Et maintenant on va où ?
Et maintenant on va où ? Question rhétorique dans les pays arabes qui vivent un changement radical dans leur histoire, dont personne ne sait la réponse, et titre d’un film libanais qui a été sélectionné en compétition officielle du Festival de Cannes 2011, dans la section “Un Certain Regard”.
Nadine Labaki, la jeune réalisatrice du film a reçu le Prix François Chalais, nom d’un journaliste français de cinéma, ainsi que la Mention Spéciale du Jury œcuménique du Festival de Cannes. Il a récemment reçu le People’s Choice Award au 36ème festival international du film de Toronto, et fut admis à la 84ème édition de l’Academy Awards dans la catégorie du meilleur film étranger.
Dans une région berceau des trois religions célestes, le judaïsme, le Christianisme et l’Islam; le Moyen-Orient reste une zone sismique active des guerres interreligieuses.
Le Liban en particulier, pays natal de la réalisatrice, fut entre les années 1975 et 1990 un foyer de guerre civile à apparence religieuse entre les communautés chrétienne et musulmane du pays, déclenchée suite au conflit israélo-palestinien.
Bien que les Libanais vivent côte à côte, musulmans et chrétiens, le pays souffre de blessures dans sa mémoire collective. Au fin fond d’elle-même, la communauté libanaise sait que la guerre lui a été imposée par des pressions extérieures, et que le conflit religieux n’est qu’une facette d’un conflit dont le peuple libanais a payé la facture de son sang.
Apparemment les femmes du village où prend place le film Et maintenant on va où ? ont compris l’enjeu et tiennent à éloigner les griffes de la guerre menaçant leur communauté, à travers les nouvelles de guerre qui leur parviennent par la radio et la télévision. Les héroïnes du film – certaines portant le voile, d’autres une croix – prises par le génie de l’amour et de la peur, inventent toutes sortes de stratagèmes pour éviter à leurs hommes une mort stupide. Une mort sans dieu, qui a emporté leurs bien-aimés, et les a laissées orphelines, veuves, et mères pleurant leurs fils… toutes partageant le même deuil.
Pour montrer l’absurdité des conflits basés sur la religion, la réalisatrice a introduit deux personnages sympathiques qui assistent les femmes dans leur guerre paisible. Un cheikh et un prêtre, amis et complices entre eux, abusant, chacun à part, de son autorité, pour apaiser ses fidèles et contenir la rage des hommes du village. Ils rappellent parfois le cinéma italien des années 1950, par leur comique et leur légèreté.
L’ironie positive du cinéma fut que le rôle du cheikh soit attribué à un chrétien et celui du prêtre à un musulman.
Un film à fond dramatique bercé par des chapitres musicaux et comiques jetant une voile de légèreté sur l’action, permettant aux spectateurs de reprendre leur souffle avant de replonger dans le registre du drame.
Le titre du film reste une question ouverte à la fin de l’histoire; pourvu que les astuces de ces femmes soient de bonnes leçons pour ceux qui tiennent le pouvoir et ceux qui les élisent, afin que religion reste un message d’amour et de paix.
Et maintenant on va où ? Réflexion de la jeunesse du Liban et du Moyen-Orient qui ne veut pas vivre les erreurs commises par les générations précédentes. Une histoire qui reflète la situation post-guerre, à ne jamais refaire… Un film à voir absolument.
Marie-Rose Osta, jeune réalisatrice et actrice libanaise
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Commentaires
A toi la parole.
Un très beau film !
un film remarquable, merci pour votre excellent article!
bravo pour votre article, le film m’a beaucoup touché également!
Je ne pense qu’il n’y a rien , pas vraiment le crime , plus contre la poésie , la philosophie , oui , à la vie elle-même que cette activité incessante .
S’il ya une situation qui une personne sont en mesure de bien faire , je dis qu’il y arriver. Lui fournir l’occasion .