El Nino : du rap chrétien pour diffuser la Bonne Nouvelle dans les quartiers

Alors que s’ouvre le Jubilé de la Miséricorde la semaine prochaine, El Nino, chanteur de rap chrétien, va à l’encontre des clichés sur la banlieue. Partisan du vivre-ensemble, il met le rap au service de la foi et sort le single « 93 rue de la miséricorde » pour les JMJ.

De son vrai nom Nino Bolangi, El Nino (« la Bonne Nouvelle »), 26 ans, a toujours vécu à Aulnay-sous-Bois, dans la « cité des 3000 », celle qui fut au cœur des émeutes de 2005. Devenu éducateur sportif et catholique engagé, il a créé en 2012 une association, Golgotha Music, qui propose des activités sportives et artistiques aux jeunes du quartier. C’est avec eux qu’il a réalisé l’hymne du diocèse de Saint-Denis pour les JMJ « 93 rue de la miséricorde ».

Il nous en dit plus sur son parcours.

J’ai commencé à faire de la musique autour de 13-14 ans, au collège. Notre musique était hostile, avec des messages revendicatifs. On avait une certaine rage à véhiculer. Le rap était le seul moyen qu’on avait pour s’exprimer. On a eu la chance de monter sur scène. On a pu être écoutés.

« L’Eglise, le seul endroit où nous n’étions pas jugés »

Le premier album d’El Nino “Renaissance”

Je viens d’une famille chrétienne mais avant j’allais à l’église car mes parents m’y poussaient. Tout a changé quand on m’a donné l’occasion d’être en responsabilité auprès des jeunes lors du Frat de Lourdes en 2010. Cela m’a fait grandir, j’ai pris conscience que d’autres comptaient sur moi. Je suis ensuite devenu actif dans le diocèse de Saint-Denis, pour l’accompagnement à la confirmation, dans l’équipe pastorale du diocèse, etc.

Ce qui m’a toujours frappé dans l’Eglise, c’est qu’on n’y était pas jugé. J’ai toujours été pris comme je suis. Cela m’a beaucoup touché. C’était aussi le seul endroit où il y avait des limites.

Le rap au service de la Bonne Nouvelle

Au fur et à mesure de mon évolution dans l’Eglise, j’ai eu envie d’utiliser le rap pour transmettre le message du Christ.

C’est au retour des JMJ de Madrid en 2011 que j’ai créé ma première chanson pour Jésus : « Je crois ».

Golgotha Music

Des jeunes de l’association Golgotha Music

En 2012, avec d’autres éducateurs sportifs comme moi, nous avons créé notre propre structure « Golgotha Music » pour favoriser l’insertion des jeunes, par la pratique d’activités sportives et artistiques. L’idée de départ était à la fois de créer un label de musique chrétienne mais surtout de favoriser l’aspect éducatif qui nous tient à cœur. Nous voulions aussi faire le lien entre l’Eglise et le quartier.

A l’école, nous avions des échos de profs qui se plaignaient des comportements des uns et des autres. Des activités comme la boxe par exemple permettent de canaliser la violence qu’ils ont en eux. Et à travers le rap, ils peuvent mettre des mots sur ce qu’ils vivent, ça a un rôle exutoire, ça leur fait du bien. On voit de réels fruits apparaître, des changements de comportement.

J’ai été très touché dernièrement par un jeune qui m’a dit que Golgotha Music lui avait permis de voir l’Eglise autrement, sous un autre angle. Les jeunes d’ici fréquentent beaucoup d’amis musulmans, certains se posent de nombreuses questions sur la religion.

Affirmer sa foi chrétienne

J’essaie de faire prendre conscience aux jeunes que les musulmans sont peut-être les plus visibles mais pas forcément les majoritaires. Qu’il faut oser et ne pas avoir peur d’affirmer sa foi en tant que chrétien. Christ est amour donc quoiqu’il arrive, quand on prend cette initiative de dire qu’on est chrétien, il s’agit de partager cet amour aux autres.

L’interreligieux et l’interculturalisme, on le vit au quotidien chez nous. On fait beaucoup de choses avec les musulmans, on échange entre nous… Nous essayons d’apprendre de chacun.

Dans notre prochain single « La foi dans les cités », prévu pour avril-mai 2016, on aura l’occasion d’entendre les jeunes de l’association, sur la manière dont ils vivent leur foi.

« 93 rue de la miséricorde »

“93 rue de la miséricorde”, single d’El Nino – Golgotha Music pour les JMJ de Cracovie

Notre premier album « Renaissance » est sorti en mai 2015. Nous sommes partis de rien, cet album est pour nous une grande victoire.

Le dernier single « 93 rue de la miséricorde » est un hymne pour les JMJ de Cracovie. En parlant de miséricorde, j’ai voulu me rapprocher du thème des JMJ et continuer le combat qu’on essaie de mener pour aller contre tous les clichés.

J’aimerais dire aux jeunes cathos : ne vous fiez pas à l’image véhiculée par les médias. Les quartiers sont porteurs de valeurs positives. L’Eglise et les jeunes eux-mêmes peuvent faire des merveilles. Je vois l’évolution de certains jeunes, comme je les sens heureux aujourd’hui…

Venez dans nos quartiers, dans nos églises, venez voir comment cela se passe !