« Deux jours, une nuit » : un hymne au courage féminin
« Deux jours, une nuit », le film des frères Dardenne présenté en compétition au Festival de Cannes (et sorti en France le 21 mai), n’a pas été retenu du Palmarès cannois, malgré une critique très favorable. Il a néanmoins reçu le Prix spécial du 40ème anniversaire du Jury Œcuménique. Il constitue en effet un formidable hymne au courage féminin et à l’amour conjugal, selon le p. Marc Rastoin, exégète, bibliste et… cinéphile !
Le scénario de « deux jours, une nuit » tient en peu de lignes : ce sont les mots que cette jeune mère menacée de chômage va prononcer près de seize fois pour tenter de sauver son travail. Que le motif initial du plan économique paraisse invraisemblable selon certains, cela n’a strictement aucune espèce d’importance tant la crédibilité humaine et sociale est absolue. Oui il y a une lutte au quotidien entre la solidarité et l’égoïsme, le repli sur soi et la générosité, ou encore avec des contremaîtres qui suscitent la peur.
Dans le rôle de Sandra, Marion Cotillard est tout simplement sublimissime. Montrant – sans pathos excessif et avec des moments de grâce absolue – comment une femme puise au plus profond d’elle-même, et en son mari, les ressources pour tenir debout, conserver sa dignité et sa famille, ce film est aussi un hymne à l’amour conjugal tant Sandra est portée à bouts de bras, avec une sorte de ténacité humble, de discrétion entêtée par son mari Manu.
Il se révèle soutien indéfectible et littéralement salvateur. En un moment clef du film, son cri ‘Sandra’, plusieurs fois répété, ne peut que faire penser au cri de Jésus devant le tombeau de Lazare : ‘Viens dehors !’. C’est un cri d’amour qui ramène à la vie.
Le film a eu, à juste titre, le Prix spécial du jury œcuménique à Cannes cette année. Sans dévoiler une fin inattendue qui sonne très juste, je me contenterais de souligner le côté profondément évangélique, et même précisément johannique (qui se rapporte à l’évangile de Jean), du film : la vérité vous rendra libres, la peur et les ténèbres ne l’emporteront pas sur l’amour et la lumière.
Sorti quelques jours avant, le film « The Homesman » de Tommy Lee Jones est en profonde harmonie avec « Deux jours, une nuit ». Aucun rapport me direz-vous ! Mais à y regarder de plus près, il s’agit dans les deux cas d’un magnifique hymne au courage féminin. Le courage de deux femmes qui ne sont pas des héroïnes au sens romanesque du terme mais qui déploient une énergie, un courage, une constance, pour que la vie passe.
P. Marc Rastoin s.j.
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