Volontaire au Congo, cinq mois après
Cela fait 5 mois que je suis au Congo. J’ai eu comme un temps d’arrêt quelques jours avant quand je m’en suis rendue compte : je ne peux pas être quasiment à la moitié de ma mission ! (voir son premier billet : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! » )
J’ai l’impression à la fois que le jour de mon arrivée est si loin, et que je viens d’arriver, fraîchement débarquée, me posant chaque jour de nouvelles questions sur toutes ces découvertes.
Les odeurs de plantes, de nourriture, de pots d’échappement, les bruits de klaxons, dont les plus longs me font parfois imaginer que la boulangère va passer, la circulation périlleuse, les palmiers en pagaille, les fourmis dans la maison, la chaleur ambiante… Tout cela m’est devenu familier. Autant que les enfants, les jeunes, les papas et mamans qui m’entourent au quotidien. Je peux répondre en kikongo quand on m’aborde dans la rue, je ne suis plus surprise quand un-e jeune me prend par la main, je fais de la coloc avec les araignées qu’auparavant je tuais, mon corps se met à bouger tout seul au son de la musique congolaise, vérifier le nuit qu’un serpent ne se trouve pas sur mon chemin est devenu naturel, et il m’arrive même d’écraser des insectes à mains nues.
Nous avons passé les fêtes de fin d’année de façon assez simple. Je m’attendais à de grandes fêtes dignes de ce nom, et finalement, le 25 et le 1er, rien ne me rappelait que nous étions en train de fêter ces deux événements qui font tant de bruit dans mon occident natal, hormis la crèche en Lego trônant entre palmier et bananier. La chaleur ambiante n’y était pas pour rien non plus. En réalité, les anniversaires ou fêtes de diplôme que nous avons déjà fêté au foyer avaient donné lieu à beaucoup plus de préparation.
Ça tombe bien, je ne suis pas très fan des fêtes en grandes pompes.
La nuit de réveillon de Noël s’est passée pour beaucoup à l’église. Je suis allée au séminaire où j’étais invitée, accompagnée de trois jeunes. Le trajet à pieds de nuit est agréable, il règne une ambiance calme et paisible, comme une énergie collective qui émane de cet esprit de fête. Je n’entends même pas de «mundele» à la rencontre d’autres passants. Comme un temps de pause : ce soir, c’est Noël.
Une petite fête est organisée à la sortie de la messe et on se déhanche avec les séminaristes sur un terrain de basket éclairé au néon. C’est aussi l’occasion de faire plus ample connaissance avec l’abbé Jean, qui a étudié et vécu en Europe. C’est toujours intéressant de rencontrer et de partager avec des Congolais qui connaissent aussi l’endroit d’où je viens, ou vice versa : ils sont des personnes ressources pour m’aider dans la compréhension de la culture, cette transition que je dois faire, cet équilibre à trouver.
Le 25 et le 1er nous avons mangé de la viande et des haricots pour la fête, et mis la musique. L’amour pour la musique est je crois inconditionnel au Congo. Ils se vantent même d’être les meilleurs danseurs de l’Afrique : à les regarder exécuter des mouvements comme s’ils avaient une parfaite maîtrise de tout leur corps, je n’ai pas beaucoup de mal à les croire. Leur énergie m’impressionne : certains n’ont pas beaucoup dormi, mais si je n’arrêtais pas la musique au moment du coucher, ils pourraient continuer encore toute une nuit.
En ce qui concerne ma mission, j’avance au rythme congolais. Je prends la mesure de ce qui m’entoure, je prends le temps de connaître les papas et mamans et leurs richesses pour mieux les valoriser. Je préfère faire des petits pas et avancer sur quelque chose de solide, plutôt que de voir de grands projets s’effondrer. Je travaille beaucoup avec les responsables dans la logique d’une organisation constructive : les responsables, puis l’équipe, puis les jeunes. Nous avons des temps de rencontres réguliers, où nous parlons aussi bien de l’équipe, de l’organisation du foyer, des jeunes… Je me rends compte de leurs compétences et suis plutôt sereine pour la suite : ils sont volontaires, désireux d’apprendre, ont une bonne analyse des situations, et ils se complètent assez bien. Pour l’instant nous essayons surtout de développer la cohésion de l’équipe : si l’esprit de famille existe au sein de l’équipe, il découlera plus facilement sur les jeunes et la vie générale du foyer.
J’essaye toujours de regarder au-delà de cette année, en tenant compte des moyens humains limités et des sensibilités et compétences de l’équipe, en me demandant si tel ou tel projet perdurera sans volontaire (car il n’y en aura plus l’année prochaine). Et en même temps, me dire qu’il ne faut pas que je me limite à cela, que ce qui est vécu est déjà important, même si cela ne s’avère pas pérenne. C’est un juste équilibre, parfois difficile à trouver : penser à «l’après» mis vivre ce qu’il y a à vivre maintenant.
Vivre sur son lieu de mission, qui plus est dans un foyer avec 30 ados pleins de vie, n’est pas toujours chose facile. Le repos peut être difficile à trouver, les sollicitations constantes, la fatigue pesante… Mais cette vie m’offre tout de même de beaux moments de vie quotidienne, de vie congolaise : cuisine, ateliers tresses, musique, chants, danses, causeries sous les étoiles… Autant de moments qui ajoutent de la magie dans cette grande aventure.
Amélie, 25 ans, éducatrice spécialisée
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Journal d’un jeune couple de volontaires
Commentaires
A toi la parole.
Merci d’élargir au delà de la DCC, les possibilités de stages missionnaires catholiques, en donnant d’autres références.