Au côté des enfants de la rue
Chaque mois, nous vous invitons à suivre Claire, volontaire au Tchad avec la DCC, à travers sa découverte du pays, du développement, ses joies et difficultés quotidiennes, ses questions…
Le Tchad. Lorsqu’on parle de ce pays d’Afrique, on pense à la guerre ou à la pauvreté. Le Tchad est situé au 7ème rang des pays les plus pauvres de la planète selon l’IDH. C’est là que j’ai choisi d’habiter pendant une année. Et durant cette année, j’ai choisi d’être au côté des enfants de la rue, un phénomène très répandu au cœur de cette misère.
Tous ont connu des difficultés profondes
Je travaille à Sarh, ville située tout au sud du Tchad, dans un centre qui récupère ces « bandits » comme on les appelle ici. Ces jeunes sont tous des garçons, ont entre 7 et 18 ans et sont logés, inscrits à l’école, éduqués, nourris. Une nouvelle maison pour eux, un nouveau cadre de vie propice à leur épanouissement. Le but ? D’abord leur faire prendre conscience qu’ils ont droit à un certain bonheur, leur rendre la confiance et surtout, une certaine dignité qu’ils ont perdue trop tôt. La cause de la rue ? Je la découvre petit à petit en les côtoyant. Le voile obscur de leur passé se soulève dans une relation qui se tisse tout doucement avec le fil doré de la confiance. J’y perçois leur détresse, une enfance emportée par une vague violente de misère. Doucement, je rentre dans leur univers et y découvre des parents alcooliques qui battent leur enfant, des mères qui abandonnent leur fils, une mort qui emporte un parent et laisse l’autre sans un sou, incapable de tout sauf d’abandonner son enfant. Tous ceux qui sont au centre ont connu des difficultés profondes : un trou creusé dans le passé souvent malgré eux, dont on essaye de les faire sortir.
Un apprentissage avant la vie en société
Et je suis maintenant au milieu d’eux. Heureuse vraiment. Ils sont actuellement une trentaine, encadrés par un directeur présent jour et nuit qui habite là avec sa famille. Une cuisinière offre ses services aux enfants pour le repas de midi où ils mangent « la boule » (repas typique du Tchad). Le matin et le soir, ils se débrouillent et ce sont eux qui préparent à manger par groupe. Les activités sont variées, il est très important de les occuper afin que l’idée de « la rue » s’évade de cette prison intérieure où elle est restée trop longtemps enfermée. La rue, pour eux, est synonyme de liberté. Il faut donc réapprendre ici à vivre en groupe, avec des règles strictes. Pas toujours facile au début. Un apprentissage avant de repasser dans la vie en société qu’ils retrouveront à 18 ans.
Après l’école qui n’a lieu que le matin ici, les enfants rentrent au centre et nous organisons des temps des cours de soutien l’après-midi. Les activités manuelles sont aussi au programme puisque c’est important que ces enfants puissent aussi acquérir un savoir-faire. En plus de l’école, ils apprennent donc à cultiver, à pêcher, à jardiner, à coudre, à faire un peu de menuiserie pour certains ou de mécanique pour d’autres.
Nous avons la chance de découvrir leur lumière étincelante
Pour moi, l’enjeu est vraiment là : les faire sortir de l’océan de la rue dans lequel ils se sont débattus trop longtemps pour les ramener sur la berge de la Vie et leur rendre une dignité d’enfant de Dieu. Ils doivent sentir dans leur corps, dans leur cœur combien ils sont aimés, même après ce qu’ils ont vécu de terrible.
Petit à petit, je vous partagerai ces moments forts que je vis avec eux. Ces « bandits » sont comme des diamants enfermés dans un écrin bien noir que personne n’avaient encore ouvert jusque-là. Nous avons la chance de découvrir leur lumière étincelante, brillante comme un soleil qui se dévoile après tant de jour de pluie. Et j’ai la chance de pouvoir vous le partager !
Claire Meslot
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