Dieu est venu lui-même nous dire qui il était

Mgr Patenôtre nous propose une catéchèse pour ce jour de Noël !

Au mois d’octobre, j’ai eu la chance, disons la grâce, de participer au Synode des évêques sur la nouvelle évangélisation. Nous étions 262 venus du monde entier. Benoît XVI était au milieu de nous. Je pensais en moi-même : « Voilà plus de deux mille ans que dure cette aventure ! » Elle a commencé avec un certain Jésus. Avant de se séparer d’eux visiblement, il avait envoyé ses disciples dans le monde entier pour proclamer qu’il était vivant pour toujours, lui qui avait été crucifié. Et voilà que nous étions venus du monde entier, croyant bien qu’il était là au milieu de nous. Le successeur de Pierre nous confirmait dans cette foi.

Tout au long de nos échanges, nous nous sommes redit que le cœur de la foi des chrétiens était cet attachement à Jésus. A la personne de Jésus. Venant d’Asie, des Amériques, d’Afrique, d’Océanie ou d’Europe, tous nous savions qu’être chrétien c’était avoir Jésus pour compagnon de route. Souvent, je me redis cela. Il y a un ami qui marche avec toi sur ta route, c’est Jésus. Il y a quelqu’un dans ma vie, c’est lui. Il n’est pas là comme un surveillant ou un juge, mais vraiment comme un compagnon sur le chemin de ta vie. Il connaît tes joies et tes peines, tes richesses et tes misères. Il ne t’écrase pas, mais il t’invite à aimer. Toute sa vie a été cela : aimer. Il en est mort sur une croix. Le jusqu’au bout de l’amour. Aimer, c’est se donner. On ne se construit bien qu’en se donnant. Si tu te donnes aux autres, tu bâtis sur du solide. Si tu ne penses qu’à toi, tu te détruis. C’est incontournable. Regarde bien.

La grande chance des chrétiens, c’est de savoir que Dieu est venu lui-même nous dire qui il était. Beaucoup de croyants ne savent pas mettre de visage à Dieu. Pour certains, c’est même interdit. Nous, nous croyons que Jésus est le visage humain de Dieu. Il est aussi le visage divin de l’homme. Dans le visage de l’enfant de la crèche, nous croyons que c’est Dieu lui-même qui est là. Dans la grâce qui lui a été faite, Marie est mère de Dieu. Prends le temps de la prière avec elle, elle saura te dire qui est Jésus. Tu penses si elle le connaît bien, elle qui l’a mis au monde !

En prenant chair de notre chair, Jésus a transfiguré l’histoire des hommes. Plus rien n’est simplement humain. Tout est divinisé par son irruption dans notre temps et dans notre espace. Le monde est plein de Dieu. Ton pauvre cœur – qui a tant de mal à aimer – peut recevoir le Souffle de Jésus lui-même pour aimer comme il nous a aimés. « L’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » a écrit saint Paul aux chrétiens de Rome. C’est pour cette raison qu’à Noël, on ne peut que s’ouvrir au partage avec les plus blessés de la vie. Nous n’allons pas regarder un enfant presque nu dans une mangeoire sans nous bouger un peu. Il y a tellement de gens qui ont faim, qui sont nus, malades, seuls, prisonniers ou étrangers. Nous en connaissons tous. Si tu passes à côté d’eux, tu passes à côté de Jésus. N’oublions pas que nous sommes tous frères et que nous n’avons qu’un Père. Tu sais, ce Père qui a tant aimé le monde qu’il nous a donné Jésus.

L’évangéliste Saint Jean a écrit au tout début de son Évangile : « Le Verbe s’est fait chair ». J’aime bien penser que, maintenant, c’est à nous, les chrétiens, de donner chair au Verbe. Comme Marie, au souffle de l’Esprit. Sans lui, nous ne pourrions rien faire. Il faudrait qu’en nous voyant vivre, les gens pressentent qu’il y a vraiment Quelqu’un dans nos vies. Que nous sommes habités par une Présence intérieure. C’est sûr que cela doit naître du dedans. C’est une qualité du regard, un sourire, un accueil, une façon d’être, un certain style de vie, une allure, une proximité, que sais-je ? On reconnaît bien les êtres intérieurs. Ceux qui ont des moments de prière ou d’intériorité. Regardez Jésus. De l’extérieur, ça se voit.

Que grandisse notre relation personnelle à Jésus. C’est tout de même sympathique de faire la fête avec d’autres en sachant pourquoi et pour Qui on la fait ! Belle fête de Noël !

+ Yves Patenôtre, archevêque de Sens-Auxerre, prélat de la Mission de France