“La dernière tentation” de Benoît XVI
Un Pape peut-il être tenté ? Voilà une question qui peut paraitre insolite et provocante ! Depuis l’annonce de sa renonciation, les hommages se succèdent pour saluer le courage, la liberté, l’humilité et la sagesse de cet homme qui se retire le 28 février pour aller lui aussi prier dans un monastère.
Et pourtant, si Jésus a été tenté comme nous le dit l’Evangile de ce dimanche, on peut imaginer sans peine, que Benoit XVI a lui aussi été tenté et éprouvé. Comme tout humain lorsqu’il prend souvent peur lorsqu’il prend une décision importante et se met parfois à la regretter…
Si Saint-Luc nous raconte que « après son baptême, Jésus, rempli de l’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; il fut conduit par l’Esprit à travers le désert où, pendant quarante jours, il fut mis à l’épreuve par le démon. », ce n’est pas pour pimenter son récit d’une anecdote croustillante. En effet, cet épisode a une signification profonde. L’évangéliste le place d’ailleurs à un endroit stratégique dans son récit. Juste après la longue généalogie de Jésus et avant ce tournant qu’est le début de la vie publique de Jésus. Cet épisode est un passage clé pour comprendre qui est vraiment Jésus « pleinement homme et pleinement Dieu ». Si Jésus est tenté, c’est parce qu’il est le fruit de toute une filiation humaine. Il est donc limité, vulnérable comme chacun de nous. Mais il est Fils de Dieu parce que tout son être fait corps avec son Père. Toutes ses décisions expriment la volonté de son Père. Au baptême, Jésus le Christ a vécu une expérience humaine et spirituelle extrêmement forte, il ressent combien il est aimé du Père.
Cette expérience trinitaire, nous en goutons nous aussi quelque chose quand une Parole de Dieu nous touche et nous éclaire au plus profond pour nous indiquer la voie à suivre. Ainsi, il est des moments où nous nous sentons portés par l’Esprit pour nous enraciner en Dieu, comme Jésus après son baptême fut conduit au désert par l’Esprit. Mais durer dans un lieu, persévérer dans la prière, servir durablement les autres pour construire le Royaume, n’est pas facile. Des tentations, des obstacles, des résistances surviennent et déclenchent en nous un combat intérieur. Car l’ennemi de la Vie se déchaine pour nous détourner de Dieu – de la Vie belle, bonne et vraie. Ainsi le diable a-t-il voulu faire reculer Jésus pendant ces 40 jours.
Dans un moment clé, après son baptême et avant d’entrer dans la vie publique pour témoigner du Royaume, Jésus a subi les attaques du démon. Benoit XVI a longuement muri son choix à l’écoute de l’Esprit, il a discerné et établi dans la prière que c’était le meilleur pour lui et pour le bien de l’Eglise. On peut reconnaître que sa décision historique, éminemment personnelle avec une portée universelle, est pleinement humaine et totalement inspirée par Dieu. On peut donc penser que notre Pape Benoit XVI, homme de grande foi qui a conduit tellement de jeunes au Christ, a lui aussi affronté les assauts du diable – le diviseur, le semeur de trouble – pour prendre et assumer cette décision capitale. Il a d’ailleurs évoqué ces jours pas faciles à sa dernière audience mercredi.
Alors ne nous étonnons-pas si dans les tournants de notre vie quand nous avons des décisions importantes à prendre et que nous essayons de discerner à quoi l’Esprit-Saint nous appelle – nous éprouvons nous aussi des tentations. C’est ce que la tradition chrétienne nomme le combat spirituel. Et face aux tentations, Jésus nous donne la solution : s’appuyer sur le roc de la Parole de Dieu pour ne pas flancher.
Nathalie Becquart, directrice du Service National pour l’Evangélisation des Jeunes et pour les Vocations
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