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En route vers le Synode 2018 ! Le Document Préparatoire pas à pas. #7

Publié par jeunescathos le 31 mars 2017 - A la Une, Synode 2018, Vie Consacrée, Vie de l'Eglise, Vocations

Chaque weekend, découvrons un extrait du Document Préparatoire à la XVe Assemblée Générale ordinaire du Synode des évêques, qui se tiendra à Rome au mois d’octobre 2018. Car le thème te concerne, cher(e) lecteur/lectrice du blog ! Le voici  : « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ».

 

2. Le don du discernement

Prendre des décisions et orienter ses actions dans des situations d’incertitude, face à des élans intérieurs contrastés : voilà le cadre de l’exercice du discernement. Il s’agit d’un terme classique de la tradition de l’Église, qui s’applique à une pluralité de situations. Il existe, en effet, un discernement des signes des temps, qui vise à reconnaître la présence et l’action de l’Esprit dans l’histoire ; un discernement moral, qui distingue ce  qui est bien de ce qui est mal ; un discernement spirituel, qui propose de reconnaître la tentation pour la repousser et continuer d’avancer sur la voie de la vie en plénitude. Les enchevêtrements de ces diverses acceptions sont évidents et ne peuvent jamais être totalement distincts.

En ayant bien présent cela à l’esprit, nous pouvons nous concentrer ici sur le discernement de la vocation, c’est-à-dire sur le processus grâce auquel la personne arrive à effectuer, en dialoguant avec le Seigneur et en écoutant la voix de l’Esprit, les choix fondamentaux, à partir du choix de son état de vie. Si l’interrogation sur la façon de ne pas gaspiller les occasions de réalisation de soi concerne tous les hommes et toutes les femmes, pour le croyant la question se fait encore plus intense et plus profonde. Comment vivre la bonne nouvelle de l’Évangile et répondre à l’appel que le Seigneur adresse à tous ceux dont il va à la rencontre : à travers le mariage, le ministère ordonné, la vie consacrée ? Et quel est le domaine où il peut faire fructifier ses talents : la vie professionnelle, le volontariat, le service des plus petits, l’engagement politique ?

L’Esprit parle et agit à travers les événements de la vie de chacun, mais les événements par eux-mêmes sont muets ou ambigus, dans la mesure où on peut leur donner des interprétations diverses. Éclairer leur signification en vue d’une décision requiert un itinéraire de discernement. Les trois verbes qui le décrivent dans Evangelii gaudium, 51 – reconnaître, interpréter et choisir – peuvent nous aider à définir un itinéraire adapté tant aux individus qu’aux groupes et communautés, en sachant que, dans la pratique, les frontières entre les diverses phases ne sont jamais aussi nettes.

Reconnaître

La reconnaissance concerne avant tout les effets que les événements de ma vie, les personnes que je rencontre, les paroles que j’écoute ou que je lis produisent sur mon intériorité : une variété de « désirs, sentiments, émotions » (Amoris laetitia, 143) de style très divers : tristesse, confusion, plénitude, peur, joie, paix, sentiment de vide, tendresse, colère, espérance, tiédeur, etc. Je me sens attiré ou poussé dans plusieurs directions, sans qu’aucune ne m’apparaisse comme étant clairement celle que je dois prendre ; c’est le moment des hauts et des bas et, dans certains cas, d’une véritable lutte intérieure. Reconnaître exige que l’on fasse affleurer toute cette richesse émotive et que l’on nomme les passions qui nous habitent sans les juger. Cela exige aussi de saisir le “ goût ” qu’elles laissent, c’est-à-dire l’harmonie ou le malaise entre ce que j’expérimente et ce qu’il y a de plus profond en moi.

Dans cette phase, la Parole de Dieu revêt une grande importance : la méditer met en effet les passions en mouvement comme toutes les expériences de contact avec sa propre intériorité mais, en même temps, elle offre la possibilité de les faire apparaître en se projetant dans les événements qu’elle raconte. La phase de la reconnaissance met au centre la capacité d’écoute et l’affectivité de la personne, sans se détourner –par crainte– de la fatigue du silence. Il s’agit d’un passage fondamental dans le parcours de maturation personnelle, en particulier pour les jeunes qui ressentent avec davantage d’intensité la force des désirs et peuvent aussi être effrayés, renonçant ainsi à franchir de grands pas bien qu’ils s’y sentent poussés.

