Dimanche des Rameaux : acclamation puis passion du Seigneur
Par Fr. Benoît-Marie Florant, dominicain, ancien aumônier national de CGE.
Le spectateur des événements qui ont conduit Jésus de la porte de la ville de Jérusalem jusqu’en son centre politique, puis sa sortie à l’extérieur des remparts devait être bien désorienté. Quelle versatilité du peuple qui acclame et condamne, qui rêve mais qui sortira désabusé de ce drame funeste !
Pourtant, nous entendons cette double figure du Christ fort et faible avec le regard de la foi et le recul de l’histoire naissante de l’Eglise, et notre vie peut y trouver son assurance.
Notre chant, si propre à la célébration du dimanche des Rameaux et de la Passion du Seigneur, ne peut être confondu avec celui de la foule de Jérusalem.
Parce que nous venons après eux, nous pouvons déjà chanter dans la joie de l’accueil du Christ à Jérusalem l’accueil que nous voudrions être capables de lui réserver à sa venue définitive.
Mais entre ces deux venues il y a le passage tragique et glorieux des dernières heures de la vie de Jésus.
Amitiés, dernières volontés, puis l’enchaînement dramatique qui conduit Jésus à la mort et ses disciples à la peur et à la fuite.
La joie de la foule en liesse que nous formons anticipe cette amère victoire. Nous avons besoin de ce recul pour que la force de la passion ne soit pas seulement la force de l’émotion devant une mort injuste, mais la conviction que les événements qui s’enchaînent sont liés au don libre que Jésus fait de lui-même.
De la même manière, l’auditeur chrétien de la Passion entendra le récit de l’arrestation, du procès, de la crucifixion, puis de la mort de Jésus comme éclairé par le règne qu’elle inaugure. Et nous avons besoin de cette assurance. Nous avons besoin de voir la croix comme la nécessaire porte du Paradis que Jésus ouvre à nouveau pour nous. Cela ne doit pas en faire un moment trop doucement réconfortant. Pour grand que soit le fruit, y goûter garde l’amertume de toute violence, de toute injustice. La croix est une traversée qui épuise la vie humaine jusqu’à n’être plus rien. Avant de pouvoir devenir notre tout.
Fr. Benoît-Marie Florant, dominicain, ancien aumônier national de CGE
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