Etre volontaire à l’Arche, une école de vie
L’Arche d’Aigrefoin en région parisienne reçoit une soixantaine d’adultes en situation d’handicap mental. Une trentaine de volontaires les accompagnent dans leur quotidien. Ils vivent ensemble dans 6 foyers (composés chacun d’environ 7 personnes en situation d’handicap et 5 ‘assistants’) et travaillent ensemble à l’ESAT (espaces verts, maraîchage, sous-traitance en manutention, artisanat…) ou à l’atelier occupationnel (diverses activités : arts plastiques, cuisine, etc. ou sorties).
Les volontaires s’engagent pendant une période de 6 mois à 2 ans. Une aventure unique !
“On pense qu’on va aider les personnes handicapées, mais ce sont elles qui nous aident !”
Garance, 21 ans, en études d’infirmière, volontaire en service civique depuis 3 mois
Ma mère a longtemps travaillé à l’Arche. Je trouvais toujours des excuses pour l’accompagner. Après mon bac, je suis partie 8 mois au Canada dans une communauté de l’Arche. Cette expérience m’a fait grandir, j’ai changé. Je me suis prouvée que je pouvais faire quelque chose. On part en pensant qu’on va aider les autres, mais ce sont plutôt les autres qui nous aident.
Je me souviens de Pauline, toujours dans son fauteuil, à tricoter. On avait l’impression qu’elle était absente, comme un légume. Quand elle faisait un sourire, un câlin, là, j’étais contente pour la semaine, pour le mois !
Le service civique, ça permet de faire une coupure, une transition entre le bac et après. Tout le monde devrait faire cela ! On apprend beaucoup humainement… Moi je dis que ça devrait être obligatoire !
“J’apprends plus en un an à l’Arche qu’en 5 ans en école de management !”
Baudouin, 25 ans, volontaire en service civique à l’Arche d’Aigrefoin depuis 3 mois
Avant d’arriver à l’Arche, je travaillais depuis un an dans une compagnie d’assurances et j’habitais en même temps dans une colocation solidaire à Paris. C’était difficile d’allier les deux, j’avais parfois l’impression d’être schizophrène, passant d’un monde totalement différent à l’autre. J’avais besoin d’unité, à la recherche de relations authentiques. Je voulais un lieu où je pouvais être moi-même, me retrouver et prendre le temps de savoir quelles sont au fond mes aspirations, dans quoi j’aimerais vraiment me lancer dans ma vie. Le service civique, en ce sens, permet un vrai temps de ressourcement.
J’avais déjà eu des contacts avec des personnes handicapées, par mes parents. Et ma sœur était restée un an à l’Arche.
C’est une expérience très structurante. Je pense que j’apprends plus en un an à l’Arche en gestion de relations humaines qu’en 5 ans d’école de management ! Sur tous les aspects de la vie, que ce soit personnel, professionnel ou spirituel, c’est une vraie pierre de fondation. Cela fait relativiser sur beaucoup de choses.
Certaines personnes sont plutôt autonomes, à l’atelier des espaces verts par exemple, nous pouvons avoir des conversations profondes ensemble. D’autres ne parlent pas du tout. La relation passe par le toucher. Le plus étonnant, c’est qu’elles savent toujours se faire comprendre. Je pense à Luc : il a beau être muet, il peut être le plus bruyant !
Quelque chose m’a frappé par rapport à mes autres expériences, c’est la bienveillance dans la communauté. Comme partout, il y a des rancœurs, des jalousies…, mais il y a toujours la volonté d’avancer malgré cela. C’est impressionnant comme les personnes handicapées nous l’apprennent. Beaucoup sont conscientes de leurs limites, vont buter dessus. Il y a parfois des débordements. Mais elles vont toujours revenir demander pardon. C’est magnifique ! On se rend compte que nous, on n’est pas toujours capables de le faire, on se maîtrise beaucoup plus… C’est une des choses fortes que j’ai pu découvrir ici, la simplicité des relations, l’accueil avec authenticité…
“Les personnes handicapées nous prennent tels que nous sommes et nous apprennent à être nous-mêmes”
Béatrice, 24 ans, volontaire 2ème année à l’Arche
J’ai fait un BTS « services en espace rural ». Je voulais faire une coupure avant de reprendre des études en environnement. Je cherchais un service civique, ayant fait mon bac dans le social. On nous dit tout le temps que c’est bien d’avoir de l’expérience ! Je ne connaissais pas du tout l’Arche, j’ai répondu à une annonce. Au début, j’ai eu peur, me demandant où j’étais tombée et finalement au bout d’une semaine, j’étais conquise.
