Un jeune catho revisite le mobilier liturgique à Saint Omer
A 23 ans, Maxence signe la création du nouveau mobilier liturgique de la cathédrale de Saint-Omer. Ce dimanche 9 septembre, l’autel qu’il a conçu sera consacré par Mgr Jaeger, évêque du lieu. Jeunes Cathos Blog a rencontré ce jeune architecte fraîchement diplômé.
Maxence, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Au collège déjà, je savais que je souhaitais faire des études d’architecture. Après un bac Arts Appliqués au lycée Saint-Denis à Saint-Omer, je suis entré, en 2013, à la faculté d’architecture LOCI de l’Université Catholique de Louvain à Tournai en Belgique (anciennement Saint-Luc). Diplômé en juillet de cette année, je viens d’arriver à Paris pour mettre mes connaissances et capacités au service d’une agence. Elle travaille déjà en grand partie au service des diocèses et des communautés paroissiales et monastiques, notamment dans le cadre d’aménagements liturgiques.
Dans la paroisse et le doyenné de Saint-Omer, je suis engagé particulièrement dans la musique liturgique : chant choral, animation de messes, veillées de prière et de louange.
Comment est né le projet d’un nouvel autel pour la cathédrale de Saint-Omer ?
Mes engagements dans la paroisse m’ont amené à rencontrer et à mieux connaître le Père Laurent Boucly, doyen de Saint-Omer et recteur de la Basilique Notre-Dame des Miracles. C’est au début de l’année 2016 qu’il m’a demandé si j’étais partant pour dessiner le nouvel autel de la cathédrale: grande joie ! Il s’agissait alors d’un simple projet, qui après plusieurs mois de réflexion, s’est transformé en un questionnement plus ample et plus complexe : celui de revisiter la configuration d’ensemble de l’espace liturgique de la basilique. Par la suite, les discussions ont été de plus en plus intenses avec le Père Boucly. La réalisation de la maquette de l’autel et des plans, au début de l’année 2017, a confirmé la poursuite de l’étude et du projet jusqu’à sa réalisation et sa consécration cette année.
Comment concilies-tu foi et architecture ? Comment ta foi a nourri ce projet ?
J’ai toujours cherché à concilier foi et architecture dans mon parcours. Depuis mes premières années de formation, je souhaitais concevoir une église, et pourquoi pas une cathédrale ! De ce fait, cela m’a fait découvrir le rôle de l’architecture au service des fidèles et des célébrations qui s’y déroulent.
C’est d’abord la foi qui me donne cette énergie et qui me permet aujourd’hui de déployer ma vocation dans ce domaine. Les activités paroissiales, les offices, les messes, les pèlerinages et les autres rassemblements me font prendre conscience que la foi se nourrit ensemble, en communauté, les uns avec les autres.
Une parole du Christ concilie particulièrement bien foi et architecture : « quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ». L’architecture d’une église, qui rassemble la communauté, en est le plus bel exemple.
Quelles ont été tes sources d’inspiration ?
Je me suis intéressé à d’autres architectes qui ont travaillé sur le sujet. Les réalisations de Monsieur Jean-Marie Duthilleul m’ont particulièrement interpellé, dans la nouvelle manière d’envisager l’espace liturgique dans le souffle du Concile Vatican II.
Le projet est également rempli de symbolique, en relation étroite avec l’histoire cet édifice gothique. C’est pourquoi le nouvel autel et le nouvel ambon sont en bois de couleur claire pour appuyer et renforcer leur présence et leur aspect. Quatre failles lumineuses en forme de croix brisent l’autel à ses côtés. Toute la symbolique y est présente, tel le manteau de Marie qui enveloppe le mystère de son fils Jésus Christ : la lumière qui jaillit. En tant qu’intercesseurs locaux, les saints évangélisateurs : Bertin, Audomar, Momelin, Erkembode, Aldegonde et Austreberthe sont représentés à sa périphérie, en filaire. Ce mode de représentation, simple et épuré, permet de reconnaître sobrement les saints et de les intégrer subtilement à l’autel tout entier. L’ensemble est intégralement surmonté d’une plaque de pierre consacrée, symbole de la pierre vivante, pierre angulaire.
Quel est selon toi la disposition idéale pour le mobilier liturgique ? Pourquoi ?
Pour ma part, je pense que la disposition idéale pour un chœur liturgique passe avant tout par la préoccupation de l’espace qui nous entoure. En tant qu’architecte, je m’intéresse d’abord à ce qui a pu transformer et faire évoluer le mobilier et l’aménagement de l’édifice. Nous nous devons d’être en continuité avec l’histoire liturgique, ce qui est également l’objectif du Concile. C’est pourquoi une analyse profonde du lieu existant est importante.
A Saint-Omer, par exemple, la caractéristique est d’être en présence d’une architecture gothique puissante, constituée entre autres de quelques ajouts de mobiliers baroques et également issus du XVIIIème siècle. Il est important aussi de tenir compte du nivellement entre le « chœur historique », la nef et le transept.
Finalement, toute cette analyse propre à la Basilique de Saint-Omer m’amène à déterminer la position « juste » pour l’autel, l’ambon et le siège de présidence. Ils ont la particularité de signifier la table de l’Eucharistie, la table de la Parole, et la place de l’officiant. C’est pourquoi ils doivent être tout autant valorisés les uns les autres. L’assemblée doit quant à elle se retrouver autour pour révéler une communauté qui fait corps, rassemblée autour du Christ. L’axialité dégagée de la Nef ouvre sur le monde.
Vas-tu continuer à réaliser des projets architecturaux pour les églises par la suite ?
Oui, c’est mon ambition. J’aspire à pouvoir donner mon énergie, au travers de ma foi, à ce que l’architecture peut offrir de meilleur à notre communauté. Je pense que cela résume bien ma vocation. D’ailleurs, l’agence que je viens d’intégrer depuis septembre à Paris, a cette volonté profonde. Leur livre « Espace et Liturgie », que je vous conseille de lire, en est le plus bel exemple.
Propos recueillis par Pierre DEVEAUX pour Jeunes Cathos Blog
Commentaires
A toi la parole.
Merci beaucoup de nous faire découvrir ce jeune architecte plein de talent ! 🙂
Et un immense bravo à Maxence pour la création de ce mobilier liturgique. Contemporain, pur, sobre, noble, beau et habité !
Ou comment défigurer une belle cathedrale !
Le projet définitif ressemble plus à une maquette provisoire de mauvais gout…
On va continuer à vider la cathedrale…bravo…
Maxence a une belle carrière conciliaire qui l’attend auprès de nombreux évêques…
Moi l’Eglise Catholique, c’est terminée !
C’est très beau, il faut du renouveau.
c’est interessant comme architecture