« La vie consacrée ne rime pas avec facilité mais avec pauvreté »
Aurélie Allouchery, sœur de Notre Dame de Bon Secours de Troyes, nous invite à mieux comprendre ce que signifie le choix de s’engager à aimer et servir le Christ de manière radicale.
Voilà maintenant 10 ans que je suis une sœur de Notre Dame de Bon Secours de Troyes. « Je suis », ou plutôt devrais-je dire : « Je deviens une sœur », comme on devient disciple du Christ. Par grâce.
Accepter de lâcher prise
La vie consacrée ne rime pas avec facilité mais avec pauvreté. Suivre le Christ pauvre, chaste, obéissant, c’est accepter de lâcher prise, de se détacher de ses certitudes, c’est reconnaître, comme le dit St Paul « le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. »
Qu’est-ce que s’engager de manière radicale à la suite du Christ ?
S’engager à aimer et servir le Christ de manière radicale, c’est entrer dans ce mouvement d’abaissement que le Christ a choisi pour revêtir notre humanité, la connaître dans ce qu’elle a de plus ténébreux, de plus sombre et la porter jusqu’à la Lumière de la Résurrection.
Les épreuves
Quand j’ai démarré mon noviciat (la formation pour devenir religieuse), j’ai rejoint une communauté de sœurs de générations et de cultures différentes. La différence de personnalités, d’habitudes, d’éducation m’a beaucoup troublée au départ. Pourquoi est-ce qu’elles ne me ressemblaient pas davantage, moi dont la personnalité, les habitudes, l’éducation étaient bonnes et donc à suivre ! Pourquoi étais-je si gênée, si agacée par leurs « manies » ? Je voulais qu’elles changent !
« Quoi ! Tu regardes la paille dans l’œil de ton frère ; et la poutre qui est dans ton œil, tu ne la remarques pas ? » ai-je entendu dans la prière comme une invitation à me regarder en face, en vérité, sous le regard miséricordieux du Christ. Et moi de lui répondre : « Scrute-moi, mon Dieu, tu sauras ma pensée, éprouve-moi, tu connaîtras mon cœur. »
« Le Seigneur m’a emmenée loin, très loin »
Il m’a emmené loin, très loin dans le creux de mon humanité, a percé une épaisse carapace. J’y ai découvert l’enfer. « Tiens ton esprit en enfer et ne désespère pas » m’a soufflé le Starets Silouane (un Saint orthodoxe du Mont Athos, 1866-1938) dans une lecture spirituelle.
Non, je n’ai pas désespéré. J’avais confiance en Celui que j’aimais plus que tout. Comment pouvais-je douter de lui, lui qui me répétait sans cesse : « Tu as du prix à mes yeux, de la valeur, je t’aime. » Il était avec moi. J’ai pris des risques, me suis corrompue. Il ne m’a jamais lâché la main quand je l’agrippais. Avec lui, je n’ai pas eu peur de voir la boue au fond de mon humanité.
Avec cette boue, il a consolidé le vase d’argile que je suis. Oui, sa puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.
Fais-lui confiance, et lui il agira.
Sr Aurélie Allouchery, 39 ans
Reportage du Jour du Seigneur avec sr Aurélie
Pour moi, une image qui symbolise le passage de la mort à la vie
Comme le montre cette image, la vie religieuse ou la vie « tout court » implique des efforts pour gagner davantage en souplesse. Cela suppose un entraînement quotidien. S’étirer régulièrement pour s’assouplir dans ses relations avec les autres, avec soi, avec Dieu. Souffler pour ne pas se raidir et moins souffrir. S’incliner pour accueillir l’autre dans sa singularité. Rester en mouvement pour ne pas s’ankyloser et manquer la rencontre. C’est la part qui nous revient !
Ainsi, pour moi, le Carême est une période privilégiée où je suis plus attentive à la qualité de ma vie relationnelle avec Dieu, mes sœurs, les personnes rencontrées et moi-même. Dieu est relation. Si je désire l’aimer et le servir alors je dois veiller sur mon prochain. « Qu’as-tu fait de ton frère ? »
Ma famille religieuse ?
Le père Paul-Sébastien Millet est le Fondateur de la Congrégation de Notre Dame de Bon Secours de Troyes qui vit le jour en la fête de l’Annonciation, le 25 mars 1840.
Il a regardé les gens de son temps en homme de Dieu.
Il a découvert que les malades de toutes catégories sociales manquaient de soins efficaces et étaient souvent abandonnés dans les campagnes mais aussi dans les villes.
Mal soignés, la mort était précoce et la cellule familiale se détériorait rapidement, tant au niveau de la cohésion de la famille qu’au niveau de la vie de foi.
C’est la foi en cette parole de Jésus : « J’étais malade et vous m’avez visité » (Mt 25, 36) qui a enfanté la Congrégation.
Le but essentiel est de venir en aide à l’humanité souffrante, compatir, prendre soin, soulager des membres souffrants du Christ, selon l’esprit qui nous caractérise : charité, humilité, simplicité
En collaboration avec d’autres professionnels, la sœur du Bon Secours prend soin des malades et des familles en difficultés et rapporte tout à Jésus qui lui dit : « Ce que vous faites aux plus petits des miens, c’est à moi que vous le faites… »
Ainsi les Sœurs essaient de dire Dieu sans le nommer forcément, selon la conviction de St Bernard : « Ce que l’on fait, crie plus fort que ce que l’on dit. »
Site internet de la congrégation Notre-Dame de Bon Secours
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