’étend sur tout Paris…). C’est là aussi un acte de foi, de chercher et de croire en la présence du Seigneur avec nous tous les jours et d’entrer dans sa manière de regarder notre humanité si diverse.

Sans titre(1)

La vue sur tout Paris depuis Montmartre invite à intercéder pour le monde !

… Et quand le monde me heurte ?

Eh oui, ce lien entre ma vie religieuse et le monde n’est pas toujours facile, ni paisible. L’actualité me heurte parfois de plein fouet, ébranle mon image de Dieu ou mon regard sur notre humanité. Comment espérer en l’Homme quand je vois la décision difficile pour un proche de devoir licencier quelqu’un, notre impuissance face aux terroristes qui tuent soi-disant au nom de Dieu, nos comportements irresponsables vis-à-vis de la Terre que nous avons reçue pour vivre ? Comment continuer à croire que l’homme est fondamentalement à l’image de Dieu quand il se prend à choisir un populiste pour gouverner son pays ? Où est Dieu dans ce monde tellement marqué par la violence, l’injustice ?… La liste pourrait s’allonger tant les exemples illustrent l’actualité quotidienne et internationale. Alors précisément dans ce contexte, le monde me provoque à ne pas seulement croire, mais à vivre ma foi concrètement, dans tout ce qui peut relever de mes choix, de ma responsabilité. Ce que je peux faire, je veux le faire, de mon mieux, humblement, courageusement. Sans prétendre changer la face du monde. Mais sans me dérober. Par exemple, quand il m’est donné de pouvoir voter : y aller et le faire de manière aussi réfléchie et responsable que possible. Ne pas m’arrêter aux dilemmes de ma conscience, mais oser faire un choix, imparfait, mais pesé.

Il est vrai que cela prend du temps et de l’énergie, mais suivre le Christ dans le monde d’aujourd’hui est à ce prix. Et cette recherche de l’unité entre tous les aspects de ma vie m’entraîne dans la « joie de vivre, joie de croire »[ii] ! Oui, chercher et trouver Dieu en toutes choses est parfois surprenant !

 

Sr Anne-Catherine

www.ndcenacle.org

 

 

[i] Cf. Message du Pape François pour la Journée mondiale de la Paix, 1er janvier 2016 : « Gagne sur l’indifférence et remporte la paix ! »

[ii] Titre d’un ouvrage de François Varillon.

Articles liés

Ces articles peuvent t'intéresser.

Commentaires

A toi la parole.

Il n'y a pas encore de commentaire.

Ajoute un commentaire

Prends la parole !