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Pax Christi Jeunes dans un camp de réfugiés à Vintimille

Publié par jeunescathos le 24 février 2016 - A la Une, Société

Le mouvement Pax Christi Jeunes organise chaque mois un week-end solidaire pour les jeunes qui veulent découvrir une réalité de conflit et essayer de donner un coup de main. Pour le Nouvel An, ils sont allés à Vintimille, à la frontière entre l’Italie et la France à travers laquelle de nombreux migrants essayent de passer en France. Ils ont eu l’occasion de vivre des moments de fête et de convivialité avec une soixantaine d’hommes loin de leurs familles.

(c) Camila Cardoso E Silva

(c) Camila Cardoso E Silva

« On va regarder quel film ce soir ? Jackie Chan ? » demande Samir, un jeune égyptien à Vintimille depuis trois jours. « Les Temps Modernes de Charlie Chaplin…ça te plaira », lui répond Camila, une jeune bénévole de la Croix Rouge venue du Brésil. C’est le dernier jour de 2015, même au camp pour migrants près de la gare de Vintimille. Dès le matin, il y a du mouvement pour l’organisation du réveillon pour le Nouvel An.

Curieux, beaucoup de jeunes entourent Arcangelo, un missionnaire scalabrinien qui vit depuis des années auprès des hommes et des femmes en marche pour fuir des conflits et des injustices. Aujourd’hui il a du mal avec le projecteur, qui a décidé ne pas marcher. Ça fait des heures qu’il cherche à trouver une solution au problème et entre-temps, il en profite pour discuter avec de jeunes afghans et pakistanais qui lui racontent leur long voyage. A côté de lui, Greta, Giulia, Matteo et Anna apprennent un peu d’italien aux hôtes du camp.

La préfecture a autorisé un petit groupe de jeunes de Pax Christi à passer le réveillon du Nouvel An avec les migrants. Tarek vient d’apprendre ce qu’est un berretto et commence à parler avec enthousiasme du pakol, le chapeau typique pachtoune que portait toujours son père en Afghanistan. « Mais pourquoi vous ne restez pas avec nous quelques jours avant de partir ? Nous n’avons rien à faire ici ! », se plaint Sahajahan, qui affirme être un champion de cricket au Bangladesh. Il est ici depuis une semaine. Comme lui, il y a une centaine de jeunes qui se trouvent dans la même situation.

Vintimille est la dernière commune italienne avant la frontière avec la France. Le maire Enrico Ioculano a toujours été opposé au camp près de la gare, ainsi que la plupart des résidents de la zone, qui se plaignent des nuisances et de la présence des migrants. Dernièrement, la préfecture a constaté que les nuisances ne sont pas excessives et que tout est en règle.

A Vintimille avec la Croix-Rouge

(c) Camila Cardoso E Silva

(c) Camila Cardoso E Silva

« Quelques 13000 migrants ont traversé la frontière près de Vintimille à partir du mois de juin 2015 », affirme Walter, de la CRI (Croix-Rouge Italienne) de Vintimille. A partir de l’été dernier,  de plus en plus d’hommes, de femmes et d’enfants venant du Proche Orient, d’Afrique et d’Asie ont essayé d’entrer en France par Vintimille pour continuer leur voyage vers le nord de l’Europe.

En juin, la réponse de la France a été très dure, avec la suspension des accords de libre circulation de Schengen et le rétablissement des contrôles aux frontières avec l’Italie. « On est arrivés à avoir jusqu’à 500 migrants stationnés à la gare décidés à poursuivre leur voyage. C’est pourquoi la préfecture de Vintimille a demandé à la Croix-Rouge Italienne d’ouvrir un centre d’accueil temporaire pour permettre aux hommes en marche de se reposer et de manger », continue Walter, calme et très disponible malgré les rythmes de travail serrés. La Croix-Rouge fait un excellent travail dans la gestion du camp et l’assistance sanitaire. Ce qui manque est la présence constante des associations, groupes et mouvements qui garantissent l’accès aux droits légaux, à un peu de convivialité et qui fassent un peu de médiation avec les habitants du coin.

Il est très facile d’arriver au camp. Une fois sorti de la gare, il faut tourner à gauche, où une croix rouge dessinée sur une grille surveillée par les forces de l’ordre indique l’entrée. Dans un contexte relativement tranquille, les policiers et les carabinieri passent leur temps à bavarder et à chatter avec les amis. Passée l’entrée, sur la gauche, il y a les toilettes et une clinique mobile. Deux petites portes permettent l’accès à quatre salons désaffectés de la gare. Maintenant les migrants de passage y passent la nuit. Après la tente réfectoire, on entre dans le royaume de Biagio, chef de Gênes qui a quitté son poste dans un hôtel du chef-lieu de la Ligurie pour venir cuisiner ici. « Allez ! Coupez les poivrons en quatre tranches, préparez 120 couverts. Vite, vite avec les tomates ». Il n’est pas facile de cuisiner pour cent personnes mais grâce à lui et aux nombreux migrants qui lui donnent un coup de main, la Croix-Rouge garantit trois repas de qualité par jour.

Qui aura le ticket gagnant ?

(c) Camila Cardoso E Silva

(c) Camila Cardoso E Silva

Il est 21h30 et le projecteur ne marche pas. L’après-midi s’est écoulé vite avec des cours d’italien, des bavardages en plusieurs langues, des jeux avec et sans ballon dans l’incrédulité des policiers qui prennent des photos qu’ils postent sur Facebook et partagent avec les amis. Après le dîner on passe à la tombola. « Bingo, bingo, bingo !!! » Quand Abdullah se rend compte d’avoir deux bons numéros, il est visiblement ému. Debout au fond de la longue table pendant que tout le monde le félicite, il en profite pour immortaliser le moment de la remise du prix – deux sachets de fruits secs- avec un selfie. Il est très jeune et timide, il dit avoir 25 ans mais on le dirait plus petit. Son histoire est la même que celle du protagoniste du livre de Fabio Geda Dans la mer il y a des crocodiles. Mohamed, 30 ans, de Dacca, a tiré cinq bons numéros, un « CINQUINA », et juste après avoir reçu un panettone en cadeau il en détache un morceau et le partage avec les autres.

Devant Les Temps Modernes

Enfin vers 11 heures Arcangelo arrive à projeter le film dans le salon au rez-de-chaussée. C’est impressionnant de voir comment un film muet en noir et blanc est capable de faire rire, pleurer et réfléchir des homme et des femmes d’âges, cultures et expériences complétement différents. A minuit, Assan commence à danser au rythme des chansons populaire typiques du Bangladesh. Si les voisins s’étaient mis au balcon, ils auraient pu profiter d’un spectacle superbe. Mais il n’est jamais trop tard, ils peuvent toujours se montrer.

marino

 

 

Marino Ficco, 22 ans

 

 

Voir aussi :
Pax Christi Jeunes : pour un monde plus juste et en paix
Reportage Pax Christi Jeunes à Vintimille, nouvel an avec les migrants
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