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Apprendre des deux côtés du bureau

Publié par jeunescathos le 24 janvier 2013 - Engagements

Aussi connue sous le nom de “Zabou the terrible”, Zabou, en plus d’être blogueuse, découvre cette année le métier de prof de lettres dans un lycée public. Prof et catho ? Elle raconte !

Voilà désormais un peu plus d’un trimestre que je suis professeur stagiaire de lettres dans un lycée public de banlieue parisienne et que je découvre mon métier, découverte qui est loin d’être finie !

Salle de classeMétier prenant mais métier passionnant ! On pourrait croire les textes littéraires arides et le français une matière venue d’un autre âge qui n’a plus sa place aujourd’hui mais, au-delà de la simple culture que nous essayons de transmettre, il s’agit aussi de donner à nos élèves les moyens de mieux s’exprimer et d’acquérir chaque jour un peu plus un esprit critique. Les aider sur le fond, comme sur la forme : c’est ambitieux mais c’est une belle tâche !

Beau métier donc mais métier prenant comme je l’écrivais… Comment y conserver une vie spirituelle dense ?

Depuis septembre, j’ai fait de ma voiture mon oratoire personnel du matin, parfois du soir. Tous les jours, en me rendant au lycée, je prends un petit temps pour prier pour mes élèves et pour prier pour moi aussi, que je sache être témoin de l’amour du Christ auprès d’eux, pour eux, non pas en leur disant ce qui serait outrepasser mon rôle mais en Le vivant et en cherchant à regarder chacun avec bienveillance.

Car, en étant prof, on est tous les jours de plein pied dans l’humanité avec ses grandeurs et ses pauvretés. On connaît une vraie joie à voir des esprits s’éveiller, à transmettre et à aider à grandir. Mais on a aussi la douleur d’être bien souvent confronté à la violence, verbale comme physique : c’est rude et encore plus quand on est inexpérimenté, sans savoir bien comment « gérer » au mieux toutes ces tensions.

Alors la prière se fait pour moi indispensable : elle est même ma marque profonde de « catholicité » au sein d’un lieu où la conception de la laïcité fait toujours débat. Lien vivant avec le Christ, elle nous pousse à enseigner toujours plus les voies du beau et du juste à nos élèves ; elle nous pousse à vouloir qu’ils s’aperçoivent combien ils portent de richesses en eux pour aller plus loin ; elle nous pousse à ce regard de bienveillance qui doit devenir celui du Christ : savoir sanctionner les actes si nécessaires mais aimer profondément nos élèves. Et savoir nous émerveiller de leurs progrès, même minimes !

Être jeune prof catho, c’est donc, sans doute, surtout savoir qu’on a encore beaucoup à apprendre !

Zabou

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Commentaires

A toi la parole.

  1. L. says: janvier 24, 2013

    Je crois que je n’aurais pas fini ma première année d’enseignement si, depuis la salle des profs, on n’eût pas vu la superbe cathédrale d’A—.
    Quel beau métier qui nous permet de rentrer dans une relation avec des jeunes qu’on n’aurait pas su comment aborder dans une autre situation, et sans l’expérience que l’on acquiert entre les murs.
    Et pourtant, il est gâché quand on n’a pas les moyens de faire face à ses nouvelles responsabilités, parce que l’on a jamais appris à gérer un groupe.
    Le Christ, s’il est à la source de ma motivation d’enseignante, m’a peut-être aussi joué un tour à ce moment : il ne s’agit surtout pas de tendre la joue si l’on reçoit des coups ! Il faut savoir s’affirmer et se faire respecter dans sa fonction, même quand au quotidien, on a plutôt tendance à toujours laisser à l’autre une dernière chance, quitte à ne pas penser à ce que prend son ego. Là encore, besoin urgent de formation, puisque l’étudiant lambda arrive sans expérience du rapport à un plus petit que lui, et que nos critères d’actions, nos repères moraux, qui régissent les relations que l’on a l’habitude d’avoir, avec d’autres adultes, ou d’autres jeunes, ne suffisent pas à nous dire comment agir, et notamment comment s’adresser ou répondre à l’élève, et quand il le faut, comment le sanctionner.

  2. de La Garanderie Emmanuel says: janvier 24, 2013

    Encore une fois j aime ta prose et ton regard infiniment soucieux du chemin. Le choix du Christ est bien déterminant dans ta volonté d être avec les autres et pour les autres: alors enseigner peut aussi se dire élever.. C’est bien un choix imparable pour aimer en vérité, et ainsi refuser ce qui est de l ordre de la peur de la violence et de la haine, et en ce sens le risque n’existe pas ! Bon courage!

  3. carmen says: janvier 25, 2013

    Merci pour ton enthousiasme. C’est vrai ce que tu dis, moi aussi j’étais enseignate dans le public. L’environnement n’aidant pas toujours, il nous faut être témoin de l’amour du Crist pas la Justice, par l’Ecoute bienveillante et le respect des élèves et de nous mêmes. Nous aimer nous même nous aide à aimer les autres, nos élèves mais aussi mos collègues pas toujours bienveillant envers nous qui semblos d’une uatre planète. Bon courage et Accroche-toi à la prière.

    • Francescab says: février 10, 2013

      Je ne vois pas en quoi il faut être catholique pour être juste ou bienveillant. Cela va de soi même lorsqu’on est athée quand on est prof. Vous ne croyez tout de même pas c’est l’apanage des catholiques uniquement ? Si ce n’est pas le cas, alors je ne vois pas le lien entre votre catholicité et la justice et la bienveillance dont vous parlez.

  4. Francescab says: février 10, 2013

    J’espère que Zabou se souvient que la laïcité est une règle sur laquelle on ne transige pas en classe…

  5. Roblès Marie Hélène says: mai 2, 2013

    Je témoigne!
    “ma mère elle est prof de philo, mais elle s’est soignée”… c’est ainsi que mes enfants me présentaient!!! 40 ans dans l’Enseignement Public, en plus de mon boulot, la création d’un café philo pour les 4eme-3eme en collège pour un projet d’établissement et 30 ans d’aumônerie de l’enseignement public pour des LP… et toujours vivante! et s’émerveillant encore de ce que peuvent les jeunes où qu’elle soit !
    Tenez bon: ils ont besoin de vous !
    Marie Hélène Roblès

  6. Zabou says: juillet 3, 2013

    Je refais un tour sur cet ancien article en cette fin d’année pour voir l’évolution de mon propre chemin depuis et cela me permet de voir qu’il y a matière à répondre !
    @ Carmen : et merci aussi de ce commentaire ! 🙂

    @Francescab : je n’ai jamais dit que la bienveillance était l’apanage des catholiques et heureusement, ce serait grave pour l’humanité ! 🙂 Je dis que ma foi me pousse, m’encourage en ce sens : à avoir le même regard que le Christ pose sur chaque homme, c’est-à-dire un regard empli d’amour.
    Quant à la laïcité, je ne vois vraiment pas ce qui vous rend si soupçonneuse ? Je ne pense sincèrement pas qu’on puisse me reprocher le moindre de mes gestes ou de mes propos, même en étant très pointilleux : j’y veille moi-même très sérieusement.

    @Marie-Hélène : 😀 ! Merci de tout ce temps donné aux jeunes !

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