#PartageTonAvent : l’interreligieux au Cambodge
Elisabeth est volontaire dans un centre interreligieux au Cambodge et nous partage ce qu’elle vit pendant l’Avent dans ce contexte interculturel.
Chaque semaine, pendant l’Avent, retrouvez en partenariat avec Inigo et la Délégation Catholique pour la Coopération le récit de volontaires de solidarité internationale : depuis les Philippines, l’Uruguay, le Ghana, l’Equateur ou le Liban, ils racontent comment ils vivent l’Avent dans le contexte culturel propre où ils sont accueillis.
Je vis ma mission dans un centre interreligieux, Mindol Metta Karuna, à Siem Reap au Cambodge, où nous accueillons de nombreux groupes pour faire des retraites, mais aussi réfléchir sur la paix, l’interreligieux, le handicap… et cela à travers les yeux des pauvres (des réfugiés).
Les employés sont à très forte majorité bouddhistes, mais il y a aussi trois jésuites, dont un en formation. Nous y acceptons toutes les religions, chrétienne, bouddhiste et musulmane, toutes représentées à la chapelle.
J’apprends beaucoup sur le bouddhisme et l’islam, sur les difficultés que rencontrent les réfugiés… La différence culturelle et religieuse me nourrit dans ma propre foi, c’est certain.
Rassemblés dans l’épreuve
Nous venons de traverser une période de deuil très forte. Une jeune femme employée au centre – 19 ans, mariée depuis juillet (avec un autre jeune homme travaillant ici) et enceinte depuis cinq mois – vient de décéder suite à dix jours de maladie. Elle a rencontré un grand nombre de médecins, a été dans divers hôpitaux, notamment à la capitale, Phnom Penh, à 6h de route (amenée par Father Jub, un des prêtres jésuites du centre) mais il était trop tard, les médecins n’ont pu la sauver. Nous avons assisté à ses funérailles bouddhistes. La cérémonie a eu lieu ici, nous avons veillé le corps à l’entrée de la maison des jésuites et nous avons enterré la jeune fille au meilleur endroit possible : au cœur du labyrinthe (symbole du lieu où l’on cherche la paix) réalisé par son père et son beau-père.
Malgré la religion différente, Father Jub a dit une prière, nous nous sommes tous unis pour elle. J’aime croire qu’elle repose à présent en paix.
Hier c’était de nouveau les funérailles d’un collaborateur bouddhiste également travaillant à Preah Vihear – pas loin de la frontière thaïlandaise – qui a eu un accident de moto et n’y a pas survécu. Il travaillait avec nous pour recenser et aider les personnes handicapées sous le projet “SNP” : “Survival Network Project”. Il avait lui-même été victime d’une mine antipersonnel et avait donc perdu une jambe. Pour les bouddhistes, le handicap est souvent interprété comme la conséquence des fautes commises lors d’une vie antérieure. Aussi, la famille s’inquiète pour sa ‘prochaine vie’.
Comment préparer Noël ?
Suite à ces moments tragiques, comment me préparer à Noël ? Ces événements m’ont poussée à prier davantage et plus intensément. Le père Jub célèbre la messe dans la chapelle presque chaque jour, ce qui m’aide à grandir dans ma foi chrétienne. Il est aussi mon accompagnateur spirituel et m’a conseillé pendant ce temps de l’Avent de faire un retour sur moi-même deux fois par jour afin de prendre conscience de ce qui habite en moi.
Nous avons aussi régulièrement des moments partagés avec d’autres catholiques, au Centre, à la messe internationale de l’Eglise catholique de Siem Reap… Ce sont des moments que j’apprécie beaucoup.
On partage vraiment des moments forts avec tous : les bouddhistes venus pour une conférence, des groupes chrétiens avec qui ont a partagé une soirée Taizé, une journée avec des enfants venus des villages, une messe avec deux groupes australiens dans notre chapelle interreligieuse…
Nous avons célébré un premier Noël hier soir avec quinze supérieurs jésuites de Corée qui sont ici pour la semaine pour des réunions, ce fut un diner dans la joie et la bonne humeur.
Demain, nous fêtons Noël avec toute l’équipe du centre. Mes collègues, à majorité bouddhistes, sont prêts pour faire la crèche vivante (avec le bébé de deux employés représentant Jésus et d’autres enfants : l’âne et le boeuf, les moutons … !). Nous commencerons la procession à l’entrée du centre pour la finir dans la chapelle, messe célébrée par Father Jub. Ensuite, nous échangerons des cadeaux et partagerons le dîner. Malgré le fait qu’ils soient bouddhistes, ils sont tous excités par cette soirée.
Enfin, le 24 au soir, nous nous rendrons à l’église de Siem Reap avec l’autre volontaire et sa famille ainsi que Father Jub & Panos et partagerons le repas pour fêter cet heureux événement aussi le 25 au soir. Les prêtres seront très occupés le 25 car ils iront célébrer la messe de Noël dans deux villages flottants donc nous nous retrouverons le soir.
C’est vraiment une grâce de l’Esprit Saint que je reçois chaque jour ici. Je suis entourée d’enfants magnifiques et très souriants, leur parents sont aussi très agréables et on partage de moments forts. Chaque personne travaillant ici m’offre un sourire et je peux dire que je suis aussi entourée de deux saints ; soeur Denise qui est incroyable et père Jub qui est fascinant. Je serai éternellement reconnaissante pour cette expérience fascinante !
Elisabeth
Voir aussi :
Opération #PartageTonAvent
En Avent vers Noël, quelques pistes concrètes
#PartageTonAvent – Aux Philippines, le temps de la rencontre
#PartageTonAvent en Uruguay : « me faire petit pour suivre le Christ »
Commentaires
A toi la parole.
Human being !!!! What a great experience !!
Marc