MRJC : Agir pour transformer la société
Une quarantaine de jeunes se sont retrouvés à la Forêt Belleville (Creuse) du 22 au 26 août dernier pour participer au « Vac pro Paye tes vacances » organisé par des jeunes du MRJC (Mouvement Rurale de Jeunesse Chrétienne) et le CCFD-Terre Solidaire.
Agir pour une économie au service des Hommes et du bien commun !
Le choix de la thématique de l’économie n’est pas anodin. Il correspond à l’ambition d’inscrire cette formation comme priorité pour le mouvement car « l’économie structure les relations entre les hommes et les femmes »[1]. Nous partons du constat que les jeunes n’ont pas les clés pour comprendre son fonctionnement et agir dessus. Le système capitaliste dans lequel nous vivons tend à négliger les aspects sociaux et environnementaux.
Cette ambition trouve écho dans la Pensée sociale de l’Eglise et dans les propos de pape François qui n’hésite pas à fustiger le pouvoir de « l’argent qui commande ». Il nous rappelle que « l’argent doit servir et non pas gouverner » et nous invite à « construire une alternative humaine à la globalisation qui exclut ».
Le vac pro Paye tes vacances, ça s’est passé comment ?
Un programme varié avec des plénières, des ateliers de mise en pratiques, des grands jeux, une conférence sur les paradis fiscaux, des visites d’expériences … avec pour fil conducteur quatre questions :
- Que sont l’argent et la richesse ?
- Comment sont-ils créés ?
- Comment sont-ils répartis et utilisés ?
- Quelles pistes d’actions ?
« Je m’attendais à des temps de formation sur l’économie, mais également à des temps de détente parce qu’il ne faut pas oublier que ce sont les vacances. Je voulais rencontrer d’autres militants venant de toute la France et échanger sur des projets menés en région », précise Corentin, un participant.
Se nourrir d’expérience, discuter, échanger, expérimenter jouer, les maîtres mots de ce projet. Les rencontres d’économistes, de sociologues et d’acteurs du territoire, nous ont permis de construire une analyse et de dégager quelques pistes d’actions. Les lectures de textes et les témoignages d’acteurs engagés nous ont permis de prendre le temps de réfléchir avant d’agir, de donner du sens à nos actions. La découverte de la Pensée sociale de l’Eglise comme les principes de « solidarité » et de « justice sociale » et les temps de relecture vécus nourrissent notre engagement.
L’action collective, comme facteur de transformation sociale
Le système économique repose sur des inégalités et l’absence de justice sociale. « 20 % des personnes détiennent 80 % des richesses sur notre planète. Une énorme partie des gens ne peuvent pas vivre dignement. Le système capitaliste ne permet pas une répartition équitable des revenus et des ressources » nous dit Sarah. Ces mécanismes de contrôle des richesses sont responsables d’exclusions et de pauvreté, empêchant les mécanismes de solidarité. A quand la justice sociale face à l’exploitation ?
Les banques ont un rôle central pour doper et réguler l’économie, mais manquent de contrôle. Elles ont une mission de service public en mettant en relation des détenteurs et les emprunteurs d’argent. Poussées par les logiques néo-libérales d’accaparement, tout devient marchandise telle que les denrées agricoles et les personnes dans certains cas. La recherche d’argent est une course effrénée. L’argent doit rester un moyen d’échange ! « Vivre sans argent n’est pas la solution pour changer le monde. L’argent ne doit être qu’un moyen et son usage doit être éthique » selon Annabelle.
« Grâce à la mise en situation proposée par David Cayla[2], où des jeunes représentaient des particuliers, des banques et des entreprises, je mets désormais des mots sur le mécanisme de création monétaire qui repose normalement sur le travail, avec des gens qui prêtent de l’argent et d’autres qui créent de la richesse. Aujourd’hui, le cas grec est révélateur de cette déconnexion avec des banques qui vendent des richesses qu’elles n’ont pas et utilisent la dette comme moyen de pression. Mais y a des solutions pour contrecarrer cette économie irréelle » d’après Rémi.
De nombreuses alternatives existent déjà !
La financiarisation de l’économie prend de l’ampleur, mais le combat n’est pas perdu ! A la mise en concurrence des personnes, nous préférons le rassemblement. Le timide durcissement des sanctions face à l’évasion fiscale et l’évocation nouvelle des paradis fiscaux à l’OCDE, nous font dire qu’il y a un semblant de prise de conscience de leur existence par nos gouvernants. « Plein d’alternatives à l’économie traditionnelle existent déjà et plein d’autres sont à créer ! Mais on ne pas oublier que des gens pensent avant tout à leur intérêt personnel » selon Camille.
L’économie sociale et solidaire (ESS), la finance éthique et les monnaies locales ne demandent qu’à prendre de l’ampleur. La finance solidaire vient donner les moyens à tous d’accéder à de l’argent pour mener ses projets. La finance éthique, quant à elle, répond à des critères de transparence et d’utilité sociale comme nous l’a montré Jean-Pierre Caron[3].
Les principes de démocratie et de répartition équitable des revenus sont à encourager. Pourtant une question demeure : l’ESS doit-elle remplacer les services publics ? La création d’épiceries et cafétérias solidaires, par Solidarité étudiantes, pour proposer une restauration accessible et de qualité sur les campus où les restaurants universitaires ferment est révélatrice. Si l’organisation collective des citoyens est un modèle, elle vient en réalité palier le retrait de l’Etat au profit du secteur privé.
L’appropriation des moyens de production par les salariés, comme les Ex-fralib qui ont mené un combat contre la multinationale Unilever, donne un souffle nouveau. 70 personnes se sont organisées pour construire leur propre coopérative de production et marque de thé appelée « 1336 ». Avec le sociologue Yann Lelann et des syndicalistes, nous avons partagé la nécessité et l’ambition de se rassembler.
Maintenant que constats et analyses sont posées, les jeunes présents sont prêts à passer à l’action pour promouvoir et mettre en œuvre une vision et un fonctionnement d’une économie au service du bien commun. Ce défi est à relever ensemble !
Thibault Sauvageon, secrétaire national, pour la commission nationale à l’économie du MRJC
[1]Osons l’agir et transformer la société – Rapport d’orientations du MRJC 2014-2021
[2] Maitre de Conférences et membres des économistes atterrés
[3] Vice Président de la NEF et Trésorier de Terre de Liens
Commentaires
A toi la parole.
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