On m’a tout de suite fait confiance. Ce qui m’a le plus touchée ce sont les relations qui se tissent. Les personnes handicapées nous prennent tel qu’on est et elles nous apprennent à être ce qu’on est. Il y a quelqu’un de chez nous qui dit « on est tous bizarres différents ». C’est exactement ça !
Quand je suis arrivée, j’étais quelqu’un de très réservé, j’avais pas confiance en moi. Impossible de parler de moi ! Le travail en équipe a créé des liens forts. Eux aussi m’ont permis d’être moi-même.
Et puis quand pour la deuxième année ils m’ont proposé la responsabilité du foyer, je me suis dit « mais ils sont fous ! ». En tant que responsable de foyer, c’est encore une autre expérience. Je continue de grandir !
“Avec les personnes handicapées, la relation est différente, plus vraie”
Cédric, 20 ans, volontaire assistant à l’atelier occupationnel
J’ai voulu devenir éducateur spécialisé après avoir rencontré des enfants handicapés au centre de loisirs, quand j’étais plus jeune. Avec les personnes handicapées, la relation est différente. Il y a quelque chose de vrai qui se construit, on va essayer de creuser, de trouver souvent d’autres moyens de communiquer.
J’ai déjà fait beaucoup de stages et ici c’est différent des autres structures. On vit avec les personnes, on travaille ensemble, il y a quelque chose de fort qui se tisse avec elles. Chacun des assistants, nous accompagnons une personne individuellement, ce sont des moments privilégiés où l’on partage beaucoup de choses.
L’accueil des personnes handicapées est très chaleureux, c’est étonnant. Dès le premier jour, elles nous font confiance. C’est fou tout ce qu’elles nous apportent.
Avec Yves, on communique avec des pictos. Il est autiste, ne parle pas. Pour autant, la semaine dernière, je suis parti me balader avec lui. Ce n’est pas facile de discuter avec quelqu’un qui ne parle pas – je lui parlais de moi, sans trop savoir s’il était vraiment présent ou pas. Tout à coup, il s’est retourné et m’a regardé avec un grand sourire. J’ai été très touché car bien que ce soit compliqué de communiquer avec lui, j’ai senti de sa part un très grand accueil qui m’a fait beaucoup de bien.
“Leur joie de vivre m’a transformé”
Edwin, 23 ans, volontaire 2ème année à l’Arche
J’aime beaucoup la vie en communauté, le travail aux espaces verts. On partage beaucoup avec les personnes handicapées, elles ont beaucoup d’humour ! Elles peuvent faire la même blague à tous les repas, mais cela les fait tellement marrer que finalement toi aussi tu te laisses prendre au jeu. Ce n’est pas avec elles qu’on va déprimer ! Très ouvertes, elles voient toujours le côté positif des choses. Personnellement, ça m’a ouvert. Je suis référent de Vladimir depuis deux ans. Il a 53 ans, il est trisomique. Sa joie de vivre me fait beaucoup de bien.
Je suis arrivé ici après avoir fait un bac S et commencé une licence de mathématiques. Ici j’ai beaucoup découvert sur moi-même. Lors des bilans, on nous dit ce qu’on apprécie dans notre travail. J’ai découvert que j’avais une place dans l’équipe dont je ne me doutais pas. Aujourd’hui, j’aimerais devenir moniteur-éducateur.
“Expérience qui m’a permis de me tourner vers Dieu”
Gaëtan, 24 ans, volontaire en service civique depuis 8 mois
Après un grave accident de moto, j’ai été immobilisé pendant 5 ans. J’ai subi 14 opérations à la jambe ! Reconnu aujourd’hui comme « travailleur handicapé », j’ai voulu m’orienter vers le service à la personne (handicap, personnes âgées…)
Ma mère travaille avec des personnes polyhandicapées. J’ai fait un stage avec elle mais je voulais avoir ma propre expérience.
Je suis à l’Arche depuis huit mois. C’est une expérience enrichissante, qui m’a permis de me tourner vers Dieu. Avant, je ne croyais pas. Cela a changé mon regard.
Je participe à l’atelier de sous-traitance. On accueille en moyenne 25 personnes par jour. Ce n’est pas facile tous les jours. C’est parfois explosif, il y a des débordements, mais elles reviennent toujours pour nous demander pardon !
Qu’est-ce que l’Arche ?
Comment devenir volontaire ?
Quelle est la vie au quotidien ?
Commentaires
A toi la parole.
L’arche est devenue une famille avec des freres et soeur. Le partage qu il on le sens du pardon c est exceptionnel.
Une expérience que he n oublierai pas