Carême et Miséricorde, avec saint Dominique et sainte Thérèse de Lisieux

Laure Pastoureau nous éclaire, chaque mois, sur des questions de foi. Aujourd’hui, elle nous propose d’entrer dans le Carême par la porte de la Miséricorde, accompagné de deux grands saints, saint Dominique et sainte Thérèse de Lisieux.

A l’écoute de maîtres spirituels, et en choisissant plus particulièrement l’angle de la Miséricorde que nous offre cette année jubilaire, nous pouvons trouver une manière d’orienter notre marche de Carême vers Pâques.

Avec saint Dominique

Saint Dominique est connu pour sa prière : « Mon Dieu, ma miséricorde, que vont devenir les pêcheurs ? ». Il faut bien prendre en compte le contexte de Dominique (XII^ème siècle) pour comprendre ce qui l’habitait au fond des tripes. Son époque était marquée par l’hérésie cathare.
Une hérésie consiste principalement à fausser une ou plusieurs vérités de la foi de l’Eglise et à s’en servir pour exclure des gens. La politique peut aussi interférer.
Pour saint Dominique, il n’est pas question de morale dans son obsession missionnaire (la morale nous a envahis au XIXème siècle) mais de bien connaître et d’annoncer Dieu, tel qu’il s’est révélé dans l’histoire et l’Ecriture. Car si j’ai une fausse image de Dieu, comme de quelqu’un qui serait bon seulement pour certaines personnes par exemple ou comme de quelqu’un qui méprise le corps, comment pourrais-je grandir dans ma relation à lui ?
–> Le Carême peut donc être un temps pour approfondir ma connaissance de Dieu par une formation ou une lecture.

Avec sainte Thérèse de Lisieux

Sainte Thérèse de Lisieux a dessiné, un jour, ses armoiries (cf fin du Manuscrit A, Œuvres Complètes, Cerf, 2001, p. 215). Or elle n’a pas seulement dessiné son blason avec un symbole de Dieu, tel qu’il lui parle et agit dans sa vie. Mais elle a dessiné en fait les « Armoiries de Jésus et de Thérèse » avec 2 blasons distincts et accolés. Et dans le blason de Jésus, elle a représenté la manière dont elle s’offre à lui, comme une grappe de raisin, car il a dit « Je suis la vigne et vous êtes les sarments, je veux que vous me rapportiez beaucoup de fruits » (Jn 15, 5). Dans sa relation à Jésus, elle n’a pas considéré seulement ce qu’il était et faisait pour elle dans sa vie (cf. son blason), mais aussi ce qu’elle était, elle, pour lui Jésus (cf. blason de Jésus). Et au-dessus et au-dessous de son dessin, elle a écrit deux phrases de ses maîtres du Carmel : « Je chanterai éternellement les Miséricordes du Seigneur ! » (Thérèse d’Avila) et « L’amour ne se paie que par l’amour » (Jean de la Croix).
–> Le Carême peut-être un temps pour se laisser regarder par Dieu, s’offrir à son regard miséricordieux, s’ouvrir à la vue de qui je suis pour lui et de ce que je veux être.

« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde »

Nous pouvons demander la grâce pendant ce Carême de faire miséricorde, peut-être pour un point précis envers une personne, ou plus simplement au quotidien dans nos paroles par exemple. Car nos paroles donnent la vie ou la mort. Elles créent ou elles détruisent. Les petites phrases cassantes font des ravages dans un groupe. On n’en sort pas plus fort. Il n’y a pas besoin d’exclure l’autre pour affirmer sa confiance en soi. Y compris sur les réseaux sociaux.

« Choisi parce que pardonné »

Enfin, la devise de notre cher pape François vaut la peine d’être relue : « Miserando atque eligendo ». Ces mots, tirés d’une homélie de Saint Bède le Vénérable en hommage à la miséricorde divine, signifient « Choisi parce que pardonné ». En cette année de la Miséricorde, profitons de cette grâce toute spéciale pour oser aller nous confesser pendant la Carême (voir 3 bonnes raisons d’aimer se confesser). Et si on en a déjà l’habitude, veillons à faire une belle confession, en paroles (sacrement) et en actes (démarches de réconciliation, partage, bienveillance). Les portes de la Miséricorde sont grandes ouvertes. Bonne route !

Laure Pastoureau, licenciée de théologie

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