Qui est Pierre Favre, récemment déclaré saint par le pape François ?
Pierre Favre, jésuite, a été canonisé par le pape François le 17 décembre 2013, mais qui est-il ? Eclairage du p. Jacques Enjalbert, jésuite et aumônier de Sciences Po Paris.
Pierre Favre est né le 13 avril 1506 au Villaret, un petit village de Savoie où, enfant, il garde les bêtes. Mais à 19 ans, c’est un jeune homme avide d’apprendre qui rejoint Paris. Au collège de Sainte Barbe, il loge avec François-Xavier et Ignace de Loyola et tous trois se lient d’amitié. Saint Ignace, en Espagne, a déjà fait l’expérience profonde de Dieu qu’il a mise en forme dans un livret, les Exercices Spirituels, afin d’aider d’autres à chercher et trouver le Seigneur dans le concret de leur existence.
Pierre est un jeune homme hypersensible. Il est comme abandonné au vent de tous les désirs. Agité de joies et d’angoisses soudaines, sa vie intérieure est pour lui une succession de sentiments incontrôlables et dépourvus de sens. Ignace l’ouvre alors au discernement des esprits, lui apprend à repérer ce qui vient du Seigneur et ce qui n’en vient pas, à découvrir en lui-même la volonté de Dieu. Par là, peu à peu sa vie s’oriente et s’unifie : il peut enfin choisir de se donner comme prêtre à la suite de Jésus-Christ. Le voilà lancé !
Autour d’Ignace, ils sont bientôt six hommes qui partagent ce même désir. Le 15 août 1534, Pierre célèbre la messe à Montmartre pour le groupe et chacun fait vœu de rester ensemble pour vivre dans la pauvreté, la chasteté et travailler au salut du prochain. Un projet s’ouvre : la Compagnie de Jésus (les jésuites), qui est fondée à Rome en 1539.
Très vite, les compagnons sont alors dispersés, selon les missions que le Pape leur confie. Pierre commence une vie de missionnaire et de théologien, parcourant l’Europe en pèlerin. Il enseigne, prêche, confesse, converse avec grands et petits et donne les Exercices Spirituels, tâchant de réconcilier par une vie plus évangélique les chrétiens qui se divisent entre catholiques et protestants.
C’est sa grande douceur, sa manière d’aimer et de reconnaitre le bon chez chacun qui donnait à Pierre Favre de gagner à Dieu les cœurs de ceux avec lesquels il conversait. Cette douceur, il la puisait dans une vie de prière continuelle, devenue amitié avec le Seigneur au cœur de l’action : dans tout ce qu’il vivait, il était attentif aux mouvements intérieurs de son âme et demeurait ainsi en dialogue constant avec le Très Haut.
Envoyé comme théologien au concile qui devait s’ouvrir à Trente, il arrive à Rome et y meurt de fatigue le 1er août 1546. Jusqu’au bout, Pierre aura su reconnaître et bénir ce Seigneur qui creuse mystérieusement, par la douceur et la miséricorde, son chemin dans les profondeurs de nos cœurs et les divisions de l’histoire.
P. Jacques Enjalbert, s.j., aumônier de Sciences Po Paris
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