Amélie, jeune volontaire au Congo : bientôt le départ
Amélie a 25 ans, elle est arrivée en République Démocratique il y a environ un an grâce à la Délégation Catholique de Coopération en tant qu’éducatrice spécialisée. Sa mission se déroule au Foyer Karibu, comme éducatrice-coresponsable. Elle nous envoie un dernier billet, avant son départ début juillet ! Une expérience inoubliable dont elle sort grandie, malgré quelques lassitudes…
Pour découvrir le journal d’une jeune volontaire dans son intégralité
Cela peut surprendre mais je vais commencer le moins réjouissant : s’il y a quelque chose qui m’est difficile, c’est l’attitude de demande, très fatigante, j’ai du mal à m’y habituer. La dernière fois, le fils d’une professeure de français qui fait du soutien au foyer est venu me rendre visite avec sa maman. Les seuls mots qu’il a prononcés ont été : « Donne-moi les jouets ». Un soir, un copain m’a demandé de lui prêter un stylo, mais je n’ai trouvé que des « beaux » stylos. J’ai hésité un instant, n’ayant pas envie d’entendre « eh mais tu as des beaux stylos ! ». Avant de partir, il m’a demandé de les lui donner. Que ce soient des personnes que je connais bien ou que je croise, les demandes sont toujours là : argent, vêtements, nourriture, eau… Ça m’excède parfois, mais puis-je leur en vouloir ? Je ferais peut-être la même chose à leur place. Un ami m’a proposé de faire la comparaison entre les volontaires et les expatriés : le budget annuel des volontaires n’atteint pas le salaire mensuel d’un expatrié (qui travaille pour des ONG, des agences de coopération…). Ainsi, pour un volontaire, un poulet-frites en ville vaut un dixième de sa paye, alors que c’est une petite dépense pour nos amis expats.
Je suis venue pour vivre un échange culturel, et j’apprécie toutes ces rencontres. Mais je me rends compte être plus en confiance quand je rencontre un Congolais qui a un niveau d’étude élevé, qui a déjà voyagé… La relation est plus équilibrée et je ne m’attends pas à ce que cette personne finisse par me demander quelque chose, je sais que cet échange est gratuit.
Des rencontres surprenantes et joyeuses
L’administration congolaise n’étant pas aussi accueillante que ses habitants, mon amie Cécile qui devait venir passer des petites vacances en avril n’a pas pu avoir son visa. Grosse déception pour nous deux. Elise a eu plus de chance, mais autant de péripéties. C’est vraiment une chance de recevoir de la visite et de pouvoir partager mon quotidien avec mes amis ou ma famille. Tours en pirogue, baignade dans le Kwilu, visites, repas chez des amis congolais, promenades, et même un petit bal folk au foyer ! J’ai eu aussi la visite d’Edwige et Maéva, deux copines volontaires à Kinshasa qui travaillent avec les enfants des rues. Une bouffée d’air pour tout le monde !
Pendant un trajet Kinshasa Kikwit (540km) nous nous sommes retrouvés avec un petit problème de voiture. Nous avons dû patienter toute l’après-midi pour qu’une autre voiture vienne nous chercher, à deux heures de Kinshasa. Mais ce fut une après-midi géniale. Nous nous sommes « posés » chez une maman qui vendait des bières dans sa parcelle. Nous nous sommes retrouvés à faire cuire les deux perdrix achetées en route pour éviter qu’elles ne pourrissent pas. J’étais entourée de gens extrêmement gentils et bienveillants. La meilleure panne de voiture de ma vie !
Le départ, entre nostalgie et soulagement
Mais voilà, c’est (presque) fini. Samedi prochain, le 4 juillet à 21h je quitterai les terres du Congo. Au foyer, presque tous les enfants sont déjà partis. Ils vont passer leurs vacances dans leurs familles (certains ont encore leur papa, pour les autres c’est la famille élargie). Les « au –revoir » se sont mieux passés que ce que j’avais imaginé : les jeunes étaient contents de partir en vacances et de retrouver leur famille, donc même si on était tristes de se quitter, l’ambiance n’était pas trop larmoyante.
