#PartageTonAvent au Liban : le défi de la confiance pour les chrétiens d’Orient

Myriam est volontaire au Liban où la préparation de Noël dépasse les clivages religieux , dans un contexte de paix pourtant si fragile.

Chaque semaine, pendant l’Avent, retrouvez en partenariat avec Inigo et la Délégation Catholique pour la Coopération le récit de volontaires de solidarité internationale : depuis les Philippines, l’Uruguay, le Ghana, le Cambodge, l’Equateur ou le Liban, ils racontent comment ils vivent l’Avent dans le contexte culturel propre où ils sont accueillis.

Devant la Mosquée Al Amin à Beyrouth au Liban

Vu de loin, l’Avent au Liban ressemble beaucoup à l’Avent en France. Il y a des illuminations dans les rues, on installe des crèches et des sapins, les centres commerciaux sont bondés, les enfants chantent « Petit Papa Noël » et « Jingle bells », même à l’école où j’enseigne, où pourtant, 80% des élèves sont musulmans !

Tradition de la Sainte-Barbe pour Chrétiens et Musulmans

J’ai quand même découvert une tradition: celle de la Sainte-Barbe, qui marque le début de l’Avent. La princesse Barbara, au IIIe siècle s’est enfuie de la tour où l’avait enfermée son père qui refusait qu’elle soit chrétienne. Pour ne pas être reconnue, on raconte ici qu’elle s’est déguisée. En souvenir de son courage, le soir du 3 décembre, les enfants se déguisent et vont frapper aux portes des maisons où on leur offre des friandises. Le 4 décembre, on mange du blé bouilli avec des fruits secs et de la fleur d’oranger, le plat typique de la Sainte-Barbe. J’ai eu la chance de préparer cette fête avec une association d’un quartier populaire de Beyrouth. Chaque enfant s’est confectionné un costume et tous sont allés ensuite parcourir les rues, habillés en anges, en sorcières, en princesses, en pirates etc. C’était très joyeux et encore une fois, Chrétiens et Musulmans étaient de la fête, sans distinction. La dimension culturelle de l’attente de Noël semble transcender les clivages religieux !

Le défi de la paix à construire

Quand on creuse un peu, on découvre pourtant le véritable défi que représente l’Avent pour les Chrétiens de ce pays où la paix est si fragile. J’ai eu la chance d’accompagner frère Emile de Taizé, qui était en visite au Liban autour du 10 décembre, à l’évêché de Zahlé, où il rencontrait des jeunes et l’évêque grec-catholique de la région. Zahlé se trouve à quelques kilomètres de la frontière syrienne. Quelques signes nous rappellent que la guerre est toute proche: les icônes accrochées dans le hall de l’évêché ont été rapportées des églises de Syrie qui ont été pillées; et dans la région, les nombreux réfugiés, musulmans pour la plupart, s’entassent dans les camps où les conditions de vie sont très précaires. Ces réfugiés sont des proies faciles pour les recruteurs des groupes djihadistes et beaucoup de Libanais ont peur. Malgré cela, les jeunes que nous avons rencontrés sont vraiment dynamiques et enthousiastes ! Ils nous racontent comment, une fois par mois, ils organisent un événement, une collecte, une discussion pour aller à la rencontre des Musulmans de Zahlé.

Pour ces Chrétiens du Liban, je crois que l’Avent c’est ça avant tout: résister à la peur malgré la violence toute proche et malgré les extrémismes politiques et religieux qui tiraillent le pays; c’est le défi de la confiance.

Myriam, 28 ans, volontaire DCC  à 30km au sud de Beyrouth dans une école maronite à 80% de musulmans, pour du soutien scolaire (et soutien en expression orale en Français) pour des élèves de 5 à 12 ans.

Voir aussi :
Opération #PartageTonAvent
En Avent vers Noël, quelques pistes concrètes
#PartageTonAvent – Aux Philippines, le temps de la rencontre
#PartageTonAvent en Uruguay : « me faire petit pour suivre le Christ »
#PartageTonAvent : l’interreligieux au Cambodge