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Regard du service Jeunes et Vocations sur Ainsi soient-ils 2

Publié par jeunescathos le 10 octobre 2014 - A la Une, Culture & Médias, Vie de l'Eglise, Vocations

Alors que la série Ainsi soient-ils est de retour sur les écrans pour sa deuxième saison, sr Nathalie Becquart, religieuse xavière et directrice du Service national Jeunes et Vocations (SNEJV) à la conférence des évêques de France et le p. Didier Noblot, directeur adjoint du SNJEV, ont accepté de donner leur point de vue sur cette série qui fait débat.

sr Nathalie BecquartSr Nathalie Becquart : Au plan de la réalisation, c’est pour moi une assez bonne série, elle a d’ailleurs reçu plusieurs prix. On ne s’ennuie pas, l’intrigue est plutôt bien faite et donne envie de regarder l’épisode suivant, les acteurs jouent bien. Cette fiction – car il faut bien avoir en tête que c’est une fiction et non un reportage sur les séminaristes et l’Eglise de France ! – s’appuie sans surprise sur les ingrédients habituels de ce genre de série qui tourne beaucoup autour de ce tryptique classique « le sexe, le pouvoir et l’argent ».

L’originalité de cette série française tient au cadre retenu – un séminaire et ses séminaristes mais aussi, et bien plus largement que pour la saison 1, la Conférence des évêques de France (CEF) –  pour mettre en œuvre les “personnages-types” permettant à un maximum de téléspectateurs de s’identifier.

On voit donc beaucoup la CEF avec son nouveau président « Mgr Poileaux », les secrétaires généraux dont le responsable de la communication qui joue un rôle important, mais aussi le directeur du service des vocations qui n’est pas piqué des vers…

Une fiction qui travestit la réalité

Ainsi-Soient-Ils-la-saison-2-demarre-son-tournage_portrait_w532Mais si cela reste une fiction – il est donc normal que les catholiques ne s’y retrouvent pas vraiment et puissent être agacés par certains aspects – c’est une fiction qui semblerait avoir bénéficié de conseillers religieux bien du sérail. Elle joue donc sur le vraisemblable en entremêlant des éléments véridiques et d’autres caricaturaux, voire faux. La CEF est ainsi présentée comme un lieu de pouvoir et d’intrigues… Le scénario et la mise en scène montrent un séminaire des capucins qui dépend directement et budgétairement de la CEF, celle-ci du Vatican dans une vision très hiérarchique et pyramidale qui ne correspond pas à la réalité ecclésiale qui est en fait, bien décentralisée !

Dans cette saison 2, l’une des intrigues principales tourne autour du fait que le nouveau président de la CEF, Mgr Poileaux, évêque de Limoges, propulsé malgré lui dans ce rôle, découvre un déficit de 60 millions d’euros et une CEF au bord de la faillite. Il va donc instaurer l’austérité et chercher des solutions pour ne pas être mis sous la tutelle romaine. Les secrétaires généraux se font avec lui le devoir de « sauver l’Eglise de France »… Dès lors, on va voir comment cette logique va leur faire prendre des solutions très coûteuses humainement et finalement peu évangéliques : vente d’un monastère de sœurs puis vente du séminaire des capucins à un homme d’affaires du Qatar.

Des thèmes existentiels abordés

20228209Le cheminement des séminaristes se poursuit avec des personnages plutôt touchants et riches, entre désir de répondre à l’appel et questionnement, doutes…. Et bien sûr les questions de sexualité qui sont très présentes.

Cette série aborde les grands thèmes existentiels de la vie de chacun avec régulièrement de belles répliques autour de la question de la maladie, du mal, du pardon, de la violence, de la famille, de l’identité, du discernement… Il y a çà et là de beaux et bons dialogues avec des phrases assez vraies et percutantes qui peuvent faire réfléchir les téléspectateurs.

Une occasion au dialogue

Cette présentation est trop rapide, elle serait bien sûr à creuser. Mais comme pour la saison 1, cette série que beaucoup vont voir risque de faire parler des vocations, de l’Eglise, de la CEF et des séminaristes … Elle peut donc être l’occasion d’engager le dialogue avec un public éloigné de l’Eglise.