Tant de choses vécues en une année… J’ai parfois eu l’impression que le temps passait trop vite, ou pas assez vite. Aujourd’hui j’ai l’impression d’être arrivée il y a quelques semaines seulement. Je ne pourrais pas vous dire aujourd’hui tout ce que cette expérience m’a apporté, sur le plan humain et personnel, je n’ai pas encore le recul nécessaire pour cela. Je ne sais pas si je réalise encore très bien que dans une semaine je quitte tout ce qui a fait mon quotidien pendant près d’une année. Une certaine impatience de rentrer m’habite aussi. Retrouver ma famille, mes amis, être entourée, pouvoir marcher dans la rue sans entendre « Mundélé ! »… Des départs, des retours, des retrouvailles, des joies, des pleurs, ça fait partie de l’aventure, ça me fait vivre et grandir. Mais la page ne se tourne pas encore, je suis toujours là et il me reste des choses à vivre.
« Où tu vas, tu es »
Petits bonheurs du foyer Karibu
« Maman Laure, un colibri est entré dans la maison ce matin, c’était beau ! » – “Ah mais il fallait fermer la porte pour l’attraper et le manger !”
« Mais Amélie, pourquoi tu caresses le chat ?»
« Siley (qui est devant moi), qui est encore dans les douches ? » – C’est pas moi !
Dans une chanson, « ce soir c’est moi qui rince » devient : c’est ça ma kirasse
« Ah, cette fille je l’adore en esprit ! »
Dis moi quelque chose en anglais » – I love you
– Bonjour Bonheur ! Bonjour Merveille ! (prénom des enfants)
« Rémy, enlève tes vêtements…. De la moustiquaire » – Oui oui, d’accord, je me mets tout nu, pas de problème !
Georges : « moi plus tard je serai polygame. » Maman Laure : « et avec quel souffle ? »
« Plus tard j’aurai plusieurs femmes comme ça je mangerai bien »
Je mange avec Maman Laure sur fond de musique, elle bouge un peu en rythme. Georges : « yha yha, tu manges avec du sel » ? – non, c’est sans sel. – ah, tu danses comme s’il y avait du sel. – …
Le petit Claude de 6 ans quand il corrige mon kikongo, que je répète : « Oui c’est bien Amélie, très bien »
Edwige vous avez des enfants ? » – Non – « Mais qu’est-ce que vous attendez ? »
Commentaires
A toi la parole.
Je suis très ravi des bons souvenirs de Amélie chez nous en RDCongo où la situation des enfants restent dégradante,courage et bonne continuité…certes,je vous exhorte de continuer avec de telles initiatives étant jeunes et je me demande pourquoi seulement choisir la capitale?Car ici en ville de Goma-Est de la RDCongo à peine sorti d’une guerre injuste, nous jeunes, nous n’avons pas de soutient même avec nos autorités ecclésiastiques,comment pouvez-vous nous réveiller départ votre expertise et expérience?Je peux avoir une idée comme la votre mais faute des moyens techniques je n’y peux rien…ainsi fait je sollicite auprès de votre bienveillance de nous être proche et de travailler ensemble comme bénévole ou volontaire selon la possibilité?
Je suis Alfred Bukuhi, un jeune engagé de Goma, je vous suit aussi sur des réseaux sociaux, enchanté de vous et je serai content de vous lire.
Mon mail:abukuhi@gmail.com
Bien cordialement
Mboté Amélie! Nous avons partagé un période inoubliable avec toi à Kikwit…Comme coopérant gâté, j’ai une très grande admiration comme tu l’as fait, Amélie, chaque fois, dans la folie du foyer avec ces jeunes, ces repas monotones….avec mingi d’énergie, optimisme et persévérance aussi quand les autorités, certains congolais ou expats te compliques tes activités, vivre dans une telle réalité… Félicitations et un grand merci pour colorer les jours pour ces jeunes du foyer et mamans (pour nous tu l’as fait « en tout cas » au bord du Kwilu!) Sans doute cette expérience a changé ta vie…et tu ne peux qu’être fière de toi et surtout ce que tu as pu réaliser en Bandundu !