A Madagascar, témoins des dérèglements climatiques
En coopération avec la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération) pendant deux ans et demi à Madagascar, Amandine et Guillaume, jeune couple trentenaire et ingénieurs en agriculture, ont réellement pu constater l’impact des dérèglements climatiques sur des populations devenues encore plus vulnérables.
Originaires de Normandie, nous (Amandine et Guillaume) sommes partis en 2010 pour vivre deux ans et demi à Madagascar (plus précisément, à Antsirabe, sur les Hauts Plateaux), dans le cadre d’un volontariat de solidarité international, porté par la DCC (Délégation Catholique pour la Coopération). Pendant cette période, nous étions au service de 2 associations françaises de développement agricole : l’association Fert pour Amandine, et l’association APDRA Pisciculture Paysanne pour Guillaume. Parmi les multiples motivations à ce départ, nous avions particulièrement envie de découvrir ce que le mot développement voulait dire ailleurs. Le but était d’accompagner des agriculteurs sur place pour qu’ils soient acteurs de leur propre développement, avec des modèles d’agriculture propres à leur contexte.
L’agro-écologie face aux dérèglements climatiques
Nos missions sur place nous ont amenés à être au plus près des agriculteurs malgaches, de découvrir leur pratiques, les contraintes et les richesses de ce pays. Parmi ce que nous avons vu et vécu, nous avons été étonné de voir que l’agro-écologie n’était pas seulement une réponse politique “à la mode” contre une agriculture intensive (comme cela peut être perçu en France), mais qu’il s’agissait bien de pratiques agricoles offrant une solution pour des exploitations fortement vulnérables, et exposées au dérèglement climatique.
En 2 ans ½, nous avons été témoins d’attaques de criquets, de cyclones, d’inondations et de sécheresses… Outre les dégâts matériels, imaginez l’impact de ces évènements climatiques (de plus en plus fréquents ces dernières années) sur les récoltes et les crises alimentaires que cela provoque pour des familles rurales qui peinent à se nourrir toute l’année…
Vulnérabilité des populations
Si, en France, les discussions autour du changement climatique consistent davantage à “réduire” notre impact sur le climat ; à Madagascar, les paysans n’ont pas d’autre choix que de s’adapter à ces changements, et chercher à réduire leur propre vulnérabilité pour (sur)vivre.
Bien souvent, nous avons vu des paysans opter pour une stratégie à court terme : ils sont attirés par des pratiques agricoles “conventionnelles”, reflet d’une certaine modernité et offrant des résultats tangibles sur le court terme. Mais, ces pratiques sont coûteuses, et à moyen terme, elles créent des dépendances, et surtout, dégradent les ressources naturelles. Alors, un de nos défis était d’informer et former les agriculteurs à mettre en place des pratiques d’agro-écologie. Accompagner – sans imposer – pour (ré)apprendre à travailler la terre.
Nouveau mode de vie une fois en France
Aujourd’hui, de retour en France, nous avons l’impression d’avoir davantage appris de cette expérience que d’avoir apporté aux malgaches. Vivre ailleurs – auprès de populations qui n’ont pas d’autre choix que d’être débrouillard et ingénieux – nous a aidés à retrouver un bon sens, poser un regard différent sur le monde, et relativiser sur la chance que nous avons en France.
Dans notre mode de vie et de consommation, nous restons marqués par Madagascar : manger local et de saison, recycler et réparer, réduire notre dépendance aux énergies fossiles, apprécier la valeur des choses. Nous consommons de manière différente : pour nos vêtements, nous allons dans les friperies plutôt que d’acheter du neuf, nous favorisons la récupération et le recyclage… Pour nous, c’est tout simplement de la cohérence. Comme le disait le mahatma Gandhi : “Il faut vivre plus simplement pour que d’autres puissent simplement vivre”.
Amandine et Guillaume
Voir aussi :
#YouthForCreation
Autres témoignages
Journée des jeunes chrétiens pour le climat
Autres témoignages de volontaires internationaux
Commentaires
A toi la parole.
Très heureuse d’avoir lu votre page sur Madagascar. Notre association coopère avec d’autres associations pour construire un groupe scolaire à Bémahatazana, à 300 km d’Antsirabé. Nous sommes engagés dans la construction d’un lycée qui aura une section agro-écologique. Nous nous efforçons de récolter des fonds pour construire les bâtiments tout en espèrant travailler avec les amis de Pierre Rabhi , pour trouver l’aide la mieux adaptée pour développer cette région qui est très pauvre. Votre expérience nous semble très intéressante. Ce sont les soeurs de Notre Dame de la Salette qui gèrent l’école qui a rassemblé à la rentrée 1061 élèves. On se rencontrera peut-être? codialement