Laisse-toi tenter par Dieu !
Pendant le Carême, retrouve chaque dimanche la méditation de l’Evangile par le père Emmanuel Coquet pour t’accompagner dans ton quotidien !
1er dimanche de Carême : les tentations. Evangile de Luc 4, 1-13
Déjà 4 jours de marche…
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais il fait soif ! Il fait soif dans ce désert et je ne vous cache pas que la perspective d’une bière bien fraîche, partagée avec des amis, ne m’est pas déplaisante. Mais j’ai beau chercher, pas de paillote à l’horizon.
Le désert, un milieu hostile
Car voilà, le désert où nous retrouvons Jésus, n’est pas cet espace gentillet pour refaire nos forces, comme on l’entend parfois, en prenant une « journée de désert » pour vivre plus intimement avec le Seigneur. Non. Ici, il s’agit d’être confronté à un milieu hostile, au lieu de la mort et de la solitude… pour en sortir vainqueur et transformé !
Ce récit des trois tentations de Jésus au désert contient un enseignement essentiel pour chacun de nous. Il ne s’agit pas d’abord d’un combat extérieur, qui est dénoncé dans l’évangile, mais c’est la réalité d’un cœur divisé en lui-même que Dieu nous découvre, non pour nous accabler mais pour nous redire sa volonté d’unifier notre être. Telle est l’œuvre de la miséricorde de réconcilier, d’unifier nos facultés.
Devenir des vivants !
Dans ce grand vent d’orgueil qu’on lui soufflait, Jésus tient bon dans la force de l’Esprit Saint. Il s’accorde à la volonté de son Père. Alors avançons nous aussi à travers le désert, c’est là que Dieu nous attend pour que nous devenions libres devant la tentation ; que nous n’y soyons pas soumis ; pour ne plus être enfermé par de faux discours, par de fausses promesses. C’est ainsi que nous pouvons devenir des hommes vivants.
Quelles sont les 3 tentations ?
Peut-être est-ce une évidence, mais il nous revient de redire que ces trois tentations sont aussi les nôtres : celle de l’appétit de posséder, de la réussite, celle d’éprouver, de dominer notre propre vie.
Notre pain quotidien
Le pain quotidien, c’est bien ce qui constitue notre nourriture, mais plus largement, nous pourrions dire qu’il s’agit de ce qui fait notre préoccupation, de ce qui mobilise notre énergie pour vivre. Et pour vous, jeunes, c’est avant tout votre engagement dans les études, votre profession, vos loisirs, votre famille…
Si tout cela est important, est-ce pour autant un absolu, une fin en soi ?
Jésus dans son absolue liberté répond que « L’homme ne vit pas seulement de pain ». Nous voulons « assimiler » alors que Dieu nous offre de nous recréer en ordonnant nos désirs, en ouvrant notre cœur à sa Parole qui élève et donne de hiérarchiser nos appétits. Quel est mon désir, ma soif de Dieu dans mon désert ?
Suis-je condamné à n’aspirer qu’aux plaisirs immédiats et insatisfaisants ou bien est-ce que je laisse Jésus me révéler la grandeur de mon existence ?
La « vaine gloire »
La deuxième tentation porte sur l’ambition, la « vaine gloire ». Vous me direz – avec raison – que la réussite n’est pas un mal, certes ; mais si cette quête de réussite devient un absolu, et qu’elle mène au mépris et à l’ignorance de l’autre, si elle conduit à sacrifier aux idoles de notre temps, au dieu-technologie, à mettre sa foi dans la science et non en Jésus Christ, alors vous ne ferez que courir après votre petit succès, briller, agir pour la gloire aux yeux des hommes. Voilà ce à quoi il convient d’échapper par un véritable chemin d’humilité.
Se prosterner devant la facilité, céder à nos zones d’ombre, c’est en même temps renoncer à vivre debout. Or nous le savons bien, c’est devant Dieu et Dieu seul qu’il convient de se prosterner.
La toute-puissance
Enfin, notre vie peut devenir le lieu d’un vertige… Dans un sentiment de toute puissance, nous pourrions avoir l’illusion de nous appartenir et de nous rêver parfaitement autonomes. C’est encore une forme d’aveuglement que nous connaissons bien. Repensez à l’ivresse des soirées étudiantes qui entraînent au renoncement de la maitrise de soi ; repensez aux risques inconsidérés pris par bêtise en se défiant soi-même, méprisant les règles de sécurités élémentaires…
Bref il y a, de manière confuse en nous, une tentation d’éprouver notre immortalité qui n’est pas respectueuse de la relation Créateur-Créature que Dieu nous invite à tisser. Nous nous révélons des êtres de provocation alors que c’est face à la parole de Jésus que nous devons être provoqués, poussés à l’espérance nouvelle, en découvrant que la tentation du diable n’a pas de prise sur elle.
Re-choisir notre liberté
Alors aujourd’hui, nous sommes appelés à re-choisir notre liberté, il nous faut délaisser les tentations qui sont comme autant de régressions dans nos vies pour accueillir Celui qui doit être pour chacun l’unique objet de notre tentation : le Christ en son amour miséricordieux. Laissons-nous tenter par Dieu !
P. Emmanuel Coquet, secrétaire général adjoint à la Conférence des évêques de France
Parmi nos résolutions de Carême, je suis convaincu qu’un mérite est de découvrir que nous ne parvenons pas à tenir ces résolutions par nous-mêmes ! Loin de s’en désoler, cela doit être un appel à vivre de la grâce, et à recourir à la Miséricorde de Dieu.
S’exposer à l’amour de Dieu est toujours une aventure redoutable qui fait que notre conversion n’est jamais achevée. 40 jours au désert nous sont offerts pour entrapercevoir cela. Ne vivons pas ce carême comme une parenthèse mais comme un temps où une soif se creuse pour accueillir la seule eau vive qui désaltère et communique la Vie véritable : l’Esprit Saint.
Par la prière, comment te mets-tu à l’écoute de la parole de Dieu et cultives-tu ton amitié avec lui ?
- Es-tu prêt à partager la Parole de Dieu avec d’autres ? C’est un bon moyen pour s’aider mutuellement à la fidélité. Donnez-vous rendez-vous !
Par le jeûne, comment rends-tu ton cœur libre de l’esclavage de l’abondance ?
- Quelle place tient le partage dans ma vie ? Ok… je suis toujours un jeune fauché, mais est-ce que je prends au sérieux cette invitation ?
Pendant le Carême, j’ose regarder mon budget et comparer ce que je consacre à mes loisirs à ce que je consacre à des dons. Impressionnant, non ?!…Par la charité, comment te rends-tu solidaire de ceux qui sont dans le besoin, pour devenir un témoignage vivant de la miséricorde de Dieu ?
- Est-ce que tu peux, comme nous y invite le pape François dans son message pour les JMJ, choisir une béatitude (cf. Mt 5, 1-12), ou une « œuvre de miséricorde » (cf. Mt 25, 35-36) et la faire tienne ?
Tu peux aussi aller jeter un œil sur les œuvres de miséricordes spirituelles que nous rappelle François (cf. Le Visage de la Miséricorde, n°15)[1].[1] Conseiller ceux qui sont dans le doute, enseigner les ignorants, avertir les pécheurs, consoler les affligés, pardonner les offenses, supporter patiemment les personnes ennuyeuses, prier Dieu pour les vivants et pour les morts.
Voir aussi :
Carême : objectif Miséricorde !
Carême, effort ou réconfort ?
Dossier Carême
Commentaires
A toi la parole.
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