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“Vos lèvres sont mes oreilles” : des jeunes sourds aux JMJ

Publié par jeunescathos le 15 septembre 2011 - Événements, JMJ, Vie de l'Eglise

Pour les JMJ 2011, le diocèse de Paris proposait un itinéraire ouvert aux jeunes sourds, animé en LSF (Langue des Signes Française) ; la route rejoignait à Madrid le lieu d’accueil des sourds du monde entier.

Pascal, Tiphaine, Maureen et les autres ont suivi cette route. De retour de Madrid, ils partagent leurs difficultés à vivre leur foi au quotidien et  ce qu’ils retirent de ces JMJ.

« Je me sens souvent isolée »

Plusieurs de ces jeunes témoignent  d’une vraie difficulté à vivre au quotidien leur foi en Eglise et à se sentir intégrés dans la communauté.

Pascal (Aix-en-Provence), explique : « Ne pas comprendre la messe est très frustrant ; c’est une forme d’exclusion qui me contraint à me claquemurer chez moi. »

Sébastien (Sarrebourg en Moselle) confirme : « J’assiste régulièrement aux offices sans pouvoir y prendre « corps » car je n’entends pas les lectures du jour et l’homélie. Le sourd est réduit à une prière personnelle dans son coin. Il aura communié, sa foi ne grandira pas mais s’affaiblira. Ma foi s’est donc un peu édulcorée avec le temps. » Sébastien est sourd oraliste : « Jeune, à l’école des sourds, j’ai appris à parler. Les lèvres de mes interlocuteurs sont mes oreilles.»

« J’avais peur de me sentir exclu des JMJ »

Cette proposition d’une route ouverte aux sourds est apparue à ces jeunes comme une belle opportunité de participer aux JMJ sans se sentir à part et de rencontrer d’autres jeunes parlant la même langue qu’eux.

Maureen (Brest) raconte son expérience de pèlerinages à Lourdes avec de jeunes entendants : « Ces jeunes étaient vraiment sympas ; ils m’aidaient à traduire en écrivant quand on était à l’église. Mais sans LSF, je m’ennuyais. »

Certains, comme Pascal, n’auraient sans doute pas participé aux JMJ sans cet itinéraire : « J’avais peur de me sentir exclu des JMJ, donc de la foi, comme cela aurait été le cas avec les entendants. J’ai l’impression d’être un fardeau pour les valides, ce qui m’a fait choisir le groupe JMJ sourds. »

Cette démarche, procédant d’une volonté de partage plutôt que d’un souhait de s’isoler, n’a pas empêché ces jeunes de vivre des rencontres fortes, comme en témoigne Tiphaine (Lyon) : « On pourrait dire que cela fait ghetto, qu’il faut se mélanger, qu’on avance en terrain connu… et bien pas du tout. Car si nous nous ressemblons sur notre façon de vivre notre handicap auditif, nous ne sommes pas dispensés d’aller à la rencontre et à la découverte les uns des autres. »

« Le barrage de la langue n’existe presque pas »

Des JMJ, ils ont tous des anecdotes fortes à raconter. Comme Tiphaine, touchée par la veillée de prière avec le pape à Cuatro Vientos : « Quand l’orage et la pluie sont arrivés, j’étais dégoutée d’avoir laissé mon pull et mon poncho à l’hébergement. Ma voisine, aussi frigorifiée et trempée que moi, regardait le pape à l’écran et m’a dit tout à coup : « On va tenir bon, on ne va pas l’abandonner ! ». (…) J’espère pour l’avenir que dans les moments de doute et de trouble, je saurai faire jaillir de mon cœur ces paroles pour Jésus : je ne vais pas t’abandonner. »

Sébastien, lui, a été marqué par le caractère international des rencontres : « Pour les sourds du monde entier, le barrage de la langue n’existe presque pas. Ils se comprennent et se font comprendre par des signes ou des mimes. C’était un grand moment de partage, d’unité, d’aide, de fraternité … »

Marie et Florent, accompagnateurs d’Alexandre (Nancy), témoignent qu’il était heureux « d’enfin rencontrer de jeunes catholiques qui parlaient la même langue que lui, de pouvoir se confesser auprès d’un prêtre qui le comprenne, de pouvoir vraiment suivre la messe, et de rencontrer des jeunes catholiques du monde entier avec lesquels il puisse communiquer. »

« La foi ne peut pas se vivre seul »

Tous, ils reviennent des JMJ avec une volonté de pouvoir vivre leur foi en Eglise. « J’ai envie d’une meilleure technologie pour une meilleure intégration des personnes sourdes dans la société mondiale, explique Pascal, pour que nous puissions vivre en toute quiétude avec le même Dieu. Il faudrait équiper les paroisses pour les sous-titrages lors des messes ainsi que de boucle magnétique pour pouvoir partager la foi qui ne peut pas se vivre seul. »

Au-delà d’une meilleure accessibilité des messes, ce sont des temps de partage que Sébastien souhaite : « Pour alimenter ma foi, il me manque des échanges, des moments spirituels tels que les catéchèses des JMJ. »

A peine rentrés, plusieurs d’entre eux sont d’ores et déjà bien décidés à se rendre aux JMJ 2013 à Rio pour renouveler l’expérience.

Pascal, Sébastien, Maureen, Tiphaine, Marie et Florent

 

Le groupe après une catéchèse à l’école des sourds de Madrid

Liens utiles

Les témoignages complets sur le site du diocèse de Paris
Blog international des jeunes sourds aux JMJ (en espagnol)
Pastorale des sourds et malentendants à Paris

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