Mon corps, temple de l’Esprit !
Alors que le tournoi de tennis de Roland Garros bat son plein, Pierre Rampini, professeur d’EPS, nous livre une réflexion sur le corps et la relation au corps.
Professeur d’Éducation Physique et Sportive, j’enseigne en collège dans un établissement d’enseignement catholique des Hauts-de-Seine. Je suis aussi professeur principal, moniteur de secourisme et j’interviens également en catéchèse.
Du fait même de ces activités le corps a toute sa place dans ma vie.
De quel(s) corps s’agit-il ?
Le mien, en premier lieu. C’est mon outil de travail, je dois en prendre particulièrement soin. Le respecter, c’est respecter son évolution. Savoir l’écouter, c’est le prendre en compte et je me rends compte que parfois c’est difficile car on « oublie » son corps. Si j’use mon corps, je ne peux plus l’utiliser pour mon quotidien. Ce corps me sert à me déplacer, à faire les tâches quotidiennes…
De plus, mon corps est vecteur de mon autorité. En effet, je suis sans cesse observé, et perçu différemment selon que je suis en tenue de professeur d’EPS ou dans celle de professeur principal. Le vêtement qui revêt ce corps est bien souvent un signe d’appartenance à une idée, un groupe, à des habitudes de fonctionnement. Je le constate au collège au quotidien, notamment en regardant les élèves.
Mon corps est vecteur de communication. Grâce à lui, j’entre en relation.
Dans le dialogue au quotidien, mes gestes, les émotions que je laisse apparaître « parlent » pour moi, mon corps « parle » de moi. Dans mon enseignement, sa place est primordiale.
Par exemple, en cours d’EPS lors d’une activité comme le judo, activité support des apprentissages moteurs, méthodologiques et sociaux : ma main se positionne en prise sur le kimono, les appuis solidement ancrés au sol je démontre le geste d’esquive… Les élèves sont concentrés sur la posture qui parle d’elle-même… Je communique avant même d’y associer les contenus verbalisés pour apprendre cette motricité particulière. Le corps agit de manière complémentaire à la parole.
Il s’agit également du corps des élèves : je suis responsable de leur développement physique ici à l’école mais aussi ailleurs et pour plus tard : j’amène les enfants à faire attention à leur corps. A ce titre, les contenus donnés et les pratiques réalisées lors de l’échauffement sont primordiaux pour rejoindre les objectifs liés à la santé. « Attention à la position de ton dos…redresse le pour préserver ta colonne. »
« Prof de l’être… »
Et puis, au-delà de cet aspect physique, l’appréhension de son corps touche les élèves qui sont perturbés par l’adolescence. Comment appréhender ce nouveau corps que je ne connais pas ? Les impacts physiologiques et psychologiques sont importants : je vois ces enfants « s’essayer » à un soi qu’ils cherchent à identifier, s’identifier à un autre qu’ils admirent, rejeter un soi dont ils ne veulent pas et l’exprimer physiquement. Le corps est l’expression de ces changements et apprendre à vivre avec ceux-ci contribuent à la formation de l’Homme, et ce dans toutes ses dimensions.
En tant que professeur d’Éducation Physique et Sportive, je peux être l’un de leurs interlocuteurs privilégiés pour aborder ces questions. Un collègue m’a dit un jour que nous étions « prof de l’être »…
Enfin, en tant que chrétien, prendre soin de mon corps, en développer toutes les capacités, l’habiter pleinement dans une identité assumée, pour moi et pour le service d’autrui, est de ma responsabilité. Car Dieu s’est fait homme, et il m’a créé à son image . Mon corps est le temple de l’Esprit, et par lui aussi je peux manifester aux autres l’Espérance qui m’habite.
Pierre Rampini, professeur d’Éducation Physique et Sportive, moniteur de secourisme.
Pistes de lectures sur la notion de corps D. Le BRETON. La sociologie du corps. PUF, 1994 R. Jouvent, Le cerveau magicien. Odile Jacob, 2009 Eduquer, le bonheur de faire grandir. Documents épiscopats n°10-11, 2005
Commentaires
A toi la parole.
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