A Rome, sur le tombeau des apôtres

De septembre à décembre 2012, les évêques de quinze provinces ecclésiastiques en France se rendront en visite ad limina à Rome. Mais au fait, les visites ad limina, c’est quoi ? Décryptage par le père Olivier Ribadeau Dumas.

Ad limina, ou plus exactement ad limina apostolorum : visite « sur le seuil du tombeau des apôtres ». Tous les 5 ans, les évêques du monde entier sont invités à faire un pèlerinage sur le tombeau de Pierre et de Paul, colonnes de notre Eglise. Ainsi en novembre prochain, tous nos évêques se seront rendus à Rome. Ils le feront en trois groupes rassemblant chacun un certain nombre de provinces ecclésiastiques. Nos diocèses (qui correspondent en gros à nos départements) sont en effet regroupés en provinces. Il y en a 15 en France.

“D’abord une expérience spirituelle”

Jean-Pol GRANDMONT

Cette visite est d’abord un pèlerinage, une expérience spirituelle. Pierre est celui à qui le Christ a confié son troupeau après la résurrection, après son reniement aussi. Le pape est le successeur de Pierre, chargé de guider le peuple de Dieu et de le maintenir dans l’unité. Paul est l’Apôtre des nations, celui qui partit annoncer la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité aux païens.

Aller en pèlerinage sur les tombeaux de Pierre et de Paul c’est ainsi manifester que l’Eglise est apostolique et qu’elle tient son existence de la volonté du Père manifestée par le Christ.  A l’occasion de ce pèlerinage les évêques célèbrent donc la messe et prient dans les basiliques majeures de la Ville Eternelle : St Pierre au Vatican, St Paul Hors les Murs, Ste Marie Majeure et St Jean de Latran.

“Echanger tout simplement entre frères”

Cette visite est également l’occasion de rencontrer le pape, successeur de Pierre. Il ne s’agit pas là de protocole.  Par provinces, c’est-à-dire par groupes de 4 ou 5 évêques puis par groupes de provinces, les évêques ont pendant les 10 jours qu’ils passent à Rome l’occasion de voir deux fois le Saint-Père. Chacun d’eux peut ainsi parler de ce qui se vit dans son diocèse, évoquer les questions qui l’habitent, échanger tout simplement entre frères. Lors de la rencontre des provinces rassemblées, le pape adresse un discours aux évêques. La somme des 3 discours que l’on aura à la fin des visites ad limina de cette année témoignera du message que Benoit XVI veut donner aux évêques de France et donc aux catholiques de notre pays. On voit bien aussi combien ces rencontres sont importantes pour le pape. Il a ainsi l’occasion d’avoir des échos directs de ce qui se vit partout à travers le monde. Les journées à Rome sont également l’occasion de rencontrer les collaborateurs du pape qui travaillent dans des Dicastères (ministères en quelque sorte) : il est alors possible aux évêques d’aborder des sujets aussi différents que l’évangélisation des jeunes, l’éducation catholique, la mission à travers le monde, la liturgie et les sacrements, les questions juridiques, etc… Ces visites dans les Congrégations romaines sont préparées par un rapport que chaque évêque fait parvenir à Rome quelques semaines avant la visite ad limina.

Enfin n’oublions pas l’importance de la fraternité qui est au cœur de ce grand moment dans la vie d’un évêque. L’évêque dans son diocèse est uni à l’ensemble du collège épiscopal réuni à travers le monde. Pendant ces 10 jours, les échanges, les rencontres mais aussi les repas pris en commun, les visites, l’amitié partagée, tout cela renforce la collégialité désirée par le Concile Vatican II.  Et j’en suis témoin, ceux qui reviennent de cette visite ad limina sont vraiment heureux du temps passé, qui n’est pas du temps perdu !

Père Olivier Ribadeau Dumas, Secrétaire Général Adjoint de la Conférence des évêques de France

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