Konrad Adenauer : l'architecte de la réconciliation franco-allemande
L’allemand Konrad Adenauer est considéré comme l’un des pères fondateurs de l’Europe, avec notamment les Français Robert Schuman, Jean Monnet, l’Italien Alcide de Gasperi et l’un des promoteurs avec le Général de Gaulle de la réconciliation franco-allemande. Il est également, de 1949 à 1963, le premier chancelier fédéral de la République fédérale d’Allemagne, considéré comme le « père » de l’Allemagne contemporaine, auteur de son redressement et de son ancrage atlantiste et européen.
Konrad Adenauer naît en 1876 à Cologne en Allemagne. Son enfance est marquée par une éducation catholique stricte : messe dominicale, bénédicité à chaque repas, prières quotidiennes, confession régulière. L’un des frères de Konrad, Hans, est ordonné prêtre et deviendra Prélat de Cologne.
Après des études de droit, Konrad est élu Conseiller municipal de sa ville en 1906, adjoint au maire en 1909 et maire de Cologne de 1917 à 1933. Il profite alors de son statut pour tenir un discours pacifiste à l’égard des anciens « ennemis » européens. Au cours des crises sociales, économiques et politiques qui ébranlent la République de Weimar, il fait montre d’un incroyable dynamisme et d’une grande inventivité en matière d’urbanisme.
En 1933, Adenauer est démis de son mandat par les nationaux-socialistes et, jusqu’en 1945, il subit le harcèlement de la Gestapo et l’incarcération, à deux reprises. A l’issue de la deuxième Guerre mondiale, il œuvre pour la constitution du nouveau parti, l’Union des Chrétiens Démocrates, puis devient Président du Parlement allemand sous cette étiquette politique. L’une de ses premières tâche consiste à rédiger la Constitution de la nouvelle République Fédérale d’Allemagne.
Le 15 septembre 1949, Konrad Adenauer devient le premier Chancelier de la RFA. Il fait alors le constat : « un chancelier doit être à la fois un bon Allemand et un bon Européen ». A cette époque, l’Allemagne est dominée par le régime d’occupation et déchirée par le rideau de fer. Selon Adenauer, seule une entente politique européenne permettrait de redonner à son pays sa souveraineté et son unité.
Le 8 mai 1950, alors qu’Adenauer fait publier un mémorandum d’adhésion de la RFA au Conseil de l’Europe, il reçoit – pourrait-on dire de manière providentielle -, une lettre de Robert Schuman afin de recueillir son accord pour la mise en place de la CECA (Communauté Economique du Charbon et de l’Acier). Il adhère immédiatement à ce projet. « Le plan de Robert Schuman appartient aux rares initiatives qui, après la fin de la deuxième Guerre mondiale, ont donné à l’histoire européenne un visage nouveau, et qui nous laissent à tous l’espoir, que dis-je, la certitude, d’un avenir meilleur » affirme-t-il le 10 mai 1960.
Le 22 janvier 1963, Adenauer signe avec le Général de Gaulle le traité d’amitié franco-allemande dit « de l’Elysée ». A cette occasion, le Général reconnaît, sans ambiguïté, le rôle précurseur de Robert Schuman : « C’est vous qui avez commencé. Et nous avons poursuivi votre œuvre ». Comme Schuman, Adenauer appréhende le christianisme comme fondement du processus d’unification européenne.
En octobre, Adenauer se retire dans sa demeure au bord du Rhin, à Rhöndorf, où il rédige ses mémoires et se consacre à ses deux passions : la pétanque et le jardinage. La pratique religieuse lui procure une véritable force intérieure : « Lorsque je n’en puis plus – car ça m’arrive – je m’isole pour prier. Après, ça va de nouveau »[1].
Il s’éteint le 19 avril 1967 à l’âge de 91 ans entouré de ses sept enfants.
Ghislain Knepper, a travaillé au musée de la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles.
[1] Cité dans « Nouvelliste du Rhône » du 20 avril 1967
Voir aussi :
Dossier sur les élections européennes
L’Europe en 12 questions
Elections européennes : mon vote peut-il changer l’Europe ?
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