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Le Message de Lourdes

Publié par jeunescathos le 2 avril 2012 - Vie de l'Eglise

La saison officielle des pèlerinages s’est ouverte à Lourdes fin mars. Une foule bigarrée, de tous âges et de tous horizons, vient fouler chaque année les lieux où  la Vierge Marie apparut à la petite Bernadette il y a 154 ans. Voici quelques mots pour (re)découvrir un des nombreux aspects du Message de Lourdes.

Qu’on ne nous dise pas que Lourdes est choquante à cause de ses commerces !…

Voilà, me direz-vous, une drôle d’entrée en matière dans un article visant à faire découvrir Lourdes ! Mais sachez-le, chers amis, si vous ne savez pas que Lourdes est ainsi, vous serez, comme d’autres, peut-être déçus… Il faut donc juste apprendre en premier que Lourdes est comme notre propre cœur : il y a une superficialité et une profondeur, du bruit et un grand silence, une multitude inconnue et une vraie rencontre… Laissez-moi vous inviter à un petit voyage, et en premier lieu dans le temps.

Lourdes vue du Béout

© Gaël Le Mab

Nous voici en 1850, et Lourdes est un petit bourg de 4000 habitants au pied d’un Château fort. Du Château jusqu’à la Grotte, il n’y a ni commerces, ni hôtels, juste quelques ruisseaux le long desquels sont établis des moulins, dont celui de Boly, où loge et travaille la famille Soubirous, les parents de Bernadette… La Grotte actuelle, appelée Massabielle – du bigourdan qui signifie vieux rocher –  est au bord du Gave ; on la croit hantée par des sorcières et on l’appelle aussi la Tutte aux cochons parce qu’on y mène paître les porcs.

Cher (futur?) pèlerin, je vous propose maintenant de descendre du haut de la ville jusqu’à Massabielle, le lieu de la Grotte, et de le faire en silence comme si vous « rentriez » en vous-même ; laissez la superficialité des bruits de la ville, des commerces, du mouvement, et venez en silence au lieu de la Rencontre.

« Elle me regardait comme une personne parle à une autre personne »

Grotte de Lourdes

© Gabriele Delhey

Car Lourdes est avant tout l’histoire d’une rencontre, et celle qui eut lieu entre Marie et Bernadette inaugure toutes celles qui suivront, dont nous avons été ou dont nous serons. Retrouvons-nous donc en 1858 : une belle Dame apparaît à la petite Bernadette Soubirous, jeune fille de 14 ans, maladive, dont la famille a connu la ruine  dans des circonstances qui nous feraient dire aujourd’hui que « le sort s’est acharné » sur des « innocents ». Cette Dame, seule Bernadette la voit, mais ceux qui voient le visage de Bernadette au moment où celle-ci la voit, sont conscients que quelque chose « se passe ». Ils questionnent Bernadette et veulent savoir de qui il s’agit. Mais jusqu’au 25 mars, Bernadette ne sait pas dire qui c’est, elle s’y refuse même : même si la Dame à ce jour lui est déjà apparue 15 fois, elle n’a pas encore dit son nom… C’est que l’essentiel de la rencontre n’est pas dans le nom de l’une et de l’autre… c’est la rencontre elle-même.

De fait, entre le 11 février et le 16 juillet, il y aura 18 rencontres, 18 apparitions. Je m’arrêterai brièvement sur la troisième, celle du 18 février. Dans une de ses premières paroles, la Dame vouvoie Bernadette, et lui demande, très paradoxalement, une « grâce » : celle de venir pendant quinze jours. Plus tard, à ce sujet, Bernadette témoignera en ces termes : « elle me regardait comme une personne parle à une autre personne ».  Pour saisir l’extraordinaire de cette phrase, rappelons-nous que Bernadette vivait, à ce moment, des heures difficiles : la Dame n’est pas apparue à Bernadette quand « tout allait bien », quand elle vivait, selon ses mots » des « années de bonheur » au Moulin de Boly, où elle est née, non… la Dame lui est apparue à un moment de cachot, dans les deux sens du terme : un vrai cachot, c’est-à-dire une ancienne prison, insalubre, où ses parents, ses deux frères et sœurs et elle-même, vivaient depuis leur ruine ; mais aussi un cachot intérieur : celui de l’épreuve physique, morale et même spirituelle qu’ils traversaient ensemble… Et voici que la personne même de Bernadette se trouve illuminée au-delà de sa détresse par cette Dame dont le regard la fait éclore à sa dignité de personne digne d’être rencontrée et aimée.

Oui, Lourdes est avant tout l’histoire d’une rencontre… rencontre d’une Dame qui se nommera le 25 mars de ce nom étrange que Bernadette ne connaissait pas : « Je suis l’Immaculée Conception » et d’une jeune fille qui s’est désignée comme la plus pauvre et la plus ignorante de Lourdes… Rencontre entre la Toute Pure, qui ne répugne pas à poser ses pieds sur la Grotte aux cochons !… –  comme pour ne pas m’effaroucher, moi, dont l’état du cœur ne me paraît parfois pas digne d’elle… –  et une jeune fille dont la simplicité attire en même temps qu’elle déconcerte…

Bernadette, c’est elle mais aujourd’hui ça peut-être moi aussi… A Lourdes, je n’ai rien d’autre à faire qu’à entrer dans ce jeu de regard qui voit le fond des cœurs et illumine les cachots intérieurs.

 

Véronique Rouquet est née à Lourdes et a travaillé quatre ans au service de pèlerins démunis, logés à la Cité St Pierre.

 
 

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