Le Congo au quotidien, journal d’une jeune volontaire internationale
On retrouve Amélie, 25 ans, éducatrice spécialisée en République Démocratique du Congo avec la Délégation Catholique pour la Coopération pour un an !
Lire ses précédents billets :
Billet 1: « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! »
Billet 2: Volontaire au Congo, cinq mois après
Escapade en forêt équatoriale
Le Congo regorge de merveilles naturelles : montagnes, réserves naturelles avec gorilles, okapis, bonobos, forêt équatoriale… Malheureusement il est très difficile de les découvrir : les infrastructures de transport sont très peu développées. Pour bouger, il faut une jeep, des moyens, des connaissances… et beaucoup d’argent ! Par exemple, si on veut aller à l’est du pays, où se trouvent la plupart de la faune et flore, la trajet en avion coûte plus cher que celui pour la France.
Alors quand un copain est allé vers les chutes de Lupens pour son travail, j’en ai profité pour l’accompagner.
5h de routes dont 3 de pistes pour se rendre à Kitona.
Nous voyons d’abord les chutes de haut : 45m, c’est très beau ! Puis on nous dit qu’il y a un chemin pour aller les voir d’en bas. Nous nous engouffrons dans la forêt et là ça descend… raide ! C’est parti pour une descente sportive en sandalettes dans un décor digne de la forêt équatoriale : s’accrocher aux lianes, aux troncs d’arbres, faire attention à ne pas glisser, repérer les trous, aïe ! ça c’était un tronc avec des épines.
Un papa avec une machette fraye le chemin et coupe les bambous pour que nous puissions nous approcher. Il se retourne, livide, à la vue d’un serpent gros comme son poing, on décide de s’arrêter là.
On reçoit d’ici les gouttes d’eau que projettent les chutes, comme un crachin.
C’est impressionnant et magnifique.
La visite de ma famille
J’ai eu la chance d’avoir la visite de toute ma famille pendant 15 jours. Des retrouvailles émouvantes, et un air un peu surréaliste de voir mes parents et mes deux sœurs débarquer dans ma vie congolaise ! Mais le tableau n’a pris que de plus belles couleurs. Une grosse bouffée d’air (et de saucisson) qui m’a fait le plus grand bien !
La Coupe d’Afrique des Nations
Nous avons vécu une période footballistique assez intense avec la Coupe d’Afrique des Nations. C’est la Côte d’Ivoire qui en est sortie vainqueur, la RDC est arrivée 3ème. Pas mal ! Mais ce n’est pas le plus important. La RDC a remporté un match encore plus décisif que la finale : celui contre le Congo-Brazzaville. Depuis plus d’un an, le Congo-Brazzaville expulse dans la violence des milliers de Congolais de RDC, et continue de les rechercher et de les chasser sans relâche. Menés avant la mi-temps 2-0, les Léopards de RDC ne se sont pas laissés abattre et ont gagné le match 4 à 2 ! La RDC a eu une belle victoire, et une euphorie insouciante le temps d’une soirée.
La communication dans la culture congolaise
Quelque chose que j’apprécie beaucoup dans la culture congolaise, c’est la façon de manier les mots, de transmettre les idées, de communiquer. On prend le temps de se parler, d’expliquer les choses, de détailler la façon dont ça s’est passé, du début à la fin. Je suis sans cesse en admiration devant papa Louis qui excelle dans le domaine, moi qui suis très synthétique et n’arrive pas à développer un sujet en plus de 3 phrases à l’oral.
Le rite de la “réconciliation”
Par exemple, la réconciliation est quelque chose de très institué.
Lors de la dernière réunion d’équipe, nous mettons le doigt sur des tensions entre les mamans. Elles s’expriment sans détour sur leurs difficultés et ce qui leur pose problème. Les papas eux, ont un rôle de conseiller, de sage. C’est agréable de les voir dans une telle posture, je n’en ai pas l’habitude.
D’ordinaire, après avoir entendu les points de vue des personnes concernées, celles-ci partent et laissent les autres trouver une solution au problème.
La semaine suivante, nous partageons le vin de palme pour sceller la réconciliation.
Susciter une manière de faire
Des petites choses ont évolué sur l’organisation du foyer. Par exemple, au début de l’année, maman Pascaline (la responsable) avait décidé de séparer les jeunes pour les tâches : filles à la cuisine et garçons à la source. Je n’étais pas d’accord avec ça mais je voulais que le changement vienne d’eux et pas de moi. J’avais déjà abordé le sujet, en vain. Enfin, il y a quelques mois, nous en avons parlé entre responsables et nous avons fait des groupes mixtes pour chaque tâche. Je trouve que depuis les relations sont plus détendues entre les jeunes, et je suis heureuse de voir plus souvent filles et garçons réunis, échanger avec plus de sérénité.
Le projet d’élevage des jeunes
Les jeunes ont pour projet de faire un élevage pour contribuer au financement du foyer. Nous sommes allés visiter différents élevages pour nous permettre de définir lequel serait le plus approprié pour le foyer, en fonction du coût, de l’entretien… Les jeunes ont envie d’agrandir notre élevage de poules, et seraient tentés par les lapins. L’objectif de ce projet et de développer leur prise d’initiative puisqu’ils devront trouver eux-mêmes ton financement.
Nostalgie ?
8 mois passés ici, une petite nostalgie du temps passé avec mes proches et de mon quotidien en France se fait ressentir. Mais l’idée de devoir dans quelques mois quitter le foyer, le Congo, les jeunes, est douloureuse et me parait un peu irréelle. Enfin, c’est aussi ça l’aventure !
Amélie, 25 ans, éducatrice spécialisée
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A toi la parole.
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