Pape François : un an déjà !

Publié par jeunescathos le 13 mars 2014 - A la Une, Événements, Vie de l'Eglise

Il y a un an, le pape François était élu. Les yeux du monde entier étaient rivés sur le balcon du Vatican d’où le successeur de Benoît XVI, à la surprise de tous, décidait de s’abaisser pour être béni par la foule. A cette occasion, Jeunes Cathos blog publie deux témoignages, tout droit venus d’Amérique du Sud. Horacio, 28 ans, est chantre à la cathédrale Primada de Buenos Aires. Il y croisait souvent l’ex- cardinal Jorge Maria Bergoglio et se souvient particulièrement de la dernière messe célébrée avec lui avant qu’il ne s’envole pour Rome. Et Victor-Hugo est un jeune jésuite du Pérou, en mission auprès des jeunes catholiques.

Je travaille à la principale cathédrale de Buenos Aires, où je chante et dirige la chorale pour les liturgies. J’y croisais souvent l’ex cardinal Jorge Mario Bergoglio à la sacristie. Mon souvenir le plus fort, certainement parce que c’est la dernière fois où je l’ai vu, est la messe qu’il a présidée pour le conseil de l’enseignement catholique le jeudi avant qu’il ne prenne l’avion pour Rome le mardi suivant. Je me souviens avoir brièvement discuté avec lui et le recteur de la cathédrale. Nous lui avons dit au revoir, lui souhaitant un bon retour et que son voyage se passe bien. Il n’y a pas eu d’ « envoi » à proprement dit. Le cardinal allait prendre sa retraite à Buenos Aires. Nous pensions tous qu’il aurait alors plus de temps pour aller visiter les gens, les bidonvilles, ce qu’il aimait beaucoup faire. Mais Dieu avait pour lui un autre plan !

J’imagine qu’il savait qu’il y avait pour lui une possibilité d’être élu, mais à mon avis, ça ne l’effrayait pas. C’est un homme de foi, sa confiance en Dieu n’est pas partielle mais pleine et absolue.

Nous l’avons déjà beaucoup entendu à travers les médias mais c’était réellement quelqu’un de très simple. Il ne mettait aucune distance entre lui et les gens. Bien que ce soit une personnalité importante dans le pays, je le croisais parfois dans le métro et il me demandait comment ça allait, ce que j’allais faire dans la journée… Plutôt que célébrer à la cathédrale, il préférait visiter les paroisses, les communautés religieuses et les quartiers pauvres …

Election pape François - bénédiction - recadrée - ciric- giancarlo giuliani

Son élection a été pour nous un moment très fort. Ce n’est pas si souvent qu’un pape nous est si proche ! On s’attendait tous à ce que ce soit quelqu’un d’autre, un européen, mais à la fois, nous avions le pressentiment qu’il pouvait être élu. C’est comme une certitude que « quelqu’un » d’autre met à l’intérieur de toi. C’est lui, en train de parler au monde entier, lui que nous avions tous croisé au moins une fois dans le métro, le bus, à la cathédrale… Il n’y a pas de mot pour dire la joie que nous avons ressentie au moment où nous avons entendu son nom, ce moment où le monde rencontrait pour la première fois un cardinal argentin élu pape !

Dès qu’on a su qu’il était élu, tout le monde s’est dirigé vers la cathédrale. Deux messes ont été célébrées cette nuit-là. J’ai chanté depuis l’orgue principal, en hauteur dans la cathédrale. Ce que j’ai vu était très émouvant : la cathédrale était pleine à craquer, tous n’arrivaient pas à entrer, ce qui est tout à fait inhabituel, la cathédrale étant immense…

Ici, en Argentine, son élection depuis un an a réellement ‘boosté’ notre foi si timide. Je me souviens du jour de son élection quand j’étais dans le métro, des jeunes parlaient du cardinal devenu pape, de leurs activités en paroisses … Cela a été comme une explosion de foi ! Mais cela ne durera pas si nous ne travaillons pas à raviver la foi dans nos paroisses, nos familles, et en nous-mêmes. Penser au pape est finalement anecdotique, ce qui importe est ce que nous allons faire maintenant, en mettant au service les talents que le Seigneur nous a donnés. Le pape François est pour moi un « choisi de Dieu », non parce qu’il est spécial, mais parce qu’il laisse Dieu travailler en lui et à travers lui. Son appel nous rappelle que nous sommes tous des « choisis de Dieu » et nous avons tous à nous ouvrir au travail de Dieu en nous et à travers nous.

Horacio Badano

L’élection du pape François a été très bien accueillie en Amérique du Sud, notamment chez les jeunes. Ils sont très fiers d’un pape qui parle espagnol, qui a un sens de l’humour compréhensible par les jeunes de cette région et qui connait la réalité de nos pays, lui qui a été si proche des plus démunis de nos sociétés lorsqu’il était cardinal en Argentine.

La visite du pape au Brésil pour les Journées Mondiales de la Jeunesse a été aussi vécue comme une grâce pour les jeunes, à qui il a rappelé leur place dans l’Eglise et l’importance d’être ouverts à la grâce de Dieu.

De mon côté, en tant que jeune jésuite, j’ai été vraiment surpris. On ne s’attendait pas du tout à l’élection d’un pape jésuite ! C’était tout nouveau de parler d’un jésuite à la tête de l’Eglise !

Mais François a beaucoup fait au long d’une année pour changer l’image de l’Eglise. Plusieurs personnes, particulièrement les jeunes, se sentent plus proches de ce pape qui leur parle de leurs problèmes, qui se montre humble dans ses paroles et ses actions, un pape qui agit avec compassion envers les plus pauvres, envers les rejetés de la société, qui dit qu’il ne faut pas juger les homosexuels, qui demande aux prêtres d’accueillir les divorcés remariés, qui vit lui-même avec une simplicité toute nouvelle au Vatican.

Cela nous donne de l’espérance pour l’avenir, à nous tous qui voulons une Eglise plus proche des gens.

Comme jésuite, je reconnais des traces de la spiritualité d’Ignace de Loyola chez François, la place centrale de Jésus dans son discours théologique, une fidélité créative à l’Eglise et le désir d’aller à la périphérie, là où il y a plus de nécessité d’une Eglise pauvre, humble et pleine d’amour.