Un évêque aux JMJ

Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, a participé à 10 JMJ sur les 12 rencontres internationales* ! Il nous partage son expérience. Une interview réalisée par l’équipe communication des JMJ de Cracovie.

*Les JMJ sont célébrées localement, dans chaque diocèse du monde le dimanche des Rameaux (ainsi le 29 mars 2015, nous fêtions les 29èmes Journées mondiales de la jeunesse), mais prennent tous les deux ou trois ans une dimension internationale en se déroulant dans une grande métropole (pour voir la liste des 12 JMJ internationales, cliquer ici). Les JMJ de Cracovie en 2016 seront donc les 13èmes JMJ à dimension internationale.

Combien avez-vous vécu de JMJ ?

Mgr Stenger au retour des JMJ de Madrid en 2011

J’ai déjà une certaine pratique des JMJ, puisque j’en ai vécu 10, les premières comme responsable de la pastorale des jeunes, ensuite comme évêque de Troyes.

Quelle est celle qui vous a le plus marqué ?

J’ai du mal à distinguer une de ces journées comme m’ayant marqué plus que les autres. Chacune comporte des moments de grâce qui sont des expériences uniques. Plusieurs m’ont particulièrement touché à des titres divers. J’en ai vécu un certain nombre dans le cadre d’un groupe qui s’appelait Euregio. C’était alors de bout en bout une aventure commune avec des jeunes d’autres diocèses de France, d’Allemagne, de Belgique, du Luxembourg. L’échange entre cultures, entre manières de penser la vie, de prier, ne se faisait pas seulement à l’occasion des rendez-vous liturgiques, des festivals culturels, des propositions spirituelles ou des rencontres dans la rue, mais dans la vie partagée tous les jours par les jeunes des divers diocèses d’Euregio, et aussi dans les catéchèses que notre groupe vivait ensemble dans le bilinguisme. Des JMJ à la puissance 4 ou 5 ! Des jeunes divers par la langue et les habitudes découvraient ensemble une terre étrangère. Cela amplifiait leur fraternité.

J’ai aussi été très marqué par certaines veillées de prière, celle de Paris d’une grande beauté dans la forme et d’une grande profondeur dans le contenu, celle de Rome dont je me souviens comme d’un happening chaleureux et enthousiaste, celle de Cologne bouleversante par son recueillement et le climat d’adoration qui la traversait.

Dans l’année d’un évêque qu’est que cela représente ?

Pour moi les JMJ sont l’occasion de faire quelque chose d’intense avec les jeunes de mon diocèse. Nous nous dépaysons ensemble, nous allons ensemble à la rencontre du Christ et des autres. Le plus marquant alors n’est pas ce qu’on fait pour eux, mais ce qu’on fait avec eux. Même si nous les évêques, nous ne vivons pas dans les mêmes conditions d’inconfort qu’eux, nous sommes très proches. Nous vivons ensemble comme des étrangers sur une autre terre ; la fraternité se construit et grandit par-delà les frontières.

Qu’est-que les JMJ apportent aux jeunes, au monde, à l’Église ?

Crédits : Ciric – Jean-Matthieu Gautier

Les JMJ sont pour les jeunes un grand temps fort spirituel. Dans une vie souvent superficielle et agitée, ils peuvent faire une belle expérience d’intériorité. C’est aussi pour eux une occasion d’approcher l’universalité dans toute sa vérité. Même s’ils n’ont aucun problème pour voyager, même loin, leurs pérégrinations ne leur offrent pas souvent de vivre vraiment au rythme de l’universel. Les JMJ sont pour eux l’occasion de découvrir qu’ils sont un peuple au-delà de toute frontière.

Les JMJ montrent au monde la beauté et la richesse de la jeunesse, corrigeant un certain nombre de préjugés qu’on a par rapport à elle, levant les angoisses qui défigurent son visage. C’est le plus beau plaidoyer qui est fait, sans tomber dans le romantisme, pour les années-jeunes. En fait ceux qui font vivre les JMJ permettent aux jeunes d’être leurs propres avocats. Que ce soit le monde ou l’Eglise, l’un et l’autre y gagnent un coup de jeune. Je me rappelle entre autre l’effet de la concentration de tant de jeunes dans les rues de Sydney. Il y avait un élan, un dynamisme, un enthousiasme qui transportait aussi les habitants. Malheureusement, en général cela ne dure guère au-delà des JMJ. En revanche, les jeunes peuvent se découvrir comme une force, un message pour transformer le monde.

Pensez-vous aller à Cracovie ? Pourquoi ?

Oui, j’irai probablement à Cracovie. Pour accompagner les jeunes de mon diocèse dans une expérience de dépassement d’eux-mêmes et d’entrée en profondeur dont je suis heureux de pouvoir être le témoin.

Au-delà du thème, chaque JMJ a porté une spécificité ? Qu’attendez-vous de Cracovie 2016 ?

Dans l’histoire européenne, la rencontre Est-Ouest est loin d’être faite. Je pense à Jean-Paul II qui voulait que l’Europe respire par ses deux poumons. A cause de cette richesse, ils pensent que l’Europe a quelque chose d’unique à apporter au monde. Les JMJ de Cracovie pourraient être l’occasion pour les jeunes chrétiens de découvrir cet aspect essentiel de leurs racines spirituelles et pour les jeunes Européens celle de mieux percevoir leur vocation et leur mission communes à l’égard du monde.

Que diriez-vous aux jeunes pour qu’ils projettent de se rendre à Cracovie pour vivre les JMJ ?

J’inviterai les jeunes à venir puiser à une source jaillissante pour étancher leur soif de vie, de sens et de profondeur. Mais on peut seulement leur dire, comme le Christ : « Venez et voyez ».

Est-ce que cela porte du fruit dans la vie d’une jeune ? N’est-ce pas un grand rassemblement sans lendemain ?

J’ai l’impression que les JMJ donnent aux jeunes du bonheur, un bonheur qui les aide à vivre le quotidien. A part quelques histoires personnelles de conversion et de découverte de leur vocation, je n’ai pas l’impression que des JMJ épisodiques suffisent à bouleverser leur vie de chaque jour. Mais c’est une lumière sur une route qui en manque singulièrement.

+Marc STENGER Evêque de Troyes

Voir aussi :
Site internet des JMJ 2016 de Cracovie
Page Facebook des JMJ de Cracovie 2016
Dossier JMJ sur Jeunes Cathos blog