La question des migrants au coeur des JMJ
Envie de te poser et d’en savoir plus sur un sujet d’actu’ ? Les JMJ, c’est aussi cela !
Pendant les JMJ a lieu l’après-midi et le soir le Festival de la Jeunesse (voir le programme des JMJ), avec des concerts, des spectacles, expositions, ateliers, événements sportifs… Le Festival accueille de nombreuses propositions françaises émanant des diocèses, communautés et groupes (voir le programme des propositions françaises). Cette année, en partenariat avec l’Institut Français de Pologne, des débats ont été proposés sur l’actualité, sur l’Europe, les migrants et l’écologie (voir le programme).
Nous étions hier au débat sur les migrants, avec Mgr de Dinechin, évêque de Soissons en charge de la Pastorale des migrants, Olivier Roy, politologue spécialiste de l’Islam, Vincent Gélot, chargé de mission à l’Œuvre d’Orient et Gaëtan Ziga, responsable de Young Caritas Essonne, qui a fait salle comble.
Qu’est-ce que la crise des migrants ? Pourquoi des personnes quittent leurs terres et comment sont-ils accueillis en France ? Quelle est la vision de l’Eglise ? Comment nous invite-t-elle à agir ? Quelle grille de lecture nous donne l’Evangile sur les migrants ?
La salle était comble hier pour débattre et répondre à ces questions.
Mgr de Dinechin a souligné comment le pape François, lui-même fils de migrants, s’est construit dans une double culture, d’où son extrême sensibilité aux personnes migrantes et au phénomène migratoire.
“Les religions doivent travailler à la paix, affirme Olivier Roy. Mais une fois qu’on a dit cela, qu’est-ce qu’on fait ?” Pour lui, la solution réside dans la distinction entre la religion comme culture identitaire et système de valeurs. Le pape porte en lui un optimisme très fort, il n’a pas de discours nostalgique sur l’Europe chrétienne, il est moins en effet dans l’identité chrétienne que l’incarnation des valeurs de l’Evangile. Pour le politologue, la crise liée aux attentats est d’abord une crise de confiance parce qu’on se raccroche à cette identité. Le pape met les valeurs de la foi au-dessus d’une appartenance identitaire.
Pour un chrétien d’Orient, explique Vincent Gélot, partir ou pas est un vrai dilemne : ”si je pars, je perds tout. Si je reste, quel avenir pour mes enfants dans ce pays en guerre depuis 30 ans ?”
Le véritable enjeu, est d’aider ceux qui restent et régler les problèmes sur place : on ne peut pas accepter l’absence de chrétiens sur ces terres orientales !
Comment concilier l’appel de l’Evangile et du pape à accueillir l’étranger et à la fois permettre aux gens de rester chez eux ?
Les flux migratoires ne sont pas une parenthèse qui va s’arrêter, c’est un mouvement planétaire (plus important d’ailleurs entre les pays du sud que du sud vers le nord !). Nous pouvons être fiers de notre pays, ceux qui viennent sont souvent de pays de non-droit, où la justice n’est pas impartial. Le discours de l’accueil est primordial dans l’Evangile, affirme Mgr de Dinechin, mais doit s’accompagner d’autres actions. Il y a d’abord un vrai devoir d’information, pour mieux connaître ces pays qui connaissent la pauvreté, la guerre, la dictature. Puis un travail à faire sur la paix et le développement international, sur le plan politique, économique …
Gaëtan, 33 ans, est arrivé en France en 1996, du Cameroun, en 6ème. Naturalité en 2007, il est engagé depuis 3 ans à Young Caritas Essonne : “J’ai été migrant. Je suis devenu Français”. “Ce qu’on m’avait appris au Cameroun, c’était que mes ancêtres étaient Gaulois ! Grâce à mon prof d’histoire géo en France, j’ai pu apprendre l’histoire. Je suis parti avec trois choses dans ma valise : la confiance que j’avais en Dieu, l’éducation de mes parents et l’envie de découvrir une culture que je ne connaissais pas… A 17 ans, très vite, j’ai eu envie de m’engager. J’ai fait la rencontre de Mgr Dubost, du diocèse d’Evry, tout de suite il m’a pris comme son petit frère, c’est devenu mon compagnon spirituel. Il m’a aidé à m’engager auprès des jeunes. Ces engagements m’ont permis de m’intégrer dans la culture française.
Quand j’ai reçu la nationalité française, j’ai passé à tous ces moments passés devant la Préfecture à attendre, avec d’autres. En sortant, j’ai pris ce certificat de naturalisation comme mon droit de parole, de témoignage. Le Secours Catholique est venu à ma rencontre. Comme il agit aussi dans mon pays, j’étais heureux de m’y engager. Il fallait constituer une équipe. On a mis en place un projet de distribution de cafés devant la Préfecture l’hiver à 5h du matin. On a commencé à transmettre ce que les gens nous racontaient, la presse a relayé. A Evry, les choses commencent à bouger de manière humaine…”Pour les JMJ, ils sont partis à 4 du groupe Young Caritas. “On a réfléchi à ce que signifiait pour nous la miséricorde et on a finalement décidé de passer la semaine en diocèses dans la jungle de Calais. Cette expérience m’a confirmé comment le monde est devenu une maison commune. A Calais, nous avons fait l’expérience d’être accueillis. On a envie maintenant de transmettre ce désir de participer à la fraternité et à la réconciliation, à la rencontre de l’autre.”
Témoignage qui a beaucoup touché les jeunes.
“C’est un sujet qui nous touche quotidiennement dans notre travail, expliquent Oriane et Bernadette, 24 ans, de Marseille. On travaille dans des hôpitaux dans les quartiers nord de Marseille et on ne sait pas toujours ce qu’il y a de mieux à faire pour eux, quelle attitude on doit avoir. On est conscientes de l’appel du pape, on aimerait vivre cet accueil, même si nous sommes conscientes aussi des limites. Les JMJ, c’est aussi la rencontre de jeunes d’autres nationalités – de potentiels migrants ! – c’est aussi nous préparer au retour à la maison.”
Pour Marthe, 19 ans, Christelle, 23 ans et Erell, 22 ans, toutes trois de la chorale parisienne Ultreia, un tel débat au coeur des JMJ permet de s’informer, donne des clés, afin d’être “pleinement chrétiennes”. “On est un peu désemparées sur ces sujets. On ne vient pas aux JMJ que pour faire la fête ! Ces sujets nous concernent, il y a une prise de conscience à faire. On n’est pas chrétien tout seul dans sa paroisse. Nous avons vocation à donner et nous ne pouvons rester indifférents à ceux qui souffrent.”
“On entend beaucoup de choses dans les médias. C’est beau de nous voir ici unis pour la paix”, conclut Iris, 22 ans.
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