“Le désir sexuel n’est ni bon, ni mauvais, il s’éduque !”
Paul est l’auteur d’un blog sur la théologie du corps. Ici, il nous présente ce que nous dit Jean-Paul II sur notre rapport au corps et à la sexualité et nous partage sa propre expérience.
« Comment concilier un désir puissant et aussi changeant – qu’est le désir sexuel – avec un idéal de mariage durable ? »
A 22 ans, alors qu’il était encore célibataire, la question taraudait Paul. « J’ai reçu une éducation où l’on parlait d’amour et de respect de l’autre mais pas du corps. Je me questionnais sur le fonctionnement de ce corps et sur sa finalité et je sentais bien que mon regard sur les femmes n’était pas ajusté. »
C’est alors qu’il assiste à une conférence de Christopher West, un américain auteur de « La théologie du corps pour les débutants – Une nouvelle révolution sexuelle ». « Je n’avais encore jamais entendu un discours à la fois aussi positif et en même temps réaliste, raconte Paul, sur la beauté et la finalité du corps humain. J’ai alors compris que j’avais à éduquer ce corps en canalisant mon désir et en l’orientant pour faire de la rencontre de l’autre un échange de communion entre deux personnes plus qu’une rencontre de deux corps qui se désirent. »
Aujourd’hui, Paul a 30 ans, il est marié et attend son premier enfant. Auteur d’un blog sur la théologie du corps, il anime également des week-ends de formation et d’échanges pour qui veut approfondir cet enseignement de Jean-Paul II.
La théologie du corps ?
La théologie du corps est le nom donné à 129 catéchèses que Jean-Paul II a donné entre 1979 et 1984. L’encyclique Humanae vitae de Paul VI sur le mariage et la régulation des naissances (1968) ayant été mal reçue, il a voulu réexpliquer positivement et, pas à pas, le sens de l’amour humain et la place du corps et de la sexualité humaine dans le plan divin.
… une bonne nouvelle !
Cet enseignement développe une vision positive du corps et porte une bonne nouvelle : ce qui est vécu dans tout amour humain, même blessé, dit quelque chose de l’amour de Dieu pour nous. La sexualité, le corps et le mariage sont créés par Dieu pour nous donner de vivre cette expérience. Autrement dit, toute théologie qui s’appuierait sur une méfiance du corps ne serait pas un chemin chrétien.
« Mais notre sexualité est blessée, explique Paul. On fait tous l’expérience qu’elle n’est pas forcément et immédiatement vécue comme bonne. Quand on regarde une personne de l’autre sexe, voit-on en elle une personne dans toutes ses dimensions ou bien d’abord un objet de désir limité au corps ? Le risque est que l’homme et la femme deviennent une menace l’un pour l’autre… Celle de ne pas être respecté dans sa personne. »
L’appel de Jean-Paul II réside dans la prise de conscience qu’à l’origine, le désir de l’homme est tendu vers la communion avec l’autre, en tant que personne dans toutes ses dimensions et que c’est cette finalité qui rend heureux !
La sexualité, ça s’éduque !
Le désir sexuel n’est ni mauvais, ni bon et la clé d’un amour vrai réside dans son éducation, de la même manière que l’on apprend à gérer son appétit en matière de nourriture. « Il s’agit d’apprendre à avoir un regard ajusté sur l’autre personne, explique Paul. Pour cela, on peut s’entraîner avec un exercice simple : quand je vois quelqu’un, je remarque le temps que je mets à réaliser qu’elle est une personne avec ses joies, ses peines et tout ce qui fait sa vie… Au début, je ne perçois qu’un corps, puis au fur et à mesure, mon regard s’ouvre à tout ce qui fait d’elle une personne. Un jeune qui fait cette expérience progresse dans la vertu de chasteté et se prépare à vivre des relations de qualité. »
L’enjeu de la théologie du corps, pour Jean-Paul II, est le respect et la dignité de toute personne humaine : « seule créature voulue pour elle-même qui ne se trouve pleinement que dans le don d’elle-même » (Gaudium et Spes n°24). Il montre qu’en chacun il y a un appel foncier à se donner et à choisir d’être le moyen du bonheur d’un autre.
Dans cette perspective, pour Jean-Paul II, le mariage est le lieu de la réalisation de cet appel et le signe de l’amour de Dieu pour les hommes tandis que le célibat consacré en est l’anticipation vécue dans le Royaume de Dieu. Deux vocations qui s’éclairent mutuellement mais qui sont au fond la même volonté de don total de sa vie.
Par Véronique Westerloppe
Commentaires
A toi la parole.
ça m’aide déjà !!
Et je dois avouer que je passe un temps critique de ma sexualité et j’avoue que bon nombre des jeunes en ont bien besoin..
Merci et que Dieu vous bénisse !! Bienheureux JP II Prie pour la jeunesse en proie aux désirs sexuels exagérés..
Le désir sexuel n’est pas indifférent : ni bon, ni mauvais. Le désir sexuel est fondamentalement bon, mais il est corrompu par notre égocentrisme. Le désir sexuel fait partie de la création de Dieu, il fait partie de son plan pour l’Homme. Il n’est pas bon que l’Homme soit seul. Dieu nous donne la force de vaincre notre égocentrisme, mais nous refusons d’écouter sa voix, son chemin, et nous préférons nos illusions, notre suffisance, notre mauvaise usage de cette force vitale que Dieu a mit en nous tous.
Merci Bruno pour cette belle précision en effet !
En effet Bruno, c’est, de tout l’article, la seule imprécision dans la restitution de mes propos, le texte de Véronique étant par ailleurs très fidèle. Je l’ai corrigée en l’accompagnant, lors de la diffusion sur les réseaux sociaux, de cette remarque : « Précision sur ce titre: le désir sexuel est TRES bon.. s’il est vécu d’une manière qui correspond à sa finalité. Et ça, ça s’éduque, ça s’«humanise», comme disait #BXVI »
Tout désir est, en effet, désir de ce que je perçois comme un bien pour moi. Pour être certain de cette qualité du désir, il faut vérifier 1. que je ne me fourvoie pas (que ce que je perçois comme un bien est un vrai bien) et 2. que mon désir est ajusté par rapport à ce bien (conforme à ce ce bien est – sa finalité, ce qu’il est pour moi – et réglé “par la mesure de la raison droite”).
Le désir sexuel mérite ce qualificatif de sexuel, d’humain, lorsqu’il est vécue conformément à sa vocation de créer la communion entre deux êtres. Détaché de cette vocation, ce n’est qu’un appétit, qui signale un bien objectif, mais n’a pas encore atteint la dimension de la personne.