Le journal de Konogan #2 – Premières semaines aux côtés des malades
Retrouvons Konogan pour un deuxième épisode du journal d’un jeune volontaire ! Le jeune infirmier breton est parti début mars pour le Togo, en mission de volontariat avec la DCC. Il exercera à Sokodé (à 350km de Lomé, la capitale), au sein d’un centre médical «La Source», à vocation caritative. Pour le moment, Konogan nous raconte ses premières semaines au Togo, qui lui ont permis de se familiariser avec le système de santé du pays.
Je suis arrivé à Lomé (capitale du Togo) le 1er mars au soir. Ma première surprise est la chaleur en sortant de l’aéroport «Gnassingbé-Eyadema», nom de l’ancien président du Togo, et père de l’actuel. Les premiers jours sont l’occasion d’effectuer les démarches administratives (consulat de France, France Volontaires). Il est primordial de s’enregistrer au consulat pour des raisons sanitaires et sécuritaires.
Dans ce pays, il est étonnant de voir le nombre de motos (7/10 du transport). Cela se justifie par le coût raisonnable de l’achat et de l’entretien de la moto, mais également par l’état des routes qui sont dans l’ensemble bien dégradées et souvent non goudronnées.L’association France Volontaires permet de mettre en relation les volontaires du pays, que ce soit des bénévoles, des stagiaires (stage d’école), des volontaires de missions solidaires (six mois), ou des volontaires comme moi d’un an ou plus. Il s’agit de créer des soirées débats, des rencontres entre volontaires sur des thématiques diverses. France Volontaires joue un rôle d’intermédiaire entre les associations/partenaires et les volontaires, que ce soit dans la communication ou la gestion de conflits. Le Togo est le premier pays au monde à accueillir autant de volontaires, en moyenne 1700 par an.
Premières semaines intenses dans le monde hospitalier
Durant ce premier mois, j’ai été en stage à l’hôpital Saint Jean de Dieu d’Afagnan, situé dans la brousse à 70 km à l’est de Lomé. J’ai été affecté dans plusieurs services afin d’apprendre rapidement les prises en charge des patients.
J’ai commencé par les urgences. Les patients accueillis sont très variés, de la prise en charge de l’accident de la voie publique, à la prise en charge des nouveau-nés (souvent des prématurés), en passant par les multiples problèmes en lien avec le paludisme (anémie, fièvre, convulsions, état de prostration, d’altération de l’état général).
Puis j’ai exercé en chirurgie (principalement en viscérale et en traumatologie) pour travailler sur les pansements. Je me suis ensuite rendu en maternité-gynécologie pour seconder des accouchements. J’ai pratiqué en pédiatrie (en soins intensifs et en néonatalogie) afin de comprendre les multiples thérapeutiques pour enfants, notamment les traitements. Ce dernier service m’a permis de comprendre au mieux les prises en charge des enfants malnutris, des enfants drépanocytaires, des enfants ayant des maladies comme le paludisme, le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) ou la tuberculose.
Ces trois semaines de stage ont été d’une richesse importante sur les plans sanitaire, culturel, ou encore social, sans oublier, les différentes médecines (générale, pédiatrique et tropicale) sur lesquelles j’ai énormément appris. Il y a eu cependant des moments très durs. J’ai eu à faire face à plusieurs chocs : d’abord, la prise en charge des soins très différente de la nôtre, notamment pour les pansements (pas de supports thérapeutiques) ; puis le fait que la douleur du patient n’est que très peu prise en compte ; enfin les états de santé très précaires des patients, enfants ou adultes, qui arrivent très tardivement pour se faire soigner et sont souvent dans des états graves.
La découverte de structures de santé togolaises
J’ai rapidement compris l’impact de la santé au quotidien : elle a un coût souvent élevé pour des gens dont la première préoccupation est d’abord d’avoir de quoi manger chaque jour. Par ailleurs, une majorité des Togolais ne dispose pas d’assurance maladie : il faut payer d’abord pour bénéficier d’une consultation, puis il faut encore acheter les produits pharmaceutiques (et même les seringues et aiguilles !!!) avant de pouvoir être soigné.
Ce qui m’a interrogé dès le début de ce stage, c’est l’omniprésence de la famille auprès du patient : ici, nous les appelons « accompagnants ». C’est généralement un membre de la parenté. C’est cette personne qui va pouvoir acheter le traitement pour que le soignant puisse l’administrer au regard de la prescription du médecin. C’est aussi lui qui va prodiguer les soins d’hygiène et de confort (laver le malade, lui donner à manger, faire la lessive du pagne qui sert de drap, etc.).
La langue a été une difficulté pour moi. Bien qu’au Togo, la langue officielle soit le français, il existe de nombreux dialectes, environ une quarantaine. Dans cette région du Sud du Togo, nous parlons l’EWE.
Durant mes jours de congé, je suis parti à la rencontre de plusieurs types de structures médicales/paramédicales, et villages qui sont parfois très reculés de la ville. C’est pour moi l’occasion de vous parler de «l’Association Saint Camille de Lellis». Cette association gère des centres d’accueil et de réinsertion pour malades mentaux. Grégoire Ahongbonon est le créateur de ces nombreux centres situés en Côté d’Ivoire, au Bénin et au Togo. Il accueille ces «oubliés des oubliés» qui sont enchaînés à l’écart du village, au pied d’un arbre, d’une poutre à terre ou encore dans des camps de prière sous la pluie et le soleil. Ils peuvent être aussi fouettés lors des prières, sous prétexte de chasser l’esprit mauvais qui les hante. C’est la famille et/ou le village qui décide de cette situation. Je vous invite à vous rendre sur ce lien : les amis de Grégoire, qui vous permettra de mieux comprendre le travail de Grégoire et de visionner les nombreux reportages sur son œuvre.
Un weekend riche en rencontres !
Lors du weekend du 11-12 mars, c’était la fête à Lomé pour les 50 ans de la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération). Les volontaires du Bénin, du Ghana et du Togo et les partenaires étaient présents ainsi que de nombreux officiels et notamment France Volontaires Togo. Il faut souligner que, depuis son existence, plus de 20 000 volontaires ont pu bénéficier de l’encadrement de la DCC, dans une cinquantaine de pays. Ce fut pour nous l’occasion de rencontrer l’ambassadeur français à Lomé au sein de sa résidence. Cet événement a mis en lumière un futur «partenariat de réciprocité», permettant l’envoi de volontaires du Togo en France très prochainement. Une table-ronde ayant pour thème «l’impact du volontariat sur le développement» a permis d’avoir des échanges avec des acteurs locaux comme Marem, Fondacio, l’Agence Nationale du Togo, etc. En clair, un weekend riche en rencontres, pour les volontaires comme pour les partenaires !
Le prochain article évoquera mon arrivée à Sokodé, lieu de ma mission d’infirmier.
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