[Cinéma] Les Héritiers : y croire malgré tout

Les Héritiers, de Marie-Castille Mention-Schaar (réalisatrice notamment de Ma première étoile), est tiré d’une histoire vraie. Ahmed Dramé, co-scénariste et acteur du film, a été un des élèves de cette classe qui fut en 2009 lauréate du Concours national de la Résistance et de la déportation. Comme lui, de nombreux candidats ont été marqués par ce concours.

C’est l’histoire d’une prof, plus que motivée, dans une banlieue plus que compliquée, qui propose à sa classe de seconde, plus que dissipée, de participer à un concours national d’histoire sur le thème « Les enfants et les adolescents dans le système concentrationnaire nazi ». Après quelques hésitations et grâce à la persévérance de leur professeur, les élèves décident de s’impliquer et d’aller au bout de l’exercice. Le film raconte l’évolution de leur réflexion, leur appropriation du sujet, leur identification à ces jeunes déportés et l’aboutissement de leur travail.

Le devoir de mémoire

Les Héritiers parle d’abord du devoir de mémoire, un devoir qu’on a parfois tendance à oublier. Il nous rappelle combien cette période de l’Holocauste juif n’est pas si loin. Grâce à ces jeunes, on réalise l’importance du souvenir et du témoignage, car c’est le témoignage qui rend l’Histoire bien réelle. Bientôt les derniers survivants des camps de concentration, comme Léon Zyguel qui témoigne dans le film, ne seront plus là. Il faudra pourtant continuer ce devoir de mémoire et ce film y contribue à sa manière. Il a le mérite de parler de la Shoah autrement que par une fiction qui a lieu à l’époque nazie, mais en racontant comment des jeunes de banlieues aujourd’hui peuvent la recevoir.

Révéler la vie en chacun

Mais Les Héritiers raconte aussi une bataille, celle d’une prof qui a foi en ses élèves, qui veut tirer le meilleur d’eux-mêmes et leur faire prendre confiance en eux. Le film réussit à s’éloigner des clichés de la banlieue, des adolescents réfractaires, pour montrer que l’Histoire les intéresse encore, qu’ils peuvent se l’approprier. Leur professeur les conduit, avec beaucoup de bravoure, sur les chemins effroyables du cauchemar nazi pour leur faire réaliser qu’ils sont eux aussi, quelles que soient leurs différences,  des Français héritiers d’un même passé.

Hélène Pinazo

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