Noël : des petites énigmes au grand Mystère…
Les petites énigmes…
D’où vient le mot « Noël » ? Du vieux français « naël », du latin natalis, natal. Le « Dies natalis » est le jour de la naissance. Pour Jésus, c’est le jour de sa naissance de la Vierge Marie à Bethléem.
Pourquoi fête-t-on Noël le 25 décembre ? Les évangiles ne donnent aucune indication absolue sur la date où Jésus est né. En revanche, ils donnent des indications relatives : lors de l’Annonciation (le jour où Jésus est conçu par l’Esprit Saint en Marie), l’ange Gabriel annonce à Marie que sa cousine Elisabeth « en est à son sixième mois ». La Tradition de l’Eglise a mis cela en rapport avec ce que Jean-Baptiste, le fils d’Elisabeth, affirmera plus tard au sujet de Jésus : « Il faut qu’il grandisse et que moi, je diminue ». (Jean 3,30) Les premiers siècles chrétiens étaient très attentifs à la symbolique et aux éléments naturels. Aussi semble-t-il qu’on ait choisi de fêter la naissance de Jean-Baptiste au moment où la lumière du soleil diminue (le 24 juin, près du solstice d’été dans l’hémisphère nord), tandis que la naissance de Jésus est fêtée le 25 décembre, au moment où la lumière du soleil augmente.
Certains affirment que la date exacte du 25 décembre a été retenue par les chrétiens au 4è s. pour remplacer la fête païenne très populaire du Sol invictus (jour de naissance du soleil invaincu). J. Ratzinger dans l’Esprit de la liturgie conteste cette théorie en affirmant que le 25 décembre a été retenu parce qu’il tombe 9 mois jour pour jour après la fête de l’Annonciation, célébrée le 25 mars… Quoi qu’il en soit, dans l’hémisphère nord, on voit bien que les illuminations de Noël compensent le manque de lumière naturelle à cette période de l’année. On voit bien alors comment la lumière de l’Orient qui grandit désormais chaque jour symbolise la présence grandissante et illuminante dans nos vies de Jésus, « Soleil levant qui vient nous visiter » (Luc 1,78).
Pourquoi y a-t-il trois messes à Noël ? La solennité de la Nativité du Seigneur est une fête si grande que c’est l’un des deux jours de l’année où chaque prêtre est invité à célébrer trois messes (l’autre jour est le 2 novembre, pour les Défunts). La première messe de Noël est celle de la Nuit, suivie de la messe de l’Aurore et de la messe du Jour de Noël ; aussi appelées respectivement « messe des Anges », « messe des Bergers » et « messe du Verbe divin ». Chacune de ces messes a une tonalité particulière, qu’on sent à travers le choix des lectures bibliques et du chant grégorien prévu pour ces messes. La messe de la nuit reste baignée dans une lumière ténue et un grand silence, comme si on osait à peine croire à la merveille que Dieu vient de faire. La messe de l’aurore prend une tonalité plus joyeuse : ce sont les bergers, les plus méprisés de la société juive de l’époque, qui viennent voir l’Enfant Jésus. La messe du jour, enfin, a des accents de triomphe.
Le grand Mystère…
Derrière tous ces détails historiques et liturgiques, l’un des plus grands mystères de la foi chrétienne : le Verbe éternel de Dieu a accepté de naître d’une femme, petit garçon pauvre et rejeté des puissants, pour illuminer ceux qui marchaient dans les ténèbres et les appeler à partager sa lumière. C’est déjà Dieu qui se donne lui-même à toute l’humanité, généreusement, sans aucune retenue, mais dans un infini respect de notre condition, avec une grande délicatesse. Un chant de l’office du matin de Noël, O Magnum Mysterium, le dit de façon superbe:
O grand mystère et admirable sacrement,
que des animaux voient le Seigneur nouveau-né,
couché dans une mangeoire !
Heureuse Vierge,
dont les entrailles ont mérité de porter
le Christ Seigneur.
Alléluia !
Joyeux Noël à tous ! Le Seigneur est infiniment bon et nous aime !
Le P. Nicolas Steeves est jésuite depuis 2000. Diplômé d’HEC et ancien avocat au Barreau de Paris, il a été aumônier à HEC et au Lycée Sainte-Geneviève (Versailles) de 2006 à 2008. En parallèle de ses études (Paris, Londres et Rome), il a collaboré à Radio Vatican pendant 5 ans. Actuellement, il écrit une thèse de doctorat en théologie sur le lien entre la foi et l’imagination (Centre Sèvres) et travaille à l’église Saint-Ignace (Paris).
Commentaires
A toi la parole.
Très intéressant, merci !