« Croire en l’avenir », parcours d’un jeune migrant en France
A l’occasion de la Journée mondiale des migrants le 19 janvier 2014, Jeunes Cathos Blog donne la parole aux jeunes migrants. Lamartine, 36 ans, est haïtien et est arrivé en France il y a dix ans.
Comme tout migrant, j’ai cherché à donner une légalité, un sens, un nom à mon exil.
Ayant dû tout abandonner derrière moi, ma famille surtout, j’ai cherché à retrouver ma liberté et ma dignité.
A corps perdu, je me suis jeté dans les démarches administratives et juridiques pour demander le statut de réfugié : en vain. Les trois refus qui m’ont été opposés s’appuyaient sur un texte de loi.
Et moi, j’étais devenu un clandestin, un sans-papier, un rejet de la loi.
Mon avenir s’écroulait, je voyais la précarité partout et l’instabilité devenait alors mon seul firmament.
Je me sentais seul, isolé, coupé du monde.
Je ne croyais plus en la justice ni au discours des grands barons du monde.
Le feu en moi s’était éteint,
J’étais comme mort à l’intérieur.
Un jour l’Esprit m’a conduit à la paroisse Saint-Hippolyte et ma vie a pris une direction.
L’accueil qui m’a été fait par les femmes et les hommes de cette communauté m’a touché au plus profond de mon être.
Me sentir entouré d’amis m’a donné du sang neuf : comme si j’avais été réanimé, comme si le flambeau de la vie m’avait été passé.
Avec eux, parmi eux, j’ai trouvé la force de croire à mon avenir dans ce pays.
J’ai osé espérer, contre vents et marées.
Il y a cinq ans, j’ai obtenu enfin ma carte de séjour. Précieux sésame qui a changé ma vie mais ma situation demeurait compliquée : il était difficile pour moi de vivre loin de ma petite famille restée en Haïti.
En 2011, par l’intermédiaire de la Paroisse Notre-Dame d’Espérance (11e), j’ai trouvé un logement adapté et un travail décent me permettant d’obtenir l’été dernier, les papiers pour le rapprochement de ma famille.
Et voilà qu’aujourd’hui, je mène une vie nouvelle entouré de mon épouse et mes deux enfants, arrivés en France en septembre.
J’ai trouvé une lumière et plus rien ne m’effraye.
Par cette expérience, j’ai pris conscience que s’ouvrir aux autres est un premier pas vers un monde fraternel, un nouveau vivre ensemble où chaque individu quelle que soit son origine ou son histoire y trouve sa place.
C’est l’autre qui m’a redonné la vie,
C’est l’autre qui m’a fait avancer sur une route où tout est à découvrir.
Dans un pays où pourtant, le migrant est parfois perçu comme un “ennemi”, un “prédateur”, un “bon à rien” qui “vient toucher l’aide sociale”.
C’est pourquoi, chaque jour, je rassemble tout ce qui est bon en moi pour mettre de côté mes idées préconçues et considérer l’autre dans toute son humanité car l’autre, au-delà de ses différences ethniques, sociales, est d’abord une personne.
Lamartine
Lire aussi :
“J’étais un étranger et vous m’avez accueilli”
Dossier sur les migrants sur le site de l’Eglise catholique en France
Dossier sur le site de la Pastorale des Migrants
Commentaires
A toi la parole.
Bravo et un grand merci à cette paroisse .
Puisse telle donner envie à toutes les paroisses de France de faire la Même chose.
bon courage et bonne continuation.