Et donc l’invitation à saisir l’opportunité de faire découvrir la réalité des séminaires, de l’Eglise, des engagements des catholiques, des questionnements spirituels bien présents dans notre société. Car si Arte propose ce genre de série à une heure de grande écoute, c’est bien parce que la question de Dieu et la question de l’engagement n’est pas étrangère à bien de nos contemporains… !

                                                                                              ***

Didier NoblotP. Didier Noblot : Est-ce que les attentes engendrées par la saison 1 étaient trop importantes ? Le téléspectateur que je suis, est déçu par cette saison 2. Certes les canons qui ont fait la réussite des séries télévisées made in France sont là et tranchent avec les séries américaines. Ici, ni sang, ni enquête à grand renfort de technologie, ni prétoire, ni course folle dans les rues mais des études de caractères. Dommage que les ressorts dramatiques soient un peu convenus et parfois prévisibles. Ils n’apportent pas les rebondissements qui pourraient donner plus de rythme aux épisodes.

Une saison 2 décevante

20228114Cette deuxième saison, puisqu’est déjà annoncée la troisième, porte son regard sur les états d’âme des personnes et les déboires financiers de la conférence des évêques de France présentée comme son siège social. Telle une entreprise qui connaît la crise, il faut de l’argent. Alors pour les responsables peu importent les mensonges, les crocs en jambes et les dissimulations comptables…

Mais revenons aux personnages mis en scène. Les séminaristes vivent tous une année pleine de tensions intérieures, chacun devant faire face à la gestion de ses peurs et de sa libido. Le sous-titre de cette saison « délivrez-les du mal » nous alertait déjà ! Le secrétariat général de l’épiscopat est écrasé par les réalités économiques. Ses membres en oublient le soin des fidèles ! En 2011, Habemus Papam le film de Nanni Moretti avec Michel Piccoli, nous avait déjà habitués aux prélats qui ne sont pas à l’aise dans leur fonction de chef de l’Eglise. Mgr Poileaux, président de la conférence des évêques de France version Vincent Poyrimo, co-auteur de la série, incarné par Jacques Bonnaffé, remet le couvert, mais sans relief.

Une belle surprise

La seule belle surprise vient du père Bosco, le nouveau supérieur du séminaire des capucins. C’est la révélation de cette saison. Joué admirablement par l’excellent Thierry Gimenez, tout en complexité psychologique et relationnelle. Au fil des épisodes, le scénario nous rend témoin de son chemin d’humanisation ne tombant jamais dans la facilité d’un manichéisme de série B.

Et si la série permettait la rencontre avec de « vrais » hommes d’Église ?

Ceci dit, ceux qui verront cette série pourront pousser la curiosité à aller à la rencontre des séminaristes et des responsables d’Eglise. Bien sûr, ces derniers sont marqués par une quête de vérité au cœur de leurs doutes. Mais ce sont déjà des hommes de foi et de générosité. Leur rencontre sera de magnifiques occasions d’échanges et de témoignages partagés.Affiche Marie Heurtin

Pour ceux qui préfèreront les grands écrans. Attendez le 12 novembre et la sortie du film splendide de Jean-Pierre Ameris « Marie Heurtin ». Ce film raconte l’histoire vraie d’une jeune femme sourde et aveugle de naissance, qui à la fin de XIXe siècle fut recueillie puis instruite grâce au dévouement d’une jeune religieuse. Dans ce film lumineux, discernement, sagesse, patience, engagement, doute, transmission, vie religieuse, bienveillance sont au rendez-vous dans une œuvre que l’on peut recommander sans réserve.

Voir aussi :
Ainsisoientils.com
Regard de Mgr Wintzer sur “Ainsi soient-ils”, saison 2
Prêt(re) pour se donner – séminaire de Lille
Reportage sur 3 séminaristes d’Aix-en-Provence

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Commentaires

A toi la parole.

  1. de bonneville says: octobre 24, 2014

    Puis je recommander à vos lecteurs d’aller voir ce merveilleux film boudé par les distributeurs de cinéma qu’est L’APOTRE! Il se joue au Lincoln et au 7 Parnassiens. Un film extraordinaire réalisé par Cheyenne Caron. L’histoire d’un jeune de banlieue qui s’apprête à devenir Iman et qui découvre le Christ par l’intervention divine d’un jeune prêtre..

  2. Berthelé says: novembre 7, 2014

    A ceux qui trouvent que les ficelles de cette FICTION sont un peu grosses… je ne peux que conseiller d’aller sur ainsisoientils.com !

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