Célibat : « On porte du fruit, quel que soit notre état de vie »
Être trentenaire et célibataire, quand on ne l’a pas choisi, ce n’est pas toujours facile à vivre dans l’Eglise et dans la société. Véronique Westerloppe, rédactrice pour Jeunes Cathos blog, a rencontré Claire Lesegretain, auteur du livre « Etre ou ne pas être célibataire » (1) et animatrice de sessions pour célibataires chrétiens, désireux d’avancer sur un chemin de fécondité.
« Depuis quinze ans, j’ai rencontré près de 2000 célibataires, âgés majoritairement entre 30 et 45 ans. La plupart d’entre eux expriment une certaine souffrance par rapport à leur état de vie. Comme s’ils se sentaient responsables de leur situation… », raconte Claire Lesegretain, grand reporter à La Croix, auteur du livre Etre ou ne pas être célibataire (1) et animatrice de sessions pour célibataires chrétiens désireux d’avancer sur un chemin de fécondité.
Ce livre, elle l’a écrit à 37-38 ans, alors que son célibat se prolongeait et qu’elle cherchait des livres, des moyens pour l’aider à vivre positivement cet état de vie. Ce fut l’occasion de rencontrer des célibataires ayant une vie riche, mais aussi des théologiens, des « psys », des sociologues ou des historiens… qui tous l’aidèrent à trouver un sens, une espérance pour elle et pour d’autres célibataires en souffrance.
Adhérer à son état de vie plutôt que le subir
Aujourd’hui, Claire Lesegretain, 56 ans, évoque la sortie de cet ouvrage, « quelques semaines après ses 40 ans, » comme une « thérapie ». Et comme une des étapes qui lui ont permis de faire le deuil de cette famille qu’elle aurait souhaité fonder. Il ne s’agit pas nécessairement de renoncer au conjoint attendu, mais plutôt d’avancer, ce qui suppose d’ « adhérer librement à cet état de vie non choisi ».
Pour ceux qui souhaitent mieux vivre leur célibat, Claire Lesegretain donne quelques pistes. « Une fois que l’on a adhéré à son état de vie présent, explique-t-elle, on peut prendre des moyens concrets : élargir son réseau amical ; repérer peut-être pour certains ce qui consciemment ou inconsciemment, empêche la rencontre et l’engagement avec l’autre sexe, ce qui peut se faire avec l’aide d’un thérapeute, d’un accompagnateur spirituel ou même parfois simplement d’un(e) ami(e) fiable ayant du discernement et de la sagesse.
« Faire une retraite, se retirer quelques jours au calme, souvent, peut aider, suggère Claire Lesegretain, pour relire son histoire sous le regard du Seigneur, en Lui demandant d’éclairer ce qui a été blessé, abîmé dans sa vie ». C’est alors le Seigneur qui donnera sens et fécondité à cette pauvreté apparente.
Aujourd’hui prépare demain
C’est pourquoi il importe de connaître ses goûts, ses talents, ses désirs profonds pour les confier au Seigneur et lui demander de les faire fructifier pour les autres. Le célibat peut être une période positive de la vie où on prend le temps de se construire, de prendre des responsabilités, de s’engager, de rendre service, dans un dynamisme d’autonomie, de créativité. On se dispose ainsi, en vivant pleinement chaque instant, à mieux vivre son célibat. Un autre lieu de fécondité pour les personnes célibataires est celui des amitiés, riches, profondes, diversifiées.
La tentation, parfois, peut être de se comparer aux autres, notamment à ceux et celles qui sont mariés, « mais il faut s’en garder, par hygiène mentale, car de telles comparaisons provoquent amertume, ressentiment, et les autres perçoivent cette forme d’auto-exclusion… » La réaction de l’entourage peut alors être le rejet, même inconscient. Mais cela ne sert à rien d’idéaliser le mariage : il n’est pas une fin, un but, mais un moyen – comme tous les autres états de vie, pour se mettre à la suite du Christ.
Cet appel à suivre le Christ concerne tous les baptisés, quel que soit leur état de vie ! D’ailleurs, Jésus dans l’Evangile ne fait jamais attention à l’état de vie de ses interlocuteurs. C’est toujours à la personne, à son désir de vérité et de sens, qu’il s’adresse…
Recueilli par Véronique Westerloppe
(1) « Etre ou ne pas être célibataire », éd. Saint Paul, 1998
(2) « Célibats, célibataires, quelles perspectives en Eglise ? » Document Episcopat, mars 2010
(3) http://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Les-eveques-de-France-reflechiront-sur-les-celibataires-negliges-par-le-Synode-2015-02-26-1285202
A écouter : Donner sens à mon célibat
Voir aussi :
Célibataire à la Saint-Valentin, et alors ?
Les prochaines sessions
– Solos en quête de sens (3 jours)
Du jeudi 15 octobre (19h) au dimanche 18 octobre (16h)
Centre spirituel Assomption Lourdes
21 av Antoine Béguère
65100 LOURDES
Tél. : 05.62.94.39.81
Courriel : lourdes.assomption@wanadoo.fr– Solos en quête de sens
du vendredi 20 novembre (19h) au dimanche 22 novembre (17h)
au centre spirituel ignatien du Hautmont
(avec Isabelle Danjou, CVX)
31 rue Mirabeau BP 19
59420 MOUVAUX
Tél. : 03.20.26.09.61
Courriel : hautmont@nordnet.frCes sessions sont ouvertes à tout homme ou femme vivant seul (célibataires n’ayant jamais été marié ; personnes ayant vécu en couple et sortant d’une rupture ; divorcés non remariés avec ou sans enfants), à partir de 27-28 ans et jusqu’à 55-56 ans environ.
Ces sessions concernent toute personne seule qui cherche du sens à sa vie, et qui se considère chrétienne (catholique ou protestante), même si elle n’est pas pratiquante, voire même pas baptisée.
Ces sessions, selon la pédagogie ignacienne, permettent de relire, sous le regard bienveillant de Dieu, sa situation actuelle non choisie de « solo ». Et ce, afin d’y adhérer librement pour y trouver du sens et devenir davantage fécond, sans préjuger de l’avenir…
Au cours de ces cessions, 4 types d’activités sont proposés :
1) comprendre et réfléchir à son état de vie actuel à partir de 5 topos (approches sociologique, psychologique, affective, biblique et spirituelle du célibat), plus ou moins denses selon que la session dure 2, 3, 4 ou 6 jours ;
2) se ressourcer spirituellement, en prenant des temps de prière et en participant (facultatif!) aux offices religieux de la communauté religieuse sur place ; l’Eucharistie quotidienne est proposée ainsi qu’une veillée de prières partagées en soirée ;
3) relire son état de vie et partager en petits groupes et en confiance, à partir de questionnaires, pour mieux discerner ce à quoi on est appelé ;
4) se reposer et se détendre dans un cadre agréable avec la possibilité de ballades en groupe, selon la durée (et la météo !) de la session.
Commentaires
A toi la parole.
Entre mariageolâtrie et vocatiolâtrie, enfin on parle un peu du célibat non consenti!