“Je suis prêtre et heureux de l’être”

Le père Pierre-Yves Emile, prêtre du diocèse de Séez, témoigne sur le rôle que la pastorale des jeunes a joué dans sa décision de devenir prêtre.

P. Razzo / Ciric

Le bonheur en Dieu est pour moi la première manifestation de ce que j’ai pu vivre grâce à la pastorale des jeunes. Je peux même dire que ma foi s’est enracinée lorsque j’ai fait la rencontre de témoins profondément croyants et profondément heureux. J’avais 13 ans. Je suis parti en pèlerinage en Italie avec des franciscains… surtout pour l’Italie. Et je suis revenu en pèlerin. J’étais transformé par ce que nous avions vécu. Pendant 15 jours, nous n’avions rien, nous dormions à la belle étoile, marchions d’ermitages et ermitages. Et pourtant avec ces disciples du “Poverello”, je n’avais jamais été aussi heureux. Eux-mêmes ont su être des témoins du Christ resplendissants de joie et je ne les remercierai jamais assez.

L’amitié en Christ a aussi été capitale pour moi. A peine revenu d’Assise, je me suis mis à participer à quasiment tout ce qui existait pour les jeunes chrétiens dans ma petite ville d’Alençon. Et là, j’ai pu trouver des amis avec qui je partageais ma foi. Cette amitié vécue avec d’autres de mon âge, unis par Jésus, m’a amené à quitter la paroisse où étaient mes parents pour rejoindre la paroisse où allaient majoritairement ces amis. Les vrais amis de mon adolescence avec lesquels je suis encore en contact aujourd’hui, ceux-là mêmes qui m’ont fait aimer l’Église.

On m’a fait confiance. Ce qui a été déterminant aussi, c’est que très tôt on m’a laissé avoir des initiatives et prendre des responsabilités à ma mesure tout en étant bien accompagné. La première grande aventure a été l’organisation d’un car pour aller à la rencontre européenne de Taizé qui avait lieu à Vienne en 1997. J’étais en début de seconde. Cela a un peu interrogé mes parents, mais ce fut une vraie aventure et un beau défi qui donne envie de s’engager. On m’a fait confiance aussi en me permettant, avec quelques amis musiciens, d’accompagner les chants à la messe avec mon violoncelle. On m’a fait confiance en me demandant d’être co-responsable d’une équipe MEJ (Mouvement Eucharistique des Jeunes). On m’a encore fait confiance en me donnant carte blanche pour organiser un week-end art & foi avec l’aumônerie de l’enseignement public. On m’a fait confiance en me permettant de mettre en place une équipe de lycéens pour l’accueil au presbytère le samedi après-midi,  etc., etc.

L’audace de certains projets a également été importante dans ce que j’ai vécu au sein de la pastorale des jeunes. Je crois que sans elle, je n’aurais pas fait tout ce que j’ai fait. D’abord, j’ai beaucoup voyagé : Rome, Espagne, Toronto, Sydney, Angleterre… Vous me direz peut-être, c’est un peu futile. Mais la vraie audace n’est pas là. J’ai eu des responsables qui ont osé nous parler de Jésus, qui ont osé prier la liturgie des heures avec des jeunes, qui ont osé nous laisser faire des temps d’enseignements ( je n’ai jamais autant appris sur Dieu qu’en préparant des topos). J’ai appris la simplicité de vie, une certaine forme positive de pauvreté par les camps que j’ai faits où nous vivions avec rien. J’ai découvert que ce n’était pas le confort matériel qui rend heureux, mais la charité.

Maintenant, je suis prêtre et heureux de l’être. Pour moi, être prêtre induit de vivre le bonheur en Dieu, l’amitié en Christ, de faire confiance aux personnes et de proposer l’audace de la sainteté. Voila ma route sur les chemins d’éternité !