Interpréter

Il ne suffit pas de reconnaître ce que l’on a éprouvé : il faut “ l’interpréter ”, ou, en d’autres termes, comprendre à quoi l’Esprit appelle à travers ce qu’il suscite en chacun. Très souvent, on s’en tient au récit d’une expérience, en soulignant que “ cela m’a beaucoup frappé ”. Il est plus difficile de saisir l’origine et le sens des désirs et des émotions éprouvés et d’évaluer s’ils nous orientent vers une direction constructive ou si, au contraire, ils nous portent à nous replier sur nous-mêmes.

Cette phase d’interprétation est très délicate ; elle requiert de la patience, de la vigilance et même un certain apprentissage. Il faut être capables de se rendre compte des effets des conditionnements sociaux et psychologiques. Cela exige de recourir aussi à ses facultés intellectuelles, sans toutefois tomber dans le risque de bâtir des théories sur ce qui serait bien ou beau de faire : dans le discernement aussi « la réalité est supérieure à l’idée » (Evangelii gaudium, 231). En interprétant, on ne peut pas non plus négliger de se confronter à la réalité et de prendre en considération les possibilités qui s’offrent à nous de façon réaliste.

Pour interpréter les désirs et les mouvements intérieurs, il est nécessaire de se confronter honnêtement, à la lumière de la Parole de Dieu, également aux exigences morales de la vie chrétienne, toujours en cherchant à les replacer dans la situation concrète que nous vivons. Cet effort pousse celui qui l’accomplit à ne pas se contenter de la logique légaliste du minimum indispensable, pour chercher, en revanche, la façon de mettre en valeur au mieux ses dons et ses possibilités : voilà pourquoi cela apparaît comme une proposition attrayante et stimulante pour les jeunes.

Ce travail d’interprétation se déroule au sein d’un dialogue avec le Seigneur, en activant toutes les capacités de la personne ; l’aide d’une personne experte dans l’écoute de l’Esprit est toutefois un soutien précieux que l’Église offre et auquel il est peu prudent de ne pas recourir.

Choisir

Après avoir reconnu et interprété le monde des désirs et des passions, l’acte de décider devient l’exercice d’une liberté humaine authentique et d’une responsabilité personnelle, toujours naturellement situées et donc limitées. Le choix se soustrait donc à la force aveugle des pulsions, à laquelle un certain relativisme contemporain finit par assigner un rôle de critère ultime, emprisonnant la personne dans l’inconstance. En même temps, on se libère de la suggestion d’éléments externes à la personne et donc hétéronomes, tout en requérant ainsi une cohérence de vie.

Pendant longtemps, dans l’histoire, les décisions fondamentales de la vie n’ont pas été prises par les directs  intéressés; dans certaines parties du monde, il en est encore ainsi, comme nous l’avons indiqué dans le chapitre I. Favoriser des choix libres et responsables, en se dépouillant de toute complicité coupable liée à des héritages d’autres temps, demeure l’objectif d’une pastorale des vocations sérieuse. Le discernement en est l’instrument roi, qui permet de sauvegarder l’espace inviolable de la conscience, sans prétendre se substituer à elle (cf. Amoris laetitia, 37).

La décision exige d’être mise à l’épreuve des faits en vue de sa confirmation. Le choix ne peut pas rester emprisonné dans une intériorité qui risque de demeurer virtuelle ou velléitaire – il s’agit d’un danger accentué dans la culture contemporaine –, mais il est appelé à se traduire en action, à prendre chair, à donner le départ d’un parcours, en acceptant le risque de se confronter à la réalité qui avait provoqué désirs et émotions. D’autres naîtront durant cette phase : les reconnaître et les interpréter permettra de confirmer la justesse de la décision prise ou conseillera de la réviser. Voilà pourquoi il est important de “ sortir ”, notamment de la peur de se tromper qui, comme nous l’avons vu, peut devenir paralysante.

 

La suite vous sera présentée la semaine prochaine ! 

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