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« Le Seigneur protège l’étranger » (Ps 145, 9)

Publié par jeunescathos le 19 mai 2016 - A la Une, Société, Vie de l'Eglise

Pierre Deveaux, 22 ans, a suivi la rencontre de Mgr Pontier, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, accompagné de trois autres évêques, avec des migrants dans la jungle de Calais qui a eu lieu le 12 mai 2016.

Mgr Pontier et Mgr Jaeger prennent le thé dans la jungle avec des jeunes soudanais

Mgr Pontier et Mgr Jaeger prennent le thé dans la jungle avec des jeunes soudanais

La rencontre de jeunes

Lieu d'habitation dans la jungle

Lieu d’habitation dans la jungle

En arrivant dans la jungle, je ne peux que constater le nombre important de jeunes migrants. Ils ont quitté leur pays en proie à la guerre et ont risqué leur vie à de nombreuses reprises pour arriver jusqu’à Calais. En prenant le thé avec ces jeunes et en les écoutant, je comprends qu’ils étaient promis à un bel avenir dans leur pays. Certains étaient étudiants, d’autres étaient déjà engagés dans la vie professionnelle comme médecin, ingénieurs, peintres, représentant d’ONG … La situation actuelle de leur pays leur ont tout fait quitter. Au premier échange, je mets un nom sur un visage. Désormais, ce sera Zeindin, Nourdin, Abdallah… et non un migrant. Je change mon regard. La dignité de l’homme est rendue.

Nous avons également rencontré de très jeunes enfants avec leurs parents s’amusant avec quelques jouets … de quoi suspendre un peu le temps et oublier pour un moment les épreuves traversées. Je lis sur les visages la joie de ce temps de jeu en famille et la joie d’être visité et accueilli.

Lieu de foi dans la jungle, l'église orthodoxe

Lieu de foi dans la jungle, l’église orthodoxe

La foi

La foi est très présente chez ces nombreux jeunes. Tous sont d’accord pour dire que la foi les aide à tenir dans ces épreuves. Des lieux de culte ont été bâtis dans cette ville dans la ville : églises et mosquées. Ces endroits les rapprochent de Dieu. Les évêques ont pu prendre un temps de recueillement dans l’église orthodoxe construite par les Erythréens. Des rencontres entre la communauté catholique locale et la communauté orthodoxe de la jungle ont lieu à Noël et à Pâques ce qui crée des liens.

Qu’aurais-je fait à leur place ?

Face à ces paroles échangées, en tant que jeune, je ne peux rester insensible. J’« essaie » de me mettre pour un temps à la place de ces hommes. Qu’aurais-je fait à leur place ?

Après une visite dans la jungle de Calais, je m’interroge sur ma propre vie. Que puis-je faire pour les aider ? Mes moyens semblent dérisoires. Pourtant une présence, une oreille attentive, un sourire, l’apport d’un peu de friandises, de thé, de vêtements et chaussures qui encombrent parfois mes armoires … redonnent à ces jeunes hommes un peu d’espérance. Le témoignage de nombreux bénévoles l’a bien montré. Je peux également en témoigner par quelques visites, sans doute trop peu, auparavant dans la jungle.

Je peux également m’interroger sur ce que m’apprennent ces jeunes gens dans ma propre vie. Je prends conscience que parfois dans nos vies certaines choses sont superficielles. Nous nous plaignons souvent sans intérêt. Je comprends la chance de vivre auprès de ma famille et de mes amis dans un pays qui n’est pas en guerre, de faire des études, de travailler, d’avoir des activités de loisirs …

« Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. »

Visite d'une école dans la Jungle

Visite d’une école dans la Jungle

Rendons grâce au Seigneur pour ces nombreux bénévoles qui se mettent au service de ces personnes et que les évêques ont à plusieurs reprises remerciés. Prions pour ces nombreux migrants qui quittant leur pays partent à la recherche d’un avenir meilleur. Prions pour la paix dans les pays en guerre, que le Seigneur « ramène chez eux les exilés » (PU Vendredi Saint) pour qu’ils retrouvent leurs proches.

En cette année de la Miséricorde, le pape François rappelle : « Nous ne pouvons pas échapper aux paroles du Seigneur et c’est sur elles que nous serons jugés : aurons-nous donné à manger à qui a faim et à boire à qui a soif ? Aurons-nous accueilli l’étranger et vêtu celui qui était nu ? Aurons-nous pris le temps de demeurer auprès de celui qui est malade et prisonnier ? (cf. Mt 25, 31-45) » (Misericordiae Vultus § 15).

« Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour. » Saint Jean de la Croix.

Pierre Deveaux, SNEJV

Quelques mots de Mgr Pontier pour les jeunes

Mgr Pontier, archevêque de Marseille et président de la conférence des évêques de France

Mgr Pontier, archevêque de Marseille et président de la conférence des évêques de France

On voit beaucoup de jeunes catholiques s’engager dans les débats de société et peut-être les entendons-nous moins sur la question des migrants. Que dire aux jeunes catholiques aujourd’hui face à cette situation ?

Les jeunes ont une grande générosité. Ils voyagent beaucoup. Il serait bon qu’ils déploient aussi cette générosité à travers la rencontre de jeunes de leur âge ou légèrement plus âgés qui sont venus d’autres pays en grandes difficultés. Et finalement, c’est souvent l’ignorance ou bien la non possibilité d’en avoir rencontré jusque-là qui fait qu’on a l’impression qu’ils ne s’en approchent pas. Mais, je suis sûr que les jeunes, qui seraient mis en contact avec les jeunes de leur âge, déploieraient leur générosité et recevraient beaucoup en retour.

C’est votre message aujourd’hui pour les jeunes catholiques ?

Oui. Repérez les jeunes migrants qui sont dans notre pays, allez vers eux et vous verrez que vous recevrez beaucoup.

Que dire aux jeunes catholiques en cette année de la Miséricorde face à cette situation ?

En cette année de la Miséricorde que dire aux jeunes sinon de vivre cette miséricorde à travers notre bienveillance et notre bonté à l’égard des autres. On peut sans doute remplacer ce mot de miséricorde par bienveillance et bonté. Qu’il y ait beaucoup de bienveillance dans la vie des jeunes. Qu’il y ait beaucoup de bonté déjà pour leurs camarades proches qui traversent des difficultés de toutes sortes et en pensant aux migrants de leur âge.

Une phrase d’Evangile ?

« J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli »  (Matthieu 25, 35)

 

Voir aussi :
Dossier: Calais et la frontière franco-britannique
Dossier Migrants sur Eglise Catholique

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Commentaires

A toi la parole.

  1. Rethel says: mai 19, 2016

    Notre paroisse de Paris reçoit des réfugiés
    st Merry 78 rue de la verrerie 75004 Paris

  2. thadarth says: mai 19, 2016

    Merci à Pierre Devaux pour ces quelques lignes à travers
    lesquelles on ressent la souffrance de toutes les jeunes et autres personnes qu’il a rencontrés
    Qui peut comprendre s’il ne l’ pas lui même vécu ce que représente
    de bonheur et de dilatation du cœur le simple fait d’être appelé par son prénom
    dans une terre étrangère par un jeune du même âge .
    Dans ma ville ensoleillée de N… j’ai croisé, dans la rue il y a quelque temps un
    jeune au visage fatigué , excusez le mot mais il est plein de respect et
    d’amitié à son égard , ahuri .
    Nos regards se sont rencontrés et j’ai senti son appel ,
    pressant , angoissé
    cherchant simplement un sourire une marque de fraternité
    Je l’ai interprêté comme cela
    On est allé l’un vers l’autre et il a parlé , parlé .longuement
    c’est tout ce qu’il voulait et rien d’autre
    On a fini sur une prière commune
    c’est lui qui l’a demandé et chacun de nous a repris sa route
    avec un peu plus de Paix en soi
    merci Esprit Saint de ta présence ce jour